06 septembre 2024

Destinée delphinée

Transistor, machine à écrire, radio communautaire et j'en passe... L'été fut finalement bien rempli en recherches et écritures de toutes sortes. J'en reparlerai en temps voulu. 

C'est comme ça. On ne se refait plus à partir d'un certain âge, on n'échappe pas à ce que Jean Carrière nomme quelque part "la dictature de son propre destin". Se conformer à l'image qu'on a toujours donnée de soi-même, pourquoi pas après tout.

Il est pourtant des destinées hors du commun qui donnent le vertige. Présent cette semaine dans les gradins de la magnifique piscine éphémère de l'Arena La Défense, à l'occasion des Jeux paralympiques, j'ai été absolument éberlué par le jeune Brésilien Gabriel Geraldo Dos Santos Araujo, triple médaillé d'or de natation dans la catégorie S2 (handicaps très lourds). 

Sa destinée semblait figée dès avant sa naissance, mais il a su la sublimer et en faire une véritable œuvre d'art vivant: d'homme, il s'est mué en dauphin. C'est magnifique.


19 août 2024

Triple étoile

La vie ne prend sa réelle saveur qu'au travers des projets les plus improbables, nés le plus souvent du hasard. Il en fut ainsi de l'ouvrage sur la Chaîne Thermale du Soleil que Cécile Raynal et moi avons écrit en 2016 et qui semble désormais épuisé.




Les circonstances de cette aventure (car c'en fut une et dans de nombreux décors incroyables) mériteraient d'être contées, mais ce n'est pas le lieu. Je me contenterai ici de saluer la mémoire de Michel Guérard (1933-2024), homme charmant quoique triplement étoilé, qui vient de nous quitter comme le rappelle la presse

Nous l'avions longuement rencontré le jeudi 12 mai 2016 aux Prés d'Eugénie à Eugénie-les-Bains. Il nous avait raconté sa folle existence et nous avait permis d'admirer son légendaire fourneau. Plus tard, son épouse Christine Barthélémy-Guérard nous avait également reçus. Ce sont des souvenirs marquants.




17 août 2024

Souvenirs du Valois

Le 3 mars 1974, il y a un peu plus d'une cinquantaine d'années, un DC10 des Turkish Airlines s'écrasait dans la forêt d'Ermenonville, non loin du sillon de Dammartin. J'étais bien jeune à l'époque, mais je me souviens très bien de cette catastrophe qui fit 346 victimes.

De nos jours, autour de la stèle érigée à la mémoire des membres de l'équipage et des passagers, la nature a repris ses droits et des brebis viennent paître paisiblement. Pourtant, les innombrables débris de cet épouvantable crash continuent d'affleurer ici et là.



Deux fragments du DC10 extraits du sable.
Photo : Thierry Lefebvre.


Ceux-là -témoignages d'une technologie prétendument conquérante mais très vite lézardée- sont allés rejoindre d'autres reliques déjà déposés au pied de la stèle. 

Je me demande si Gérard de Nerval est venu rêver par ici, alors qu'il ébauchait le manuscrit de Sylvie au milieu du XIXe siècle.

11 août 2024

Bravo Kinzang !

En ce bel été, je voulais rendre hommage à celle qui restera mon héroïne des Jeux olympiques : la Bouthanaise Kinzang Lhamo, 26 ans, arrivée dernière du marathon, avec une heure de retard sur l'avant-dernière. La voici au 18e kilomètre, à Ville d'Avray.



Kinzang Lhamo à Ville d'Avray.
Photo : Thierry Lefebvre.


La voilà également au 28e kilomètre, telle que j'ai pu la filmer à Chaville (pour se rendre de Ville-d'Avray à Chaville, il faut traverser à pied la forêt domaniale des Fausses-Reposes en passant par les étangs de Corot... je vous recommande la promenade). Elle était épuisée, mais tenace. Le bouddhisme a l'air de rendre fort.

J'ai trouvé ça extraordinaire. (Au fait, que faisions-nous d'extraordinaire à l'âge de 26 ans?) 



Kinzang Lhamo de passage à Chaville.
Images : Thierry Lefebvre.

Voir également cette scène inouïe où les spectateurs l'accompagnent à Paris en l'encourageant. J'ai vu par ailleurs qu'elle avait été acclamée par la foule à son arrivée aux Invalides. 

"L'important, c'est de participer"... 

Et Paris a été vraiment une fête en ce mémorable mois de juillet 2024. Je suis heureux d'avoir vécu ça une fois dans ma futile vie. J'ai (enfin) compris pas mal de choses et vais relire Hemingway.

05 août 2024

Paris au mois d'août

Je croyais bien connaître la rue Lepic... Courteline... Marcel Aymé... et tant d'autres! Eh bien, je ne l'avais jamais vue comme ce samedi 3 août 2024, littéralement prise d'assaut par des supporters bon enfant du monde entier, Belges et Hollandais en particulier. Je suis bien content d'avoir vécu ce moment magique.



Deux heures avant, 
la foule se presse déjà.
Photo : Thierry Lefebvre.



Deux heures après,
Remco Evenepoel s'apprête 
à lâcher Valentin Madouas.
Photo : Thierry Lefebvre.


J'avais tant lu de livres sur les pavillons éphémères des expositions universelles parisiennes que je me suis réjoui d'admirer les stades éphémères des Jeux olympiques.



Le stade Tour-Eiffel et l'Arena Champ-de-Mars.
Photo : Thierry Lefebvre.



Le parc des Champions.
J'ai passé un an et demi de ma vie à rêvasser
derrière les trois fenêtres tout en haut et à droite du Palais de Chaillot.
Photo : Thierry Lefebvre.


Sinon, un souvenir: ça se passait le 24 janvier 2024 au Musée national du sport, à Nice. J'avais préféré abandonner d'emblée, plutôt que de me faire écrabouiller par Teddy Riner. Bien m'en a pris !


26 juillet 2024

Les solariums, toujours

Il est régulièrement question du solarium tournant d'Aix-les-Bains ici et là, et donc directement ou indirectement de l'ouvrage désormais fameux que nous lui avons consacré, Cécile Raynal et moi, en 2010.

Parmi les artefacts récents, signalons un article du numéro 81 de la revue de l'Ordre des architectes Auvergne-Rhône-Alpes Architectures & Territoires.



Ou encore l'exposition Soutenir qui s'est tenue en avril-juin 2024 au pavillon Sicli à Genève. À cette occasion, cette fondation a conçu la petite boucle ci-dessous, à partir du court-métrage que nous avons déposé, il y a plusieurs années, au CNC, avec l'assentiment de Violette Delaye.




J'ai déjà dit l'immense plaisir que nous procurèrent les recherches menées pour cet ouvrage.

Quant à la petite exposition pionnière de 2015, nous en avons bien entendu conservé les panneaux.

20 juillet 2024

Cravan et Traven

Il y a un peu plus d'une vingtaine d'années, j'eus l'occasion de rencontrer, au hasard de mes pérégrinations, un (presque) futur président de l'Assemblée nationale et une (presque) future Première ministre... et d'échanger avec eux.




André Chassaigne et Clémentine Autain (2004).
Photogramme : Thierry Lefebvre.


Vingt ans, c'est bien long. C'est pratiquement le temps qu'il fallut à Edmond Dantès pour s'invisibiliser en comte de Monte-Cristo. Personne alors ne semblait le reconnaître.

Ce qui me frappe ici, c'est la ressemblance de ces deux personnalités politiques avec ce qu'elles sont devenues aujourd'hui. Cette faculté de se ressembler, en dépit de l'érosion causée par le temps et des aléas de la vie, me semble un des marqueurs de cette "notoriété spectaculaire" qu'évoque quelque part Debord. 

*

Un qui ne ressembla à personne -et surtout pas à lui-même puisqu'il existe encore des doutes à son sujet-, c'est Otto Feige (1882-1969). Sous le pseudonyme mystérieux de B. Traven, il écrivit des petits chefs-d'œuvre comme Le Trésor de la Sierra Madre ou Le Vaisseau des morts. Je remercie le hasard d'une boîte à livres de me l'avoir fait découvrir.

Autre personnage mystérieux: Arthur Cravan (1887-1918), qui serait mort au Mexique comme Traven. Sa critique du Salon des Indépendants de 1914 est assez incroyable: "[...] si je vais citer une quantité de noms, c'est uniquement par roublardise et le seul moyen de vendre mon numéro [de sa revue Maintenant], car j'aurai beau dire que Tavernier, par exemple, est le dernier des fruits secs, et citer ce petit con de Zac au milieu d'une interminable liste de nullités, ils m'achèteront tous deux, avec les autres, pour le seul plaisir de voir leurs noms imprimés. Du reste, si j'étais cité, je ferai comme eux." Aujourd'hui, on se googlelise.

On doit également à Cravan, dans le même texte, cet aphorisme célèbre (très debordien, je trouve): "Dans la rue on ne verra bientôt plus que des artistes et l'on aura toutes les peines du monde à y découvrir un homme." Le Spectacle, toujours le Spectacle...

06 juillet 2024

Truffe hertzienne

Il y a une cinquantaine d'années (j'étais adolescent à l'époque), je suis tombé par hasard sur un texte inspirant de Marcel Oms. L'article était intitulé "Le parachutiste et le truffier" et il m'a profondément marqué. Oms y distinguait deux sortes d'historiens: celui qui survole et domine (le "parachutiste") et celui qui rampe, renifle et gratte (le "truffier"). Je reconnais avoir toujours eu une prédilection pour le second. 

Bien des années plus tard, reprenant à son compte cette métaphore sans néanmoins en citer l'auteur décédé, Emmanuel Le Roy Ladurie avouait à Marc Riglet qu'il était lui-même "plutôt un truffier".

J'ai enfin déniché la truffe providentielle susceptible de m'inspirer: onze minutes de libre antenne enregistrées par mes soins durant la soirée du 12 janvier 1985. Je suis très certainement le seul à l'avoir conservée, mais pas le premier à l'avoir évoquée par écrit. Paradoxe, paradoxe!

Je vais y travailler très assidument au cours des prochains mois et je m'en réjouis d'avance.


22 juin 2024

Archiver la radio

Parmi les nombreuses émissions que je ne retrouve pas sur le site de Radio France, il en est une que j'affectionne tout particulièrement. Il s'agit de J'ai mes sources de Colombe Schneck et cela se passait le 7 mai 2008.

La Bataille des radios libres venait de paraître et on m'avait donné rendez-vous au studio 72 de France Inter pour en parler. La station occupait à l'époque l'immeuble du 17-19 avenue du Général Mangin, non loin de la Maison de la Radio en pleins travaux.



La Maison de la Radio en mai 2008.
Photo : Thierry Lefebvre.


Invités à mes côtés, je retrouvais deux amis: Antoine Lefébure, le créateur de Radio Verte et de l'Association pour la libération des ondes, et Pierre Bellanger, le patron de Skyrock.

Je garde un excellent souvenir de cette émission, ainsi que de Colombe Schneck.



Colombe Scheck se concentrant devant La Bataille des radios libres.
Photo : Thierry Lefebvre.


À la fin, Jean-Marc de Félice, alors directeur des ressources techniques de Radio France et lui-même pionnier des radios libres (Radio 100, Radio Paris 80), était venu nous rejoindre et nous avons tous quatre été pris en photo par l'assistant de Pierre, devant l'entrée de France Inter.



Tous les quatre devant l'entrée de France Inter.


Je viens de retrouver le fichier audio de l'émission dans mes archives. Je vais réécouter ça.

19 juin 2024

Raton Laveur Magazine

Ce que je pense de la situation? Pas grand chose... La seule réflexion pertinente qui me vient à l'esprit, je la tire d'un article de 1887 du Dr Albert Regnard. Je cite: "Les canards sans tête marchent infiniment mieux que des ataxiques, quoique moins longtemps." Je laisse celles et ceux qui liront ces lignes méditer sur la portée politique de cette observation.

Soyons sérieux... Assurant l'expertise scientifique d'une exposition qui se tiendra en avril 2025 dans un endroit réputé (je ne vous dirai pas lequel pour le moment), je m'amuse follement. J'en profite également pour vérifier certaines certitudes véhiculées, entre autres, par Wikipédia et ceux qui y piochent leurs informations. Eh bien, le fait est que tout (ou presque) est faux ou, à la limite, inexact. Guy Debord avait décidément raison. 

Et comme en plus "tout le monde ment" (je cite ici l'inoubliable Dr Gregory House), il est possible que nous nous rapprochions de la vérité par un effet paradoxal: qui ment à partir du faux peut dire le vrai, je dirai "par mégarde".

Comme promis, je viens de lister tous les médias auxquels j'ai accordé une ou plusieurs interviews depuis une trentaine d'années. Elle est fastidieuse: Le Quotidien du médecin, Le Quotidien du pharmacien, Le Moniteur des pharmacies, Le Monde Initiatives, Le Monde, France Inter, RFI, US-Mag, Charlie Hebdo, Radio Nova, L'Humanité, Libération, France Culture (bien sûr), 20 Minutes, France 5, Europe 1, Radio Campus Paris, L'Âge de Faire, Le Courrier (de Genève), Le Figaro, Fréquence Paris Plurielle, Télérama, Le Mouv', France 3, France Info, NVO, Radio Néo, SR2 KulturRadio, Radio Caraïb RCN, Aligre FM, RFI Brésil, La Montagne, Cinaps TV, Radio Suisse Romande, What's Up Doc?, AFP, AEF, L'Indépendant, Toutes les nouvelles des Yvelines, Radio Campus Orléans, Le Parisien, Les Échos, La Semaine de l'Allier, Critikat, France Bleu Touraine, La Chaîne Parlementaire, Radio TSF Jazz, La Voix du Nord, Le Chantier Radio, Le Magazine de la Seine Saint-Denis, Le Pays, L'Éveil, Alternantes FM, Pause Santé, Radio Campus Lorraine, Arrêt sur images, Citéradio, Science & Avenir, AYP FM

Il ne me manque plus que Raton Laveur Magazine et Valeurs Actuelles. Alors, je pourrai mourir comblé. J'aurai mêlé ma voix aux autres et participé à la cacophonie générale.

09 juin 2024

"Les oyons realement" (Rabelais)

Hier matin, samedi 8 juin 2024, j'étais un des invités de l'émission de Harout Mardirossian, "Cartes sur table", sur AYP FM, la radio arménienne de la région parisienne (99.5 MHz), pour y évoquer le recueil des chroniques radiophoniques d'Anahide Ter Minassian, aux côtés de Taline Ter Minassian, l'instigatrice du projet, Henri Papazian, président d'AYP FM, et Varoujan Avedissian, directeur des éditions Thadée qui ont publié l'ouvrage.




Ce fut l'occasion d'une très belle (re)découverte. Les enregistrements des émissions de "Radio Forum Ararat" viennent en effet d'être retrouvés au fond de je ne sais quel grenier. Il s'agit là désormais d'un corpus unique sur le début des radios communautaires en France. 

Au début de l'émission, nous avons pu entendre la toute première intervention de Henri Papazian sur l'antenne de Radio Forum, le 6 décembre 1981 (il y a donc près de 43 ans!!), suivie de la première chronique d'Anahide Ter Minassian, écrite et parfaitement oralisée comme je l'avais supputé dans mon texte accompagnant l'ouvrage. 

En tant qu'historien du mouvement des radios libres, j'ai été fasciné par cette "résurrection"... en direct.

Merci au prodige de l'enregistrement magnétique pour cette très belle aventure intellectuelle!



"Cartes sur table", AYP FM, 8 juin 2024.

30 mai 2024

Le petit appentis

Mercredi 29 mai 2024, j'ai eu le privilège d'assister au démontage de l'ancien musée des Applications de la recherche, installé dans le pavillon des Cent-Gardes du domaine de Villeneuve-l'Étang, à Marnes-la-Coquette.

Pour rappel, ce beau bâtiment avait été offert à Louis Pasteur en 1884 pour y mener des expériences sur les chiens "réfractaires à la rage".

Une partie des collections, dépoussiérées et emballées par des étudiants de l'Institut national du patrimoine, rejoindra le futur musée Pasteur de Paris, pour l'heure en (intense) gestation.

J'ai évidemment profité de l'occasion qui m'était offerte pour aller voir l'emplacement où Jean Comandon avait fait construire, vers 1932, le petit appentis qui lui permit de poursuivre ses fameuses expériences de time-lapse, sur le modèle précédemment imaginé dans les jardins d'Albert Kahn à Boulogne.

Au-dessus se trouve la chambre mortuaire de Pasteur...



27 mai 2024

Grande santé et élégance

Mon Dieu, que j'aurais aimé être à la place de ce gamin... et avoir son âge bien entendu ! 
C'est beau, car simple et spontané de la part de Pogacar. Une pincée de rêve sur une destinée incertaine.

26 mai 2024

Histoire de fantômes radiophoniques

Il y a quelques mois, Taline Ter Minassian, professeure d'histoire contemporaine de la Russie et du Caucase à l'INALCO, m'a contacté pour m'associer à son projet d'édition des chroniques radiophoniques que sa mère Anahide Ter Minassian (1929-1919), grande historienne de l'Arménie, avait données sur une radio éphémère: Radio Forum (1981-1982).

Si les enregistrements magnétiques de ses interventions ne nous sont pas parvenus à ce jour (ont-elles seulement été enregistrées?), Taline a minutieusement retranscrit les textes que sa mère oralisait à l'antenne. Il en résulte un contenu passionnant qui nous replonge dans cette époque particulièrement agitée, du fait, entre autres, des agissements de l'Armée secrète arménienne de libération de l'Arménie (ASALA).

Mon rôle fut de reconstruire l'histoire de Radio Forum et de ses émissions arméniennes, à partir du peu qu'il en restait. Et d'invoquer le fantôme de Serge Délain (1942-2014), un des artisans de cette période qui précéda les autorisations trop tard accordées par la Haute Autorité de la communication audiovisuelle. Ce fut une gageure passionnante, qui m'a renvoyé aux premiers balbutiements des radios communautaires.

C'est peu dire que j'ai été honoré de participer à ce projet original, unique (me semble-t-il) dans l'historiographie des radios libres. Je remercie Taline Ter Minassian et Jean-Jacques Avédissian pour leur confiance.




23 mai 2024

Sport et médias

J'étais ce matin à la Maison des Sciences de l'Homme Paris-Nord pour y "présider" une des séances du 148e Congrès des sociétés historiques et scientifiques, organisé comme chaque année par le Comité des travaux historiques et scientifiques (CTHS). J'en connais qui adorent "présider". Pour ma part, je préfère présenter, écouter et échanger.



Cette séance croisait les thématiques du sport et des médias. Il y fut beaucoup question de presse. Pour ma part, je traitais de cinéma et télévision, et surtout d'"innovations" dans une perspective historique. Le sujet m'a beaucoup intéressé ces derniers mois et on pourra lire le produit de mes premières réflexions dans les actes, quand ils paraîtront.

J'aime bien les discussions qui ponctuent ces séances au contenu disparate: on y apprend plein de choses! C'est ainsi que je connais désormais mieux la vie de Panama Al Brown. J'ai appris que l'ancienne revue Miroir du cyclisme était d'obédience communiste, ce que je ne savais pas. Je sais maintenant où se trouvent les archives que France Tazieff m'avait présentées il y a un quart de siècle. L'épouse d'Haroun Tazieff, déjà très affaiblie, m'avait accueilli dans son grand appartement de l'île Saint-Louis, avec l'espoir non dissimulé que je m'empare (intellectuellement parlant, cela va de soi) des archives du volcanologue. Mais j'avais déjà tant à faire par ailleurs... 

Vers la même époque, je réalisais une des dernières (sinon la dernière) interviews de Pierre Bichet (1922-2008), qui avait filmé Les Rendez-vous du Diable au côté de Tazieff. On peut en retrouver une synthèse ici: https://journals.openedition.org/1895/3212

Avec l'ami Philippe-Alain Michaud, nous l'avions accueilli et fait applaudir par un Auditorium du Louvre archi comble. Ce devait être en 2003 ou quelque chose comme ça. J'en garde un souvenir ému car cet homme était très sympathique.

30 avril 2024

Anniversaire

Il y a quarante ans, en avril ou mai 1984 (je ne me souviens plus de la date précise), je mettais les pieds dans Fréquence Libre, une "radio locale privée" autorisée quelques mois plus tôt par la Haute Autorité de la communication audiovisuelle.

Je ne sais pas pour quelle raison, mais mon premier contact avec cette station modeste, qui nichait dans le XIXe arrondissement au 54 avenue Secrétan, reste profondément gravé dans ma mémoire. Je me souviens de la configuration du lieu, des personnes qui m'accueillirent ce jour-là... et comme d'une impression de très beau temps.

Mais le plus merveilleux était à venir... J'en ai pleinement conscience aujourd'hui, j'ai bénéficié dans cette radio d'une totale liberté que je ne m'explique toujours pas.

J'en garde l'impression d'un rêve charmant, qui s'est prolongé plus d'une année et qui a profondément influé sur la suite de ma futile existence. On ne goûte pas à la liberté sans chercher à la préserver à tout prix.




Je suis donc infiniment reconnaissant à toutes celles et tous ceux qui m'ont offert cette opportunité de devenir quelqu'un d'autre que le moi tiédasse auquel les circonstances de la vie me destinaient: des ambitions à la noix, une carrière et ses gratifications à la noix, et surtout -horreur suprême!- la satisfaction de n'être que soi-même.

Je viens de mettre en ligne, sur Histomédias, l'entretien que j'eus en 2002 avec Yves Daudu, un de mes bienfaiteurs. 

Ça se trouve ici: https://histomedias.hypotheses.org/453

26 avril 2024

Natures vivantes

J'ai trouvé ces quelques lignes, datées du 26 avril 2017 (il y a donc sept ans très précisément), à la fin d'un carnet manuscrit que des goujats avaient négligemment jeté dans un tas d'encombrants:

"Mauvaise nuit pénible et réveil angoissé. Bizarre. J'ai l'impression que je vais mourir bientôt. Je suis oppressée et -chose curieuse- j'ai peur de mes 97 ans proches. Que faire et que dire et à qui? Mais par contre mon regard est ravi par la contemplation de 2 roses rouges “superbes” et parfumées à plaisir que J. m'a apportées hier."

J'avoue que ces phrases simples, écrites d'une main et d'une orthographe encore fermes et assurées, m'ont plongé dans un abîme de réflexion. C'était comme si je voyais les deux roses en question.

*

Des fleurs et des jardins, il en est également question dans le superbe ouvrage (coordonné par Luce Lebart) qui s'apprête à paraître, en complément de l'exposition homonyme: Natures vivantes. Images & jardins d'Albert Kahn (coédition musée départemental Albert-Kahn, et Atelier EXB). Les autochromes qui y sont reproduits sont sidérants de beauté.




J'en parle d'autant plus fièrement que j'y ai écrit trois contributions... en un temps record. Il y est bien sûr question de l'inépuisable Jean Comandon et de ses films. Je remercie Philippe Dubois de s'être souvenu de moi.




22 avril 2024

Vélo d'"advertisement"

Ci-dessous, l'enregistrement (à basse définition) d'une petite communication donnée il y a huit jours à Lausanne, devant des collègues suisses et français. Le sujet m'a beaucoup intéressé. Il présentait en tout cas, à mes yeux, l'énorme avantage de ne pas avoir été vraiment étudié en tant que tel auparavant. En fait, je n'apprécie que ce genre de gageure.

Le texte paraîtra prochainement, beaucoup plus fouillé. À Lausanne, il s'agissait d'une simple communication "mains dans les poches", si j'ose dire.

Merci à Benoit Vanhees, Phil Southerland, Patrick Lefevere, etc.



T. Lefebvre : 
"Quand l'industrie pharmaceutique sponsorise le cyclisme"
(Lausanne, 14 avril 2024).

19 avril 2024

"Crois ce que tu préfères"

Le problème avec la curiosité, c'est que quand vous l'avez chevillée au corps et surtout à l'esprit, vous ne pouvez plus vous en dépêtrer. Vous êtes littéralement englué en elle. Elle vous obsède au point de devenir une part dominante de vous-même. Elle vous pousse à chercher en permanence et -chemin faisant- à découvrir des choses que vous êtes peut-être le seul à savoir ou simplement à comprendre, à l'instant donné qui est le vôtre. 

Et ces choses, même si elles ne figurent pas au "hit-parade" de ce dont tout le monde parle à une époque donnée, méritent d'être racontées, parce que la vie ne réside pas dans des concepts vaguement surplombants, dans de grandes idées dont le futur démontrera à coup sûr qu'elles étaient sans intérêt et bien prétentieuses, dans ce que nous dictent les médias assourdissants et aveuglants, ni dans les rôles que la vie sociale nous assigne, mais dans des faits parfois hors du commun, réellement vécus par nous ou par d'autres, faits le plus souvent nés, sinon du hasard, du moins de circonstances imprévisibles. 

Une curiosité très aiguisée vous conduit inévitablement à devenir un "fictionneur" du réel. Vous finissez par avoir des tonnes d'histoires en vous, vous souhaitez les raconter ou les écrire (c'est humain), mais le temps qui vous est imparti sur cette Terre se réduit au fur et à mesure que ces histoires se multiplient et se complexifient. 

C'est très compliqué à gérer, mais au moins on ne s'ennuie pas et on est son propre maître.

16 avril 2024

La Beauté sur la terre

Me voilà de retour du Léman suisse où j'ai eu le plaisir de donner trois communications en trois jours, dont une en particulier dans la salle de conférence du château de Nyon. Voilà ce qu'on voyait depuis une fenêtre.



Vue depuis le château de Nyon.
Photo : T. Lefebvre.


En me promenant dans Lausanne ensoleillée, à l'angle de la place de la Riponne et de la rue Haldimand, je me suis évidemment arrêté devant cette plaque. En réalité, la maison natale de Ramuz a été détruite et remplacée par un immeuble. Cela donne néanmoins envie de relire l'admirable Découverte du monde (1939).