vendredi 31 décembre 2021

Lire à haute voix

On me signale la fiche suivante: https://catalogue.apidv.org/index.php?lvl=notice_display&id=11931. J'en suis très fier. La Bataille des radios libres figure donc désormais au catalogue de l'apiDV (association "Accompagner, promouvoir et intégrer les déficients visuels", ex-"Groupement des intellectuels aveugles"). Je remercie la personne qui s'est chargée d'en lire des extraits.

Je serais d'ailleurs curieux de connaître le ou les passages choisis, puisque l'enregistrement dure 14 minutes et 47 secondes. Mais la seule existence de ce document sonore suffit à me réjouir en cette fin d'année. 

J'ai terminé hier un texte d'un peu plus de 20.000 signes, très curieux, qui sortira en 2022. J'aime cet état de transe par l'écriture qui m'évite de prêter attention aux contingences inutiles et au babil de mes contemporains. Je crois que c'est une manière d'exorcisme et cela dure depuis près de quatre décennies. Il faut que je trouve vite une autre idée pour escamoter, une fois encore, le 1er janvier.

mercredi 29 décembre 2021

La carte (bleue) et l'écouvillon

Je ne connais rien de plus pénible que le 31 décembre, en dehors peut-être du 1er janvier et des trop nombreux jours qui les précèdent. J'ai chaque fois l'impression qu'une partie de mes contemporains "disjonctent", s'agitant à hue et à dia, saisis de pulsions consuméristes et de grégarisme paradoxal. Tout cela parce que Jésus aurait perdu un bout de prépuce un 1er janvier, si j'ajoute foi à la fable. On croit rêver.

Cette année est sans doute la pire de toutes. Je n'en reviens pas de voir mes semblables s'agglutiner devant les pharmacies en cohortes de morts-vivants hallucinés, comme ils doivent sans doute le faire aux caisses des supermarchés et des "événements" aussi tapageurs que futiles. Je ne sais pas ce qu'on leur met dans l'écouvillon, mais cela vire à l'addiction.

Oui décidément, "tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre". Je retourne donc à mes rêveries et à mes gribouillages.

vendredi 24 décembre 2021

Au pied de la tour

Revoilà le temps des "fêtes" et son cortège d'agitations. Toutes et tous déclarent vouloir changer de mode de vie, et certains même aspirent à "sauver la planète". Mais rien ne change... absolument rien. Chaque année ressemble à la précédente, on se contente de retourner la clepsydre d'où s'écoulent toujours plus de factice et de banalité. Les simulacres ont décidément la vie dure.

Ces derniers temps, je me régale de Vialatte. Le 26 juillet 1930, il écrivait à son épouse Hélène: "Il me semble par moments, en songeant au temps perdu, que je viens de laisser tomber dans l'eau je ne sais quoi de très précieux qui file sous mon nez sans que je puisse aller le chercher." 

Il y a deux jours, nous étions deux en haut de l'île quasi déserte ci-dessous, à dix minutes à peine de Clermont-Ferrand... Merci la vie pour ce beau mirage!


Photo : Thierry Lefebvre.


samedi 11 décembre 2021

Bronski/Amsterdam

Les médias m'apprennent la mort de Steve Bronski (1960-2021). Ne reste désormais plus du légendaire trio Bronski Beat que Jimmy Somerville. C'est peu dire que cette nouvelle m'a fait de la peine.



Steve Bronski (à droite) dans le clip Smalltown Boy (1984)

Je me rappelle comme si c'était hier du moment où j'ai entendu pour la première fois Smalltown Boy, chanson historique s'il en est. C'était dans un disquaire à Amsterdam courant 1984. Depuis, cette mélodie, ces paroles et cette voix inouïe ne m'ont jamais quitté. Un moment de la conscience humaine...


J'avais le même maxi 45T...

vendredi 10 décembre 2021

L'homme qui ne dit jamais merci

C'était le 7 décembre 2021 dans The Conversation. Avec Sebastien Poulain, nous y avons commis un petit texte richement illustré afin de célébrer, à notre manière, la loi de novembre 1981 portant "dérogation" au monopole d'État de la radiodiffusion. On peut le consulter à cette adresse: https://theconversation.com/radios-libres-retour-sur-le-big-bang-de-la-democratisation-mediatique-171377



En image de tête, on reconnaît le génial Michel Fiszbin (alias Robert Lehaineux, "l'homme qui ne dit jamais merci"), véritable chef d'orchestre des débuts tonitruants de Carbone 14. Je l'avais rencontré pour la première fois le 11 juillet 2001, dans un étrange bureau situé non loin de France Télévisions. Homme sympathique au regard pétillant, qui n'avait pas sa langue dans sa poche. Ça me fait penser que cet entretien reste inédit, comme des dizaines et des dizaines d'autres. Il va falloir que je trouve un dispositif pour pérenniser tous ces témoignages.


À côté de Michel Fiszbin, à l'occasion d'une soirée mémorable organisée par l'Ina à la BnF le 30 janvier 2012.


Cela dit, il n'y a pas que les radios libres dans la vie, même si le sujet m'amuse. Je suis déjà suffisamment "étiqueté" par mes collègues universitaires, qui sont eux-mêmes de vrais code-barres ambulants. Le prochain bouquin qui m'a été commandé parlera d'autre chose. Je m'amuse d'ailleurs à le composer. Rendez-vous autour de l'été 2022, si Brahmā me prête encore vie.

lundi 6 décembre 2021

Le regard de Louis Chedid

"Flashback, tu regardes en arrière
Toutes les choses que t'as pas pu faire.
Tu voudrais disparaître dans le rétroviseur,
Mais personne n'a jamais arrêté le projecteur." 
(Ainsi soit-il, 1981)

Je ne suis pas prêt d'oublier ce "check" et ce regard échangé avec Louis Chedid durant son dernier concert. Petite joie singulière...

Merci cher poète pour toutes vos mélodies et paroles!

samedi 4 décembre 2021

J'y étais

J'ai retrouvé dans mes archives une mauvaise photocopie d'un article publié en juillet 1986. Une des photographies l'illustrant est reproduite ci-dessous. Elle a été prise le 21 juin 1986 dans la Cour d'Honneur du Palais Royal par un photographe dont j'ignore le nom, à l'évidence depuis la Galerie des Proues. J'y reconnais de gauche à droite, enchaînés aux colonnes de Buren: Stéphane L. et Nad B.; moi-même (montrant un document, très probablement à l'attention d'un autre photographe) et Delphine M.-J.-G.; un policier débonnaire, de dos, qui devise avec Delphine;  Jules P. et, caché en partie par ce dernier, Alain D.



Photographe inconnu. Qu'il se fasse connaître s'il est encore de ce monde !


J'ai vérifié: les colonnes de Buren n'ont été formellement inaugurées que le 30 juillet 1986 par le ministre de la Culture et de la Communication d'alors, François Léotard. On repère d'ailleurs sur le cliché quelques traces persistantes du chantier.

J'ai tenté de prendre récemment une photographie sous le même angle. "Ma" colonne se trouve à droite, il faudrait y projeter mon hologramme. Je fus donc un des premiers à me frotter le dos au marbre des Pyrénées du cultissime "Deux Plateaux".



Photo : T. Lefebvre (octobre 2021).


Plaisant souvenir !

vendredi 26 novembre 2021

Alors, raconte

Mardi, je diffusais pour les étudiants de ma toute dernière promo -et pour eux seuls- un court-métrage (jamais montré jusqu'alors), que j'avais réalisé, avec les moyens du bord, il y a plus de quinze ans.

J'ai été surpris par leurs réactions très positives, leurs rires et leurs commentaires. Je pense que j'ai raté ma vocation...

En tout cas, ce film et tous les événements extraordinaires qui l'ont entouré, mériteraient assurément d'être contés. Je vais m'y atteler.

Comme l'écrivait Maurice Leblanc dans Les Huit Coups de l'horloge, "la vie ne vaut d'être vécue qu'aux heures d'aventures, aventures des autres ou aventures personnelles". Tout le reste dégage une triste odeur de formol.







mardi 23 novembre 2021

Retour aux sources

Cela faisait quatre ans que je n'étais pas revenu à France Culture. Autant dire que je me morfondais un peu. "Revoir Culture et puis mourir", comme aurait pu l'écrire Thomas Mann... J'ai en effet grandi à l'écoute des "Nuits magnétiques". Et je fus invité pour la première fois à la Maison de la Radio en janvier 1983 (j'étais bien minot à cette époque!), dans le cadre du "Cinéma des cinéastes", l'émission culte de Claude-Jean Philippe.

Ce matin, je me trouvais donc dans "Le Cours de l'Histoire" de Xavier Mauduit, en compagnie de la sympathique Céline Loriou, doctorante à l'Université Paris 1-Panthéon Sorbonne.


Avec Xavier Mauduit. Photo: Céline Loriou.


Je reviendrai prochainement sur les extraits judicieux diffusés au cours de cette émission (il faut que je les réécoute). En tout cas, l'un d'eux m'a fait particulièrement plaisir: on y entend Jean Ducarroir, l'"aventurier des radios libres".

On peut écouter l'émission à cette adresse: https://www.franceculture.fr/emissions/le-cours-de-l-histoire/a-vous-les-studios-une-histoire-de-la-radio

mardi 9 novembre 2021

Profession : urgentiste

Ce 9 novembre 2021, c'est le quarantième anniversaire de la loi qui amorça la libération des ondes. Il y a donc pas mal de friture sur ma ligne.

Tel ce message électronique envoyé à mon attention à 11h16: "Urgent / France Info / Demande d'interview. Bonjour, j'aimerais vous avoir en ligne en direct à 13h40 ce mardi au micro de XY sur notre antenne radio. Notre sujet: les 40 ans des radios libres. Serait-ce possible pour vous?"

Signé XX.

L'urgence (je croyais ce mot réservé aux hôpitaux), partout et toujours! même aux heures de mes cours!... Ce fut donc raté. 

Pas de doute, avec les médias, il faut être toujours être prêt à "urgenter". Une opportunité pour les désœuvrés, quoi...

D'autres s'y prennent heureusement à l'avance, on en reparlera sous peu. En tout cas, je m'amuse bien ces derniers jours.

Rien à voir, quoique... Lu cette phrase de Thomas Mann dans La Mort à Venise: "Qui est hors de soi ne redoute rien tant que d'y rentrer." Ça, c'est tellement vrai!

vendredi 5 novembre 2021

Écrire, c'est mettre un mot devant l'autre

Durant les travaux, les publications continuent...  

1) Comment fut très concrètement fabriqué un ouvrage de Sébastien Blaze, toujours très prisé des bibliophiles. Avec des lettres inédites d'Émile Deléage et Marie-Louise Pailleron... 

Référence: Thierry Lefebvre, "Construire un livre. Dans l'“atelier” des Pharmaciens Bibliophiles", Revue d'histoire de la pharmacie, n° 412, décembre 2021, p.493-508.



2) La construction et le devenir de l'ancien siège français du laboratoire GlaxoSmithKline (GSK)...

Référence: Cécile Raynal, Thierry Lefebvre, "Les laboratoires pharmaceutiques Glaxo/GSK à Marly-le-Roi (1991-2017)", Marly Revue, 2021, p.80-88.



3) Le cinéma et la science pendant les années 1910...

Référence: Thierry Lefebvre, "La cinématographie de l'invisible", in Laurent Véray (dir.), Ils y viennent tous... au cinéma! L'essor d'un spectacle populaire (1908-1919), Paris, Le Passage, 2021, p.202-205.



4) Un texte sur les radios locales non signalé...

Référence: Thierry Lefebvre, "Locales par défaut?", in Thierry Lefebvre, Sebastien Poulain (dir.), Les Radios locales: histoires, territoires et réseaux, Paris, L'Harmattan/Ina, 2021, p.41-51.




5) À propos de l'adaptation cinématographique des Hommes en blanc d'André Soubiran...

Référence: Thierry Lefebvre, "“La Pharmacie a avalé Homais et Bézuquet”. Deux lettres de Pierre Rolland et Jean Hourticq", Revue d'histoire de la pharmacie, n° 412, décembre 2021, p.553-559.


6) Une conférence en ligne du CTHS: "Qu'entend-on par “bande FM”?"

À la fin de la causerie, interventions croisées de Pierre Mounier-Kuhn, Évelyne Barbin, Robert Belot et Arnaud Hurel.




"Qu'entend-on par “bande FM” ?"
Fête de la science 2021.

lundi 1 novembre 2021

Souvenir

Je me souviens de Suzanne Freitag (du groupe Propaganda) récitant ce poème magnifique de Poe au milieu des années 80. Combien de fois l'ai-je écoutée et réécoutée?



Bien des décennies sont passées, mais la question demeure inchangée: "Tout ce que nous voyons ou paraissons, n'est-il qu'un rêve dans un rêve?", comme l'a traduite Stéphane Mallarmé.



Propaganda, Dream within a Dream (1985).

vendredi 29 octobre 2021

Duchamp pharmacien

Comment Marcel Duchamp s'y est-il pris pour ramener de l'"air de Paris" à son mécène et ami Walter Arensberg? Vous le saurez en regardant et écoutant cette visioconférence du Comité des travaux historiques et scientifiques, enregistrée à l'occasion de la Fête de la Science 2021. 

Avec, en fin d'exposé, les interventions de Robert Belot et Arnaud Hurel.

Merci à Francine Fourmaux et Agnès MacGillivray.




mercredi 13 octobre 2021

Work(s) in progress

Pour rappel : Les Radios locales: histoires, territoires et réseaux (L'Harmattan/Ina, 2021) est sorti.

L'ouvrage que nous avons codirigé avec Sebastien Poulain débute sa carrière à l'approche du quarantième anniversaire de la loi n° 81-994 du 9 novembre 1981, qui ouvrit officiellement les "vannes" d'une modulation de fréquence jusqu'alors bien corsetée en France. L'ami Sebastien en parle dans cette petite vidéo.



Je travaille actuellement de front sur trois (voire quatre) projets d'ouvrage que je souhaiterais boucler d'ici un an au plus tard. C'est sans doute un peu trop, mais l'essentiel est déjà prêt dans ma tête et parfois sur le papier. L'un d'eux est particulièrement périlleux. Mais plus je vieillis, plus j'apprécie les gageures. Rien de pire que le rabâchage!

À suivre donc..

mercredi 29 septembre 2021

Fête de la science

À l'occasion de la prochaine Fête de la science, la section "Sciences, Histoire des sciences et des techniques et Archéologie industrielle" du Comité des travaux historiques et scientifiques (CTHS) propose un cycle de courtes conférences en visio ce samedi 2 octobre (10h-12h15, puis 14h-17h).

Le programme se trouve à cette adresse: https://www.fetedelascience.fr/venez-faire-de-l-histoire-des-sciences-et-des-techniques (les conditions d'accès sont indiquées au bas de la page).

J'y causerai en particulier de la "bande FM" et d'un ready-made de Marcel Duchamp.

Autres interventions: Évelyne Barbin sur Émilie du Châtelet; Robert Belot sur la Fête de l'Atome à la Libération; Marc Durand sur le cinématographe Lumière; et Pierre Mounier-Kuhn sur les "tribulations de l'informatique" et Alan Turing.

vendredi 24 septembre 2021

Paul Quilès radiopirate

Le 2 octobre 2002, il y a donc près de dix-neuf ans, je rencontrais Paul Quilès à l'Assemblée nationale pour évoquer l'"affaire" Radio Riposte, dont il avait été le principal instigateur avec le sénateur Bernard Parmantier.

En 2019, l'ancien ministre m'autorisait à reproduire le contenu de cette émission historique dans mon ouvrage François Mitterrand pirate des ondes.



Élections municipales de 1983.


La voix de Paul Quilès lançait l'émission de juin 1979 comme suit: "Bonsoir. Ici Radio Riposte, la radio des socialistes de Paris. Vous allez entendre une émission de radio libre présentée, préparée par les socialistes de Paris. Si en cours d'émission, comme nous le craignons, nous sommes brouillés, vous pourrez nous retrouver en tournant le bouton de votre poste légèrement à droite ou légèrement à gauche. J'ai à côté de moi, ce soir, François Mitterrand, qui a tenu à être présent pour cette première émission de radio libre des socialistes de Paris. François Mitterrand, une émission de radio libre à Paris: pourquoi?"

La suite en cliquant sur ce lien: http://www.editions-glyphe.com/livre/francois-mitterrand-pirate-des-ondes-laffaire-radio-riposte/

jeudi 23 septembre 2021

Vies écourtées

C'était quelques mois avant ma troisième vie. Le 9 mai 1995, il y a donc plus de 26 ans, je jetais ces quelques lignes sur une feuille de papier que je viens de retrouver par hasard:

"Deux de nos patients viennent de mourir, presque coup sur coup, au troisième étage de l'hôpital. Ils s'appelaient Hervé B. et Didier P.. Ils étaient parmi nos plus anciens patients, homosexuels tous les deux, victimes expiatoires d'une maladie sans pitié: le sida. Hervé B. était un peu plus jeune que moi. Cet ancien travesti, vendeur dans un grand magasin, hantait les couloirs de l'hôpital depuis plus d'un an. Sympathique, affable, balançant entre humour et résignation, il a été vaincu par un cytomégalovirus invasif qui l'avait rendu tétraplégique il y a quelques semaines. Didier P., plus âgé d'une vingtaine d'années, a succombé à un sarcome de Kaposi qui lui dévorait le visage depuis plusieurs mois. Il y a deux semaines environ, sa sœur, que je ne connaissais pas, une femme blonde très digne mais au bord des larmes, était venu prendre ses médicaments. Nous avions échangé sur l'hypothétique vaccin, sur le remède miracle qu'on évoque toujours en pareilles circonstances. Le 8 mai, les deux hommes nous ont quittés prématurément, la conscience embuée par une cocktail de morphiniques."

Puis j'égrenais la litanie des amis et connaissances disparus: Olivier M. (mort à 29 ans), Bertrand G. (mort à 42 ans), Bruno C. (mort à 37 ans), Michel M. (mort à 35 ans), Pierre J., qui aurait dû encadrer ma thèse (mort à 46 ans), Alain M. (mort à 50 ans). Et tant d'autres.

Et dire qu'il y en a qui se plaignent... 

Je préfère déchirer ce vieux papier, mais je ne vous oublie pas. Je sais qui se cache derrière vos initiales.

mercredi 15 septembre 2021

Digest indigeste

On m'a signalé l'émission "Affaires sensibles" de France Inter, consacrée ce jour à Carbone 14. Je viens d'écouter la chose en replay.

Finalement, ce n'est pas compliqué le métier de journaliste: il suffit de recopier des passages d'un livre vieux de près de dix ans, en se contentant d'en modifier un mot ou deux, puis de déstructurer l'ensemble à la seule fin (sans doute) que les auditeurs n'en retiennent (au mieux) que le superflu. 

Je ne peux pas m'empêcher de retranscrire le début de l'émission:

"Le 11 septembre 1981 paraît, dans la rubrique Chéri(e) du journal Libération une petite annonce ainsi formulée: Radio dite libre cherche animateurs ou animatrices pour s'en payer une tranche horaire, prix en fonction de la pub ou pas. D'ici-là, délire à gogo et à l'œil. Si tu as des idées originales et pas mal de temps libre, appelle Gérard. Message suivi d'un numéro de téléphone bien sûr.

[...] La date à laquelle Fenu publie l'annonce, le 11 septembre, n'est pas due au hasard. Deux jours plus tôt en effet, Georges Fillioud, nouveau ministre de la Communication, a présenté en Conseil des ministres son projet de loi mettant fin au monopole d'État de la radiodiffusion. Une réforme très attendue par les animateurs de radios libres et une partie de l'opinion publique [...]."

On comparera avec le début de la page 14 dudit livre...




Tout le reste est du même acabit. Droits d'auteur, connais pas à France Inter!

Je rappelle par ailleurs que le sous-titre du livre est Légende et histoire d'une radio pas comme les autres. C'est assez clair, non?



L'instrumental de L'Éléphant de The Tom Tom Club, générique de "Poubelle Night".


dimanche 12 septembre 2021

11 septembre 2001

Je suis loin d'être le seul dans ce cas, mais je me souviens parfaitement de l'instant où les images du 11 septembre 2001 ont fait irruption dans mon quotidien. J'en ai même gardé une trace audio.

Je m'étais rendu ce jour-là, vers 17h, au siège de la société de Thomas Sertillanges, avenue du Colonel-Bonnet dans le XVIe arrondissement. Cet homme charmant venait d'évoquer la première époque de Génération 2000, qui s'était achevée en 1978 par la saisie de cette radio pionnière et un injuste procès, lorsque, soudain, son secrétaire fit irruption dans son bureau, l'air préoccupé:

"Je suis désolé de vous interrompre, mais il y a une nouvelle absolument dingue qui vient de se produire. Apparemment, il y a deux avions qui se sont scratchés sur le World Center à New York."



Je coupai le magnétophone qui enregistrait jusqu'alors notre paisible entretien et nous passâmes dans la pièce contiguë où un poste de télévision diffusait en boucle les images des tours en feu, puis, en différé, l'encastrement d'un Boeing dans l'une d'elles. Je me souviens de notre sidération, mais surtout de notre incompréhension. Moi surtout, qui n'avait pas de télévision à cette époque (je n'en ai toujours pas) et qui était par bonheur désaccoutumé de cette "visagéité vide" du petit l'écran (pour reprendre la formulation de Guattari).

Je dois le reconnaître, je n'ai rien compris à ce qui se passait et, par la suite, les théories les plus fumeuses m'imbibèrent comme une éponge ratatinée, sans jamais m'imprégner définitivement fort heureusement. C'est dans ces moments-là qu'on se sent réellement stupide.

Quelques minutes plus tard, nous reprîmes notre conversation comme si de rien n'était, puis Thomas Sertillanges me dédicaça son bel ouvrage, La Vie quotidienne à Moulinsart. Je le garde précieusement, comme un talisman contre l'absurdité du Monde et l'ignominie diabolique de ses metteurs en scène. 

samedi 4 septembre 2021

Dérive urbaine

Ainsi donc, l'"immeuble Tati", situé à l'angle des boulevards Barbès et Rochechouart, va être réhabilité: bureaux, hôtel, logements, commerces, etc. Bref, le biotope habituel de l'homme moderne.



Photo Wikipedia : J. Menjoulet.


J'ai beaucoup fréquenté ce lieu durant l'automne-hiver 1985. Non pas le magasin proprement dit, où la clientèle trouvait des marchandises à vil prix, mais un studio provisoire de Radio Ici & Maintenant qui occupait une infime partie d'un immense appartement aux trois quarts vide, situé (je crois me souvenir) au quatrième étage. C'est Fabien Ouaki, un des fils du fondateur de Tati et formidable animateur de surcroît, qui avait fourni ce curieux emplacement.

On entrait par le 2 boulevard Rochechouart (il y avait un digicode), on montait, quelqu'un venait ouvrir (souvent l'animateur lui-même), on traversait des pièces désertes. La table de mixage et le "studio" étaient installés à l'angle des boulevards Barbès et Rochechouart.

Je me souviens de nuits passées à produire des émissions dans ce lieu étrange. Souvent, à l'occasion d'une plage musicale ou d'une intervention d'auditeur, je m'amusais à faire pivoter mon fauteuil et plongeais mon regard sur ce mythique carrefour Barbès: le métro aérien, qui finissait par cesser ses va-et-vient vers une heure du matin, les anciens magasins Lévitan et, à l'arrière-plan, le Louxor qui faisait office à l'époque de boîte de nuit... Atmosphère hautement poétique que je n'oublierai jamais.

J'y rencontrais pour la première fois Catherine Pelletier, alias Supernana (1954-2007), alors en bisbille avec la direction de la radio et qui cherchait à remonter Carbone 14.

C'est amusant, le souvenir... Ce "présent du passé" qu'évoquait déjà, il y a quelque dix-sept siècles, saint Augustin.

mercredi 1 septembre 2021

Les radios locales

C'est tout nouveau, tout chaud. Ça vient de sortir. Nous aurons l'occasion d'en reparler dans le courant de l'automne.

Thierry Lefebvre, Sebastien Poulain (dir.), Les Radios locales: histoires, territoires et réseaux, Paris, L'Harmattan/Ina (coll. "Les médias en actes"), 2021.




En illustration de couverture: Gérard Lemaire (1947-2017), grand pionnier des radios locales, photographié par mes soins en 1983. Salut Gérard, où que tu sois!

Renseignements: ICI et .

jeudi 19 août 2021

Objection, votre honneur !

Je suis en train de lire le journal de captivité d'Édouard Daladier. L'homme d'État y évoque, entre autres, les différences de culture entre les Britanniques et les Français à la veille de la Seconde Guerre mondiale, et en particulier la question de la conscription.

Quel terme désuet que ce mot de conscription! Depuis la fin des années 1990, on ne l'entend plus guère, et j'imagine que beaucoup de jeunes gens n'en ont qu'une très vague notion.

Personnellement, elle m'a beaucoup tracassé, la conscription... Tout simplement parce que je ne m'y voyais pas, mais alors pas du tout! Comme je ne me voyais pas passer mon permis de conduire, porter une cravate, demander une promotion ou même bronzer des heures durant sur une plage.

N'ayant pas été réformé (alors qu'un tiers de mes semblables l'étaient bon an mal an, mais le piston faisait peut-être la différence), il ne me restait plus qu'une solution en deux étapes: 1) me porter "non volontaire pour le peloton de préparation à une école d'officiers de réserve" auquel mon QI, évalué en deux coups de cuiller à pot, me destinait; 2) demander le statut d'objecteur de conscience.

Je me revois montant les marches d'un petit immeuble vétuste du 12e arrondissement où se trouvait le MOC (Mouvement des objecteurs de conscience), puis en ressortir quelques minutes plus tard, tout content, avec Le Guide pratique de l'objecteur.



J'ai précieusement gardé ce petit livre d'une centaine de pages, même s'il ne me sert plus à grand-chose. Tout y était indiqué. Je cite: "Tu dois envoyer ta lettre à l'adresse suivante: Monsieur le ministre de la Défense, Direction centrale du Service National, 8 rue Hippolyte-Bottier, 60209 Compiègne cedex." Un modèle-type de courrier était même proposé: "Monsieur le Ministre de la Défense, pour des motifs de conscience, je me déclare opposé à l'usage personnel des armes. Je demande donc à être admis au bénéfice des dispositions de la loi relative à l'objection de conscience. Recevez mes salutations." C'est cette formulation que je dus adopter, car je peux être un peu flemmard.

À la suite de quoi, le ministère de la Défense dut transmettre (j'allais dire "vomir") mon dossier militaire au ministère des Affaires sociales (bureau P7, je me souviens). Ne restait plus qu'à dénicher l'association loi 1901 susceptible de m'accueillir dans le cadre de mon service civil. Comme dans un conte de fées, ce fut la Cinémathèque française et cela dura près de seize mois.

Ainsi donc, dans les années 80, j'avais été classé "P7" (ne pas confondre avec les "P4", les "zinzins"). Puis, à la fin des années 90, je fus embauché par "P7", c'est-à-dire l'Université Paris 7 Diderot (à ne pas confondre avec la désormais "Université de Paris")...

Comme l'a écrit Édouard Estaunié dans L'Empreinte (1896): "Remarquez que la plupart des actes importants d'une existence d'homme sont provoqués par un fait insignifiant. Les contingences sont les facteurs habituels de nos volontés les plus graves." Mais, se voulant rassurant, Estaunié ajoutait: "Cela ne veut pas dire que les contingences en soient, à proprement parler, l'origine." Néanmoins, parfois j'en doute.

jeudi 12 août 2021

Trois mégahertz et puis s'en vont...

Paru en 1965, Le Miroir aux espions est un très curieux roman de John Le Carré (qui nous a quittés l'an passé). Sa morale pourrait être la suivante: passé la quarantaine, l'homme ne sait plus qu'ânonner ce qu'il a cru savoir faire jusqu'alors.

L'ambiance est glaçante, à l'image de ce passage halluciné du chapitre VIII: 

"La rangée de villas qui borne Western Avenue est comme une rangée de tombeaux roses se détachant sur un fond gris; l'image architecturale de la cinquantaine. Leur uniformité et la discipline des gens qui vieillissent, qui meurent sans violence et qui vivent sans réussir. Ce sont des maisons qui l'ont emporté sur leurs occupants, dont elles changent à leur gré sans changer elles-mêmes. Les camions de déménagement glissent respectueusement parmi elles, comme des corbillards, enlevant discrètement les morts et amenant les vivants. De temps en temps, un locataire lève la main, prodiguant les pots de peinture sur les charpentes, ou ses efforts dans le jardin, mais tout cela ne modifie pas plus la maison que des fleurs ne changent une salle d'hôpital, et le gazon pousse à sa guise, comme l'herbe sur une tombe."

Obsolescents, les espions -devenus fonctionnaires- se fourvoient et fantasment des missions qui n'ont plus lieu d'être, tout en "se la jouant" comme à la Seconde Guerre mondiale (alors même que l'action se déroule au milieu des années 1960, quelques mois après la crise des missiles de Cuba). Ce "gap" est en quelque sorte matérialisé par l'appareil de radiotélégraphie confié à l'agent vieillissant infiltré en RDA: un antique "Mark II modèle 3" (ou "B2") à lampes électroniques de 1942, alors même que le transistor (et son corollaire, la miniaturisation) a été mis au point dans les années 1950. L'engin pèse quelque chose comme 13 kilogrammes et son fil d'antenne ne mesure pas moins de 18 mètres (ce qui donne lieu à une scène hallucinante dans une chambre d'hôtel borgne est-allemand)! 

Et évidemment, en vingt ans, la radiogoniométrie a beaucoup progressé, comme le démontre pathétiquement le dernier chapitre.



Le B2 selon araccma.com.

jeudi 5 août 2021

Noir et blanc

Au premier plan, mon père. Orphelin, sorti de l'école républicaine à 14 ans, il devint ouvrier spécialisé à la Société industrielle de mécanique et carrosserie automobile, 163-185 avenue Georges-Clemenceau à Nanterre. 



Plus je vieillis, plus ce type de parcours m'impressionne.

*

Lu dans Graham Greene (Le Ministère de la peur): "La jeunesse vit sous le signe de l'immortalité. On va au ciel comme on va à la plage."

L'anti-héros de ce roman, Arthur Rowe, est vraiment étonnant... Une sorte de Meursault qui aurait été mis en scène par Alfred Hitchcock. J'ai adoré ce livre.

samedi 24 juillet 2021

Painlevé/Mérimée

Nouveau film de Jean Painlevé sur HENRI, la plateforme VOD de la Cinémathèque française: Le Bernard-l'ermite (1929). J'y établis un rapport entre Prosper Mérimée et le cinéaste, tout en rappelant cette amusante formule de Miguel Zamacoïs: "Rien de plus cocasse que l'obsession qu'a la malheureuse bête [...] du sort de son derrière et de la préservation d'icelui."

Le court-métrage est à voir et revoir ici https://www.cinematheque.fr/henri/film/50522-le-bernard-l-ermite-jean-painleve-1929/




vendredi 23 juillet 2021

Le Vannes de Lafesse

La mort de Jean-Yves Lafesse m'attriste au plus haut point. Je le savais atteint de cette terrible maladie de Charcot qu'on lui avait diagnostiquée en juillet 2020, mais nul ne pensait à une fin si rapide.

Notre dernier échange téléphonique remontait au vendredi 4 juin 2021. Une longue conversation dans le style erratique qui était le sien: lui en fauteuil roulant, parcourant les rues de Vannes, de la boutique d'un de ses amis disquaire à la terrasse ensoleillée d'un café où il avait ses habitudes... un Schweppes... des Camel...

Nous avions ensemble un projet, mais la mort en a décidé autrement. Qu'à cela ne tienne! je le conduirai jusqu'à son terme... Promis, juré, cet été ne sera pas vain!

À très bientôt, Jean-Yves!

*

J'extrais d'un groupe Facebook la photo ci-dessous. Elle représente la toute première équipe de Carbone 14 et on peut la retrouver à la cinquième page du cahier photographique de mon livre. Elle m'avait été fournie à l'époque par Michel Fiszbin. J'en possède plusieurs variantes (dont deux en couleurs!) ainsi qu'une planche contact, qui m'ont été offertes par Dominique Fenu peu avant son décès.




La première équipe de OK 14 (future Carbone 14).


Je suis parvenu, au fil du temps, à identifier formellement près de la moitié des membres de cette équipe invraisemblable. Mais si vous vous reconnaissez, contactez-moi !

Le futur Jean-Yves Lafesse est parfaitement reconnaissable: en haut à droite, entre les deux binoclards et l'homme à l'écharpe blanche. Il a la bouche grande ouverte et la main droite prête à agripper je ne sais quoi, peut-être son voisin de dessous. 

À chaque fois que je regarde cette photographie, je me dis que la réalité dépasse très largement la fiction. Car l'histoire de Carbone 14, dont je connais désormais la plupart des ressorts cachés, est unique et absolument délirante. Je pourrais en parler pendant des heures sans me lasser. Le ronron universitaire, à l'aune de cette aventure, est d'une platitude absolue. 

J'en ai parlé iciiciiciiciici... et un peu partout à dire vrai.

mercredi 14 juillet 2021

Hommage au combattant

Le Magazine de la Seine-Saint-Denis de cet été 2021 s'intéresse au foyer de radiolibristes (Radio Zone, Radio 93) qui anima ce département à partir de 1977, et en particulier à Jean Ducarroir.

Le dossier, élaboré par Isabelle Lopez, se divise en deux parties : 

- le magazine papier proprement dit, que l'on peut trouver ici https://www.calameo.com/read/0006349247f736f1c568e



- et un entretien complémentaire, que j'ai accordé au magazine et que l'on peut trouver sur le site web du département  https://lemag.seinesaintdenis.fr/1981-le-bras-de-fer-des-radios-libres-3027

Je conclus par ce vœu: "Ducarroir s'est investi à 100% dans cette histoire, voire plus. J'aimerais qu'il ait une rue à son nom à Aulnay-sous-Bois ou à Saint-Denis, ou qu'une salle de cours porte son nom à Villetaneuse. Il n'a rien fait de mal. Il a juste bousculé la loi. Et finalement, tout le monde est content d'avoir des radios de tous styles de nos jours. Il a joué un rôle capital."



Photo d'identité de Jean Ducarroir.
Coll. K. Lecourt.

mercredi 30 juin 2021

La pieuvre et la bataille

Connaissez-vous La Pieuvre de Jean Painlevé? Ce court-métrage de 1928 est désormais en ligne sur HENRI, la vidéothèque de la Cinémathèque française.

On peut le visionner gratuitement à cette adresse: https://www.cinematheque.fr/henri/film/77646-la-pieuvre-jean-painleve-1928/

Comme on le constatera, j'ai eu le plaisir de contextualiser ce film. On saura (presque) tout sur ce "mollusque star" et les réminiscences littéraires de Painlevé: Lautréamont, Hugo et... Oppien de Corycos.



Dans un tout autre registre, je signale un petit texte sur les radios libres que The Conversation a souhaité reproduire: "Les radios libres: une bataille oubliée". (Enfin, moi, je n'ai pas oublié... et c'est le principal!)



La photo qui illustre l'article a été prise par mes soins en novembre 1983, il y a donc près de trente-huit ans. Elle représente Gérard Lemaire (1947-2017), un grand pionnier des radios libres que j'ai bien connu. On la retrouvera en couverture d'un ouvrage à paraître à la rentrée.

dimanche 20 juin 2021

Les mains de Fromanger

Ci-dessous: les mains de Gérard Fromanger (1939-2021) en train de calligraphier mon prénom dans la pénombre de son atelier parisien. Cela se passait en février 2009.



Photo : Thierry Lefebvre.

Encore récemment, je lui avais demandé d'illustrer la couverture de mon dernier ouvrage, L'Aventurier des radios libres. Mais il était bien trop malade. Cela restera un très grand regret.

On trouvera néanmoins dans l'ouvrage la reproduction de la couverture d'un livre collectif du Cinel, qu'il illustra à la demande de son ami Félix Guattari.



L'Aventurier des radios libres: Jean Ducarroir (1950-2003), p. 120-121.

samedi 19 juin 2021

Pour Myriam

Lorsqu'en 1993, Myriam Tsikounas me contacta afin d'intégrer le "Centre de recherches et d'études en droit, histoire, économie et sociologie du social" (Credhess) de l'Université Paris I-Panthéon, je ne pensais pas que cette aventure se poursuivrait encore une trentaine d'années plus tard. Aujourd'hui, le Credhess a pris le nom d'Isor ("Images, Sociétés et Représentations") et je participe toujours régulièrement aux travaux et aux évaluations de sa belle revue Sociétés & Représentations, que j'ai portée sur les fonts baptismaux, avec une douzaine d'autres collègues, en novembre 1995.

Je me souviens que Myriam avait été intéressée par un de mes textes paru en 1992 dans Archives, la revue de l'Institut Jean-Vigo. Elle me contacta quelque temps après et je fus d'emblée séduit par sa gentillesse. À l'époque, j'étais attaché à l'hôpital Antoine Béclère et obscur chargé de cours à l'Université Paris III.



Depuis, nous avons eu souvent l'occasion de collaborer ensemble. Trop peu, je le regrette, du fait de mon affreux éparpillement. Nous étions tous les deux proactifs, durs à la besogne, mais par malheur dans des universités et des formations très différentes.

Cette femme remarquable -et ô combien bienveillante!- est partie à la retraite il y a peu; et mes camarades Sébastien Le Pajolec et Bertrand Tillier ont eu l'excellente idée de confectionner, dans le plus grand secret, des "Mélanges", afin de lui rendre un juste hommage. Ils m'ont fait le très grand honneur d'y participer, aux côtés de Frédéric Chauvaud, Jean-Jacques Yvorel, Philippe Artières, François Albera, Évelyne Cohen, Pascale Goetschel, Pascal Ory et d'une dizaine d'autres. Que des beaux esprits, et tout sauf une de ces sectes dont l'université regorge. Ne manque à cet aréopage que le très regretté Dominique Kalifa, auquel Sociétés & Représentations s'apprête à rendre hommage.



L'ouvrage a été offert à Myriam hier, à sa plus grande surprise. J'y ai commis un article assez curieux qui, je l'espère, lui plaira: "L'autre secret de Fatima".

Référence du livre: 

Sébastien Le Pajolec, Bertrand Tillier (dir.), Des histoires, des images. Mélanges offerts à Myriam Tsikounas (aux Éditions de La Sorbonne). On peut découvrir le sommaire ici: http://www.editionsdelasorbonne.fr/fr/livre/?GCOI=28405100669360

jeudi 17 juin 2021

Les médecins ont-ils inventé le cinéma d'enseignement ?

C'était hier le dernier des "Mercredis du Comité" de la saison, organisés par le Comité des travaux historiques et scientifiques (CTHS) pour cette année universitaire. J'y posais la question suivante: "Les médecins ont-ils inventé le cinéma d'enseignement?".

La réponse ci-après... Avec, par ordre d'apparition: Étienne-Jules Marey, Eugène Louis Doyen et Jean Comandon.


dimanche 6 juin 2021

Parler pour ne rien dire

La "Fête de la radio" est terminée. Ouf, quel gloubi-boulga! Comme prévu, il n'en est pas sorti grand-chose. Beaucoup d'autosatisfaction des uns et des autres, beaucoup d'"habillage", sans doute pour tenter de conjurer l'inexorable déclin des médias traditionnels. "Le message, c'est le médium", écrivait Marshall McLuhan. Nous en avons eu une fois de plus la preuve.

Au moins, cette agitation aura eu l'intérêt de "booster" un peu les ventes du livre sur Carbone 14, sorti il y a quand même près d'une dizaine d'années. Effet de longue traîne, qu'ils disent! Il faut décidément du temps pour que les informations infusent jusqu'aux cerveaux des éventuels lecteurs. J'espère que mon dernier ouvrage sur Jean Ducarroir trouvera son chemin plus rapidement, car ce pionnier le mérite. En tout cas, l'information commence à circuler en Seine-Saint-Denis, où il vécut et lutta il y a une quarantaine d'années.



Bulletin municipal d'Aulnay-sous-Bois (mai 2021). 
Une photographie de Jean Ducarroir aurait été plus judicieuse, mais bon...


Je suis en train de parcourir À l'orée de la forêt vierge d'Albert Schweitzer. Dans un entretien du début des années 1950, ce dernier affirmait: "[...] je ne crois pas que [l'humanité] soit appelée à suivre jusqu'au bout la voie de l'effondrement." Il s'en inquiétait pourtant. Comme on le voit, le mot "effondrement" était déjà en vogue, bien avant les travaux du Club de Rome. Mais évidemment pas pour les mêmes raisons: c'est que les rochers s'érodent... et les moules (ou les croque-mitaines) doivent en changer régulièrement.

vendredi 4 juin 2021

Fête de la radio (II)

Petit, tout petit sujet sur Carbone 14 dans le journal télévisé de France 3 hier. Je me suis toujours demandé comment il était possible de faire des sujets aussi faméliques, alors même que la télévision a pour fonction essentielle de "meubler" la vacance d'esprit des gens désœuvrés, 24 heures sur 24, 365 jours par an, et cela jusqu'à la fin des temps si le dérèglement climatique n'y met pas un terme brutal. Mais bon, comme me disait le sympathique Laurent Hakim qui m'interrogeait pour ce reportage, les contraintes sont ce qu'elles sont: trente minutes d'interview sont condamnées à rétrécir inéluctablement au lavage/formatage. Curieuse opération alchimique toutefois, qui aurait surpris Paracelse lui-même.

N'empêche que j'aurais bien aimé accompagner Jean-François Gallotte à l'occasion de son petit pèlerinage aux sources, devant l'ancien hangar de la rue Paul-Fort. Le bonhomme ne vieillit pas. Et quel plaisir également de revoir Jean-Yves Lafesse!


 

Gallotte et Lafesse dans le reportage.

On peut revoir en cliquant sur le lien ci-dessous le sujet du JT de France3 

https://www.francetvinfo.fr/economie/medias/medias-de-carbone-14-a-skyrock-40-ans-de-libre-antenne-sur-les-ondes_4649375.html.

Mais si on veut en savoir plus et s'immerger dans ce que fut réellement cette radio loufoque, rien ne pourra remplacer l'ouvrage que je lui ai consacré. D'ailleurs, j'y retravaille tranquillement en ce moment.




Par ailleurs, le mercredi 2 juin, vers 16 heures, un journaliste très poli d'une chaîne d'information que je ne nommerai pas (mais son indicatif commence par B) m'a adressé le message suivant: "Bonjour Thierry, dans le cadre d'un plateau consacré aux 100 ans de la radio, seriez-vous disponible pour venir sur notre antenne ce soir de 21h à 21h30?" 

Eh bien non, je ne suis pas disponible pour me rendre à ce genre de convocation! Et que cela se sache! D'ailleurs, dans la soirée, j'avais rendez-vous avec Charles Dickens dans les bas-fonds de Londres.

jeudi 3 juin 2021

Le droit à la bouillie

Les "100 ans de la radio en France" et les "40 ans de radio libre" que nous célébrons cette semaine, donnent lieu à pas mal d'épanchements sur les réseaux sociaux: ils sont nombreux, anciens de la FM, à raconter leurs magnifiques émissions, produites tantôt sur NRJ (!), tantôt sur Radio Trifouilly-les-Oies. Autant j'ai le plus profond respect pour les vertus émancipatrices de ce média modeste, autant je m'insurge contre cette mythification inappropriée des contenus. 

Ayant pratiqué ce hobby pendant pas mal d'années, j'estime que la radio n'a pas à produire de "belles choses", avec un beau son et des invités forcément éloquents qui disent des choses supposément intéressantes. Sa fonction devrait être avant tout expérimentale, comme le postulait en son temps Radio Ici & Maintenant (c'était il y a plus de quarante ans;-). Dans mon idéal (que je partage avec moi-même), elle devrait reposer sur l'improvisation totale. Or, désormais, tout est écrit, oralisé, chronométré, standardisé.

Justement, je viens de relire dans la thèse de Sebastien Poulain (Les Radios alternatives: l'exemple de Radio Ici & Maintenant, 2015) un témoignage de Stéphane Leroy, qui fut mon collègue dans cette station en 1985-1986. Il donne le ton de ce que je pensais alors (et pense toujours à l'heure de la standardisation de la plupart des antennes).

"Tout ce qu'on voulait, c'était de l'impro totale et les grands délires. Thierry était un maître absolu dans le délire, capable d'inventer des trucs complètement surréalistes. Il faisait de l'improvisation à l'antenne, des trucs géniaux quoi. Je ne sais pas si il vous a raconté. On l'a vu faire des choses aussi absurdes et stupides que passer une après-midi entière à passer le même disque qu'était Les Bêtises de Sabine Paturel, la célèbre chanson énervante: “J'ai tout mangé le chocolat.” Vous connaissez la chanson des années 80, une chanson débile, la chanson la plus débile du monde? Il a passé une après-midi entière à passer cette chanson, d'abord en la passant une première fois, une deuxième fois, trois fois... Pour une chanson énervante, elle est bien énervante. Et ensuite, en la passant à l'envers, au ralenti. Et donc on était dans une espèce d'espace-temps qui se déformait progressivement avec un truc qui n'avait plus de sens, qui était cette chanson bête qui passait. Il a créé comme ça des espaces. Et là-dessus bien sûr, entre deux tranches comme ça, il y avait des interventions d'auditeurs qui parlaient de je-ne-sais-quoi, de poésie, de leurs problèmes personnels, de tout ça. Et puis aussitôt, ça repartait avec cette chanson qui devenait une bouillie. Des trucs comme ça. À l'époque, c'étaient des vinyles, donc il manipulait ça dans tous les sens: à l'envers, au ralenti, il accélérait. Il mettait un autre morceau, mettait un autre bruitage à côté. Il superposait les sons. Il faisait des créations de son. C'était vraiment en improvisation totale, free-jazz. Et ça pouvait durer des heures."

Je ne pense pas avoir enregistré ce délire parmi tant d'autres (d'ailleurs, les cassettes étaient bien trop courtes!). Mais "faire de la bouillie" qui "n'a plus de sens" reste, toujours de mon point de vue, la chose la plus désirable dans ce monde parfaitement absurde et prétentieux qui est le nôtre.



À Sabine Paturel, sans rancune j'espère !

mardi 1 juin 2021

Fête de la radio (I)

Cela fait quelques semaines que je n'arrête pas d'écrire des textes, souvent de commande, sur divers sujets, ou que je réponds à des sollicitations des uns et des autres. Il y a des moments comme ça.

La Fête de la Radio, qui vient de débuter hier à l'occasion des "100 ans de la radiodiffusion", est un nouveau facteur d'agitation. Mais nous, les enseignants universitaires, sommes (c'est bien connu!) des cabotins. Nous adorons ça. Toujours prêts, comme les scouts, à prêter notre voix à ceux qui la sollicitent.

Hier, c'était sur RFI dans l'émission culte de Caroline Lachowsky, "Autour de la question". On peut l'écouter ici  https://www.rfi.fr/fr/podcasts/autour-de-la-question/20210531-comment-être-sur-la-bonne-longueur-d-ondes-fête-de-la-radio

Par un hasard providentiel, une de mes étudiantes, Sybille, était justement en stage à RFI ce jour-là.



Photo : Caroline Filliette (RFI).

Ce matin, c'était sur RCF, interviewé cette fois par Stéphanie Gallet dans "Je pense donc j'agis". Je me trouvais d'ailleurs en compagnie de Patrick Eveno. On peut écouter l'émission ici  https://rcf.fr/actualite/societe/double-anniversaire-les-100-ans-de-la-radio-et-les-40-ans-des-radios-libres

À suivre...

jeudi 20 mai 2021

Philippe Vannini, un pilier des radios associatives

Aujourd'hui, j'ai une pensée émue pour Philippe Vannini, grand homme de radio et ancien directeur d'Aligre FM. Cet homme charmant vient de nous quitter.

Ici, nous étions côte à côte à l'occasion des trente ans d'Aligre FM, en public à la Maison des Ensembles. C'était en octobre 2012. Je dois avoir d'autres photos dans mes archives.



Photo : Alain Léger.



Photo : Thierry Lefebvre.

jeudi 13 mai 2021

Le héros s'appelle Bob Morane

Sur un fil d'infos consacré aux "44 ans de radio FM libre", je lis ce témoignage d'une ancienne étudiante qui a eu la gentillesse de se souvenir de moi: "Je l'avais comme prof à la Fac... son cours d'Histoire de la radio, années 94/95... c'était vraiment passionnant... en TP, j'étais allée interviewer le directeur des programmes de TSF."

Peut-être me croyait-elle mort depuis le temps?

En lisant son post, je fus pris d'un sérieux doute: le nom de cette ancienne étudiante ne me disait plus grand-chose (je la prie de m'excuser); et d'ailleurs, donnais-je vraiment déjà un cours sur l'Histoire de la radio à l'époque, en l'occurrence à la Sorbonne Nouvelle où j'exerçais certaines fins d'après-midi comme vacataire?

J'ai donc vérifié: c'était bien le cas, mais j'avais pratiquement oublié. Il faut dire que c'était du délire à l'époque. Dans un vieil agenda, je dénombre pas moins de 46 gardes de nuit en toxicologie (en un an!) dans mon hôpital d'alors, sans compter les essais thérapeutiques VIH+/Hépatites dont j'avais la responsabilité. Je recense également certaines des collaborations que j'avais en parallèle: Cité des sciences, Auditorium du Louvre, American Center, Giornate del cinema muto de Pordenone, émission "Archimède" d'Arte, Arts & Communication, archives de l'hôpital Trousseau, Nederlands Filmmuseum, Cnam, Archives du film, ministère de l'Agriculture, etc. Je redécouvre même que je faisais partie du comité d'organisation d'un futur musée du Préservatif (à Codom dans le Gers!). Inénarrable! Il faudra que je raconte ça, car je dispose d'archives quelque part.

J'en profite pour signaler une interview d'une dizaine de minutes donnée très récemment à "Le Chantier.radio". Thème: "Quel héritage des radios libres?". C'est ici: https://wp.lechantier.radio/index.php/2021/05/11/quel-heritage-des-radios-libres/

Lu cette phrase dans Sur la piste de Fawcett (le troisième volume des aventures de Bob Morane, car oui, j'ai mes lectures!): "Rien ne sert de nous lamenter avant la catastrophe. Le danger vient toujours quand on ne l'attend pas et, bien souvent, quand on l'attend, il manque à l'appel." Une réponse avant l'heure aux "professionnels de la profession" de la collapsologie?

Le livre date de 1954. L'auteur, Henri Vernes, vit toujours à Bruxelles. Il a 102 ans, il est aveugle, mais a gardé son humour. Encore une personne que j'aurais bien aimé rencontrer!


samedi 8 mai 2021

La France savante

Le 145e congrès du Comité des travaux historiques et scientifiques (CTHS) s'est tenu avec succès et en distanciel cette semaine: 1230 inscrits, 265 communications, 47 séances, 461 sociétés savantes représentées, une organisation remarquable. 

Ce fut un plaisir pour moi de présider et d'animer deux séances matinales de trois heures, mardi et vendredi. On y parla, entre autres choses, du Mobilier national, d'anthropologie, d'ethnobotanique, de collections pharmaceutiques, de la Société d'histoire et d'archéologie de Sedan, de pratiques archivistiques, d'herbiers pluricentenaires, du jardin botanique de Calcutta, du muséum d'histoire naturelle de Nantes, de trophées de chasse, etc. 

Pour ma part, mardi après-midi, j'intervenais sur le patrimoine audiovisuel du thermalisme.



Vu dans un catalogue de vente aux enchères.

Lu dans le Hagakure cette sentence: "La vieillesse arrive lorsqu'on se borne à faire les choses auxquelles on est enclin." Quand commence-t-on à devenir vieux dans nos sociétés occidentales? À 35 ans, comme je le pensais jusqu'alors? Ou à 14 ans, comme semble le suggérer le "pied de la lettre" de Jocho Yamamoto?

vendredi 23 avril 2021

Histoire parallèle

1989 : je voyage à côté de Marc Ferro, assis sur un strapontin de la ligne B du RER. L'historien consulte des courriers et je n'ose pas le déranger. Il sort à la station Luxembourg et pénètre au 103 boulevard Saint-Michel, siège d'Armand Colin et des Annales. Je repense alors à une chambre de bonne située tout en haut de ce magnifique immeuble. Il m'arrivait d'y passer certaines de mes nuits, six ans plus tôt. La vue depuis la fenêtre était magnifique, des beaux jardins de l'Institut national des jeunes sourds de Paris jusqu'à l'Observatoire.

2016 : salle des fêtes de la mairie de Compiègne, le 11 novembre. Pour la première fois, j'ai l'occasion de serrer la main de Marc Ferro et de lui dire ce qu'il représentait pour moi. L'homme est charmant et je suis sincèrement ému.



Photo : Cécile Raynal.


Si les histoires parallèles ne se croisent jamais, c'est toujours par notre faute.

samedi 17 avril 2021

Une histoire de la radio en trois épisodes

On m'a signalé un entretien que j'avais quelque peu oublié. Il avait donné lieu à trois émissions de Fabrice Gironnet sur RCF Reims-Champagne, les 24 février, 3 mars et 10 mars 2009. Une trentaine de minutes au total, qui peuvent être réécoutées à cette adresse : http://radioreims.e-monsite.com/pages/archives-sonores/l-histoire-des-radios-libres-en-3-emissions.html 

Douze années se sont écoulées depuis. À l'époque, je n'avais pas encore fait paraître mes bouquins sur Carbone 14, Radio Riposte et Jean Ducarroir. Le projet de Carbone 14, légende et histoire d'une radio pas comme les autres devait être en germe, puisque, comme je l'ai écrit il y a quelques jours, j'entrais en contact avec Gérard Fenu en octobre 2009.

C'est fou ce que le temps passe, mais assurément on ne s'ennuie pas.

mardi 13 avril 2021

En différé du "vaccinodrome"

Je me suis rendu hier au centre de vaccination installé dans le superbe vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines. C'est très curieux et finalement plutôt bien organisé. Il y aurait plein de choses à dire à ce sujet, mais je n'ai pas le temps.



Plus curieuses encore étaient les bribes de conversations que j'ai pu glaner ici et là. À l'évidence, pour la plupart des personnes présentes, la vaccination n'est qu'un acte de protection individuel. "Ouf! se disent tous ces braves gens, me voilà préservé contre cette saloperie! À moi la vie d'avant!" (à savoir: postillonner, s'agiter, polluer, voyager, bref fuir à tout prix son for intérieur...). Rien n'est plus faux, comme risque de le démontrer la suite. Nous l'écrivions avec Cécile Raynal, dans Médicaments, polémiques et vieilles querelles: "L'objectif reste toujours le même: obtenir une immunité de groupe suffisante pour couvrir l'ensemble de la société. On parle à ce propos de vaccination altruiste, c'est-à-dire que l'individu se vaccine moins pour lui-même que pour protéger les autres." (p. 140.)

Rien à corriger à ce que nous écrivions en 2016. Mais nous évoquions la vaccination obligatoire, arme absolue contre les pandémies du type de celle que nous vivons. On en est encore loin, et on le restera peut-être, car la confusion règne partout et surtout dans les têtes. Il suffisait d'entendre hier certains dénoncer "Big Pharma", alors même qu'ils avaient  exigé "le Pfizer": Pfizer est le premier laboratoire mondial, faut-il le rappeler... 



La piste cycliste en arrière-plan.