mercredi 31 mai 2023

Ruminer en marchant

Jean-Paul Sartre disait prendre des cachets de Corydrane pour pondre ses pensums. Voilà qui est bien germanopratin! Pour ma part, je préfère la marche à pied.

"Quand un voyageur demanda à la domestique de William Wordsworth de lui montrer le bureau du maître, elle lui répondit: “Voici sa bibliothèque, mais son bureau est en plein air.

"Ambulator nascitur, non fit", déclarait pour sa part Henry Thoreau, se lamentant que ses contemporains passent leurs journées les jambes croisées, "comme si les jambes étaient faites pour s'asseoir, et non pour se mettre debout et marcher."

En tout cas, en marchant au gré de son inspiration, les idées se bousculent et les livres s'ébauchent. C'est si simple que ça en paraît compliqué.

Rien à voir: j'ai lu la quatrième de couverture du dernier livre d'Onfray dans un supermarché. J'ai oublié le titre, mais j'étais plié en quatre. Je vous la recommande donc à titre hygiénique (juste la quatrième de couverture!). En voilà un, en tout cas, qui ne marche pas assez, ou alors sur la tête.

J'en profite pour signaler que mon intervention dans l'Apothicast (qui poursuit gentiment son chemin) se trouve en ligne sur YouTube.



L'Apothicast (Bastien Delattre).

Et par ailleurs, je viens de retrouver une conférence inédite de Claude Mettra, le mythique producteur de France Culture. On en reparlera.

mardi 23 mai 2023

Ici, on pense

À quelques kilomètres de Paris, pas très loin de chez moi, mais je ne vous dirai pas où... 

L'envol du cormoran nécessite le calme.


jeudi 11 mai 2023

Cause dans le poste

Le 26 avril 2023, j'ai répondu à quelques questions d'Alma Rolando sur Radio Campus Lorraine. C'est toujours un plaisir de répondre à de jeunes animatrices et animateurs, même si j'ai parfois l'impression de me répéter un peu, beaucoup, passionnément.

On peut écouter l'enregistrement en suivant le lien ci-dessous. Ça se passe entre la 30e et la 48e minute.


À ce propos, je suis en train d'écrire un nouveau livre sur la radio (comme c'est étrange!), en toute décontraction et sans pression d'aucune sorte. Déjà près de 200.000 signes couchés sur mes cahiers couleur orange en un peu plus d'un mois.

C'est un régal d'être seul face à son écriture et à ses pensées, et de n'avoir rien à prouver. Je ne regrette décidément pas d'avoir mis un terme à ma carrière universitaire: je redécouvre la liberté absolue et peine à comprendre tous ces enseignants qui rempilent au-delà de l'âge légal. Il y a là quelque chose que je ne comprends pas. Ou plutôt si: que je ne comprends que trop. Graham Greene n'a-t-il pas écrit: "Il semblait toujours étrange à Wormold qu'il continuât à exister pour les autres lorsqu'il les avait quittés." (Notre agent à La Havane)

vendredi 5 mai 2023

Depeche Mode

Non, je ne me trouvais pas dans l'Arena Mobile de Las Vegas il y a un peu plus d'un mois. D'ailleurs, j'y aurais fait tache avec mes cheveux blancs.

Mais je me trouvais bien dans le Palais Omnisports de Bercy le 17 décembre 1984, au niveau de la régie. Il y avait encore plus de monde ce soir-là. Et on y jouait déjà cette merveilleuse chanson de Martin Lee Gore.



Enjoy the Silence (Depeche Mode).


Rien n'a changé, à quelques détails près: tout le monde a vieilli, personne ne veut mourir et presque tout le monde tient son smartphone comme un cierge.

J'adore toujours cette chanson...

mardi 2 mai 2023

Je est un autre

Il y a quelques années, j'ai déjà évoqué dans ce blog la surprise qui fut la mienne, en me découvrant, à l'occasion d'une recherche au sein des collections de l'Institut national de l'audiovisuel, dans le journal télévisé de 20h du 27 juin 1986 d'Antenne 2 (ancien nom de France 2).

Voici le JT en question et ça commence vers la 18e minute, après une grève dans l'audiovisuel public et avant des problèmes politiques en Italie. Rien n'a changé, donc, sauf mes cheveux.




JT de 20h d'Antenne 2, 27 juin 1986.
Archives INA.

À l'époque, je n'avais pas de télévision (je n'en ai toujours pas). Il a donc fallu plus de trente ans pour que je découvre ces images, dont je me rappelais à peine qu'elles avaient été tournées. 

On y voit, par ordre d'apparition: Gérard Lemaire, Jean-Louis Rosenberg, Didier de Plaige, moi-même et, en guest-star, farfouillant parmi les disques, Stéphane Leroy.

Si vous le souhaitez, je vous expliquerai le contexte de ces images dans un prochain post. (Pour me contacter, je rappelle que l'adresse se trouve en haut.)

samedi 29 avril 2023

En souvenir de Michel Daudin

Je viens de déplacer de deux "crans" la barrière mobile de la Revue d'histoire de la pharmacie sur Persée. Cela signifie en clair que les articles qui y ont été publiés en 2017 et 2018, sont désormais en libre accès. En parcourant cette liste de près de 250 nouveaux articles et notes, je m'étonne, encore et toujours, du travail accompli par cette société qui vient de fêter il y a peu ses 110 ans.

Je redécouvre également une de mes nombreuses notes, publiée dans le n°394 de juin 2017 sous le titre "Le dernier mécénat des laboratoires Delalande". [Cliquer sur le lien.]

J'aime bien ce texte. D'abord, parce qu'il est le fruit d'une de ces enquêtes dont je raffole. Ensuite, parce qu'il m'a permis de croiser un être hors du comun: Michel Daudin (1951-2017).

Cet homme d'esprit et de conviction, comme on rencontre finalement assez peu au cours d'une vie, se savait malade et sur le point de tirer sa révérence. Il m'a pourtant légué cette histoire assez incroyable, qui s'apparente à un conte de fées. Aujourd'hui encore, sa confiance m'honore.



Jaquette du coffret de 4 CDs des Symphonies (Harmonia Mundi, 1990).


mercredi 26 avril 2023

Hit the water !

 "Les Américains n'en finiront décidément pas de nous étonner. Le 22 octobre dernier, par exemple, une journaliste de la radio WNBC s'écrasa en hélicoptère non loin de Manhattan. Comme par hasard, son micro était ouvert à ce moment et des milliers d'auditeurs ont pu vivre ainsi en direct, et “comme s'ils y étaient”, le crash mortel. [...]"

C'est le tout début d'un de mes tout premiers textes, que m'avait commandé Didier de Plaige vers la fin octobre 1986. Il fut publié dans la Lettre qu'éditait alors sa station.

Je ne me souviens plus des circonstances du choix de ce fait-divers. D'ailleurs, en le relisant, j'ai été pris d'un doute: ne l'avais-je pas tout simplement inventé pour les besoins d'une démonstration oiseuse? Le New York Times du 23 octobre 1985 m'a rassuré sur ce point: la journaliste en question s'appelait Jane Dornacker. Elle avait 39 ans, et en aurait donc 76 aujourd'hui. L'hélicoptère -un Enstrom F-28 défectueux- survolait le tunnel Lincoln lorsque Jane et son pilote se crashèrent dans l'Hudson.

Aujourd'hui, par la magie (noire) du web, il m'est possible d'entendre enfin cette séquence ô combien dramatique, dont je n'avais à l'époque qu'une perception très vague et purement abstraite. Les sept secondes de silence entre la rupture de la liaison HF et la prise de parole de l'animateur en studio (Joey Reynolds) sont ce que j'ai entendu de plus intense à la radio.




Jane Dornacker (1947-1986) était également 
musicienne, chanteuse et comédienne.


vendredi 21 avril 2023

En différé d'Aligre FM

Hier, jeudi 19 avril 2023, j'étais l'invité de Nadia Ettayeb sur Aligre FM. Nous avons échangé sur... l'histoire des radios libres.

Rappelons que cette radio associative parisienne a débuté ses émissions le 31 décembre 1981 à minuit, il y a donc près de 43 ans.



Avec le jeune technicien Amazir Hamidaine-Guest dans la régie.
La console de mixage est une Yamaha.
Photo : C. Raynal.




Avec Nadia Ettayeb.
Photo : C. Raynal.


Pour l'anecdote, il m'est arrivé à plusieurs reprises d'assurer la technique de cette station, en dépannage. Il s'agissait de l'émission du samedi matin Cinéma à la clé, de mon camarade d'université Philippe Rouyer. Cela se passait en 1988 et Supernana dirigeait alors Radio Aligre (comme on l'appelait encore, je crois).

Philippe Rouyer est aujourd'hui président du Syndicat français de la critique de cinéma (SFCC) et un des intervenants réguliers du Cercle de Canal+. Je peux assurer qu'il n'a pas changé d'un iota depuis 35 ans: même sérieux, même drôlerie, même faconde.

Finalement, avoir accompagné les débuts médiatiques de Nicolas Saada et Philippe Rouyer, ce n'est quand même pas donné à tout le monde. Pour ma part, j'avais sans doute trop lu et relu La Société du Spectacle pour me résigner à jeter l'ancre. Je me suis contenté de papillonner. J'aime bien les papillons.

mercredi 19 avril 2023

Trésors de la Radio Scolaire

À la demande d'Irène Hervois, j'ai récemment contribué à deux reprises au tout nouveau site internet des archives audiovisuelles du Réseau Canopé. 

La première de ces contributions s'intitule "Dans la fabrique du journal parlé de France Inter (1975)" et s'intéresse à deux émissions de la Radio Scolaire produites par Antoinette Berveiller et diffusées les 14 et 16 octobre 1975.




La seconde contribution rend hommage à un homme exceptionnel que j'ai un peu connu: Francis Lacassin (1931-2008). Elle s'intitule "Trois questions à Thierry Lefebvre". Elle est illustrée par trois émissions de Nicole Zucca, une des principales productrices de la Radio Scolaire. J'y évoque ma propre découverte de l'œuvre complexe de Jack London, alors que j'étais adolescent.




Textes et émissions sont accessibles en cliquant directement sur les deux captures d'écran ci-dessus.

mardi 18 avril 2023

Nixon in China

De retour de Toulouse, où j'ai fait une petite communication sur les activités d'Eugène-Humbert Guitard, le créateur de la Revue d'histoire de la pharmacie dont je m'occupe depuis vingt-six ans... Avec l'aide de l'énergique Inès Gayrard, nous avons également monté à la faculté de pharmacie une exposition sur l'histoire de l'aspirine. J'y reviendrai.

Mercredi dernier, j'ai eu le bonheur d'assister à une représentation du génial Nixon in China (John Adams, 1987), à l'Opéra de la Bastille, dans une salle comble.

Grand souvenir de la fin de mes années 80... Encore merci, Monsieur Adams!

Pour se faire une idée, voilà un petit extrait de la version discographique de 1988...




lundi 3 avril 2023

Radio/Sakamoto

"Radios internationales: des outils de mobilisation du grand public en pleine transformation". C'est le titre d'une contribution parue le 28 mars 2023 dans The Conversation. Texte coécrit avec Sebastien Poulain, qui en eut l'initiative.

On peut le lire en cliquant sur l'image ci-dessous.




Aujourd'hui, j'ai une pensée pour Ryuichi Sakamoto (1952-2023). Il m'a beaucoup influencé et m'inspire toujours. Je me souviens de l'avoir vu et écouté au piano solo à la Fondation Cartier pour l'art contemporain il y a... plus d'un quart de siècle.

Son morceau Chinsagu No Hana, inspiré d'un morceau traditionnel japonais, me servit de générique pour quelques émissions conçues à Radio Libertaire en 1993.






Ryuichi Sakamoto, Chinsagu Non Hana (tiré de l'admirable album Beauty).


Et je passais souvent à la radio Bamboo Music, un des fruits de sa collaboration avec David Sylvian, dans les années 80...



Merci Monsieur Sakamoto pour tous ces instants !

samedi 1 avril 2023

Cassette retrouvée

1er avril 1985, 0 heure passée de quelques minutes. Je débute une émission sur Fréquence Libre (103.1 MHz). Une idée farfelue me traverse l'esprit: me brancher sur une autre station -une des désormais rares stations "où l'on cause" la nuit- et convier mes propres auditeurs à intervenir dans les débats qui s'y déroulent.

Je connecte Radio Ici & Maintenant (96.6 MHz) à ma console de mixage et monte le curseur. La voilà désormais retransmise sur Fréquence Libre! L'animateur n'est autre que le flegmatique Jean-Louis. On y parle de cancer, de mélanome, de triple pontage, d'erreur médicale, etc., bref que de choses pas marrantes qui n'intéressent que les hypocondriaques.

Un de mes auditeurs s'est inscrit au standard d'Ici & Maintenant. Quelques minutes plus tard, il passe à l'antenne et fait tourner en bourrique le pauvre Jean-Louis. Mission accomplie: un auditeur de Fréquence Libre est intervenu à l'antenne d'Ici & Maintenant, elle-même retransmise et commentée sur Fréquence Libre. Mise en abyme, quand tu nous tiens!

Branchons-nous maintenant sur Radio Mouvance, vers 106 MHz...


lundi 20 mars 2023

Vive l'artisanat !

Je ne connais rien de plus agréable que d'écrire un livre. Ça tombe bien, c'est ce que je fais en ce moment.

Bien sûr, il ne faut pas croire que les choses soient simples. Je ne compte pas les mois, parfois les années qui précèdent. Est-ce que ça vaut la peine? Est-que j'ai la matière? Est-ce que ça intéressera quelqu'un? Y aura-t-il un éditeur? Pourquoi faire? Vers quel état j'erre?

Et puis zut! Vient le moment où on décide de se lancer. On use enfin de son libre arbitre, et pas simplement devant l'étal du poissonnier ou sa télécommande. On se met à écrire tout le temps, d'abord virtuellement dans sa tête, en marchant, surtout en marchant, dans les rues, dans les bois, au bord des cours d'eau, chez soi aussi en faisant la vaisselle ou en passant l'aspirateur. On ne perd plus son temps à se tenir au courant de l'actualité. De toute façon, quoi qu'il se passe, la Société du Spectacle veille au grain. On ne promène plus son chien, d'ailleurs on n'en a jamais eu.

Puis on commence à mettre en forme à l'aide d'un "simple" stylo (mais quoi de moins banal qu'un stylo?). On gribouille, on rature, on insère des flèches pour repositionner des bouts de phrase.

Pour ma part, j'ai tendance à noircir d'une écriture fine des bandes de papier de 21cm sur 10 (en fait, une feuille A4 imprimée recto -j'en ai un plein stock depuis quarante ans que j'écris-, coupée en trois dans le sens de la largeur). J'emprunte cette manie à l'ami Proust, dont les "paperoles" m'ont toujours fasciné.

Ensuite, je retranscris ou modifie sur un cahier ou au verso de simples feuilles A4 réemployées. Je corrige, je rature encore. À un moment donné, je mets ça au propre en tapant sur un clavier, mais souvent (pas toujours) je retarde ce moment de la modernité normalisante.

Bref, j'en ai pour quelques mois, alors il ne faut pas trop qu'on m'embête...

jeudi 9 mars 2023

Du radium dans Tho-Radia ?

Y avait-il du radium dans Tho-Radia? La réponse se trouve dans cet article qui vient de paraître dans le n°417 de la Revue d'histoire de la pharmacie

Pour celles et ceux qui ne sont pas abonnés, il faudra patienter six ans avant que Persée ne le mette en ligne.




Ce texte m'a beaucoup amusé. Il renforce ma conviction que pour bien faire de l'Histoire, quel qu'en soit l'objet, il faut élargir le champ, un peu comme le fait Stanley Kubrick dans Barry Lyndon.

C'est ce que j'essaie de faire également pour les radios libres. Un exemple parmi tant d'autres: parti du 14e arrondissement, je me retrouve aujourd'hui du côté de Cuiaba au Brésil. Pas besoin de brûler du kérosène et de tuer la planète à petit feu pour voyager inutile!

mardi 7 mars 2023

À propos de "La Bataille des radios libres"

En rupture de stock depuis plusieurs années, La Bataille des radios libres est à nouveau disponible depuis l'été dernier. Ce qui signifie que l'ouvrage n'est plus considéré comme "manquant" par les libraires. En pratique, il peut être imprimé sur le champ -"à la demande"- par la société Lighting Source France, partenaire de Nouveau Monde éditions. Le libraire vous prévient par SMS dès réception dans son magasin, généralement le lendemain ou le surlendemain.



Informations sur le site de Nouveau Monde.


Et le plus curieux, c'est que ça marche, et même plutôt bien pour un bouquin vieux de quinze ans... Contrairement au livre numérique dont on nous promettait monts et merveilles, mais qui n'a jamais réussi à trouver son public en dehors de quelques usages professionnels. 

L'"impression à la demande" (ou print on demand) semble donc être l'avenir de la filière du livre. Elle remet au goût du jour la "longue traîne" postulée par Chris Anderson il y a près de vingt ans et se révèle une arme redoutable contre Amazon.



Exemple de système de commande sur placedeslibraires.fr.
Pour commander directement, c'est ICI.


Seul hic, la version imprimée en 2023 est toujours celle de 2008, alors que j'aurais tant de corrections et compléments à y apporter. Les connaissances sont donc figées dans le temps. 

La prochaine "révolution" passera donc sans doute par la "dé-professionnalisation"des outils de PAO et la possibilité pour l'auteur de modifier périodiquement son texte et la mise en page, sans pour autant passer par l'auto-édition. Les éditeurs feraient bien d'y réfléchir.

lundi 6 mars 2023

Sympathiques forçats de la route

J'ai toujours été fasciné par les coureurs cyclistes professionnels. Voilà un boulot qui m'aurait bien plu, mais je n'avais ni le talent, ni l'énergie, ni l'opiniâtreté, ni l'abnégation nécessaires.

La première fois que j'en ai vus "en chair et en os", c'était à l'occasion d'un critérium à Perpignan il y a bien longtemps. J'étais ado.

Je me suis donc rendu hier à La Verrière pour le départ du 81e Paris-Nice. L'occasion de croiser quelques-uns de ces champions et parfois d'échanger avec eux. Et puis je suis tombé en arrêt devant ce vélo.



Photo : Thierry Lefebvre.


Le nom de son génial propriétaire était inscrit sur la fourche arrière.



Photo : T. Lefebvre.

Et puis je me suis fait un petit plaisir de gamin en posant avec le courageux Jonas Vingegaard, vainqueur du Tour de France 2022. Merci à lui!



Photo : T. Lefebvre.

mercredi 1 mars 2023

Les Nuits de la pleine lune (IV)

Je me réveille, mais il est encore bien trop tôt. Alors je me replonge dans un vieux souvenir que j'aime bien. J'ai quarante ans de moins. Je suis assis dans l'escalier qui conduit au sous-sol de La Boule blanche. Que font-ils derrière la porte? Brusquement, sans crier gare, Pascale Ogier ouvre la porte et me regarde.

Elle referme la porte, puis la rouvre une minute plus tard. J'appuie sur le déclencheur de mon petit appareil photo.



Planche contact. 
Photographe: Thierry Lefebvre.

Puis les souvenirs s'enchaînent. Je revois un cours d'Éric Rohmer au centre Michelet. Il nous parle du Faust de Friedrich Wilhelm Murnau, son film fétiche. Murnau, Stiller, Sjöström, quelques grands maîtres me reviennent en mémoire, leurs images défilent. Je pense soudain que 99,99% de mes contemporains n'en ont peut-être jamais entendu parler. Tant pis pour eux! 

Retour dans le sous-sol de La Boule blanche... Rohmer et son ingénieur du son sont penchés sur un magnétophone à bande; ils réécoutent au casque un dialogue enregistré quelques minutes plus tôt entre Pascale Ogier et Fabrice Luchini. 

Puis à nouveau le regard de Pascale Ogier, quelques mois avant sa mort. C'est chouette d'avoir autant de trucs sympas à se raconter la nuit...



Les Nuits de la pleine lune.
Capture d'image.

samedi 18 février 2023

Elle est retrouvée. Quoi ? L'éternnité [sic]

Me promenant hier dans un haut lieu de la France dite "éternelle" (enfin, une éternité qui ne remonte guère qu'à un peu plus de trois cents ans), après m'être repu les yeux d'un chevreuil et de deux écureuils facétieux, je suis tombé sur cette modeste inscription au marqueur noir qui m'a plongé dans un abîme de réflexion.



Je ne sais pas si la France est éternelle, mais l'orthographe, elle, me semble bien précaire...


jeudi 16 février 2023

Profession : enquêteur

Hier, à l'occasion de la séance de la Société d'histoire de la pharmacie, qui s'est tenue à la Faculté de pharmacie de Paris, j'ai exposé les résultats de mon "Enquête sur le certificat de radioactivité de Tho-Radia".

Je suis parvenu à identifier son auteur et, à partir de là, je suis allé de surprise en surprise. Ce pourrait être un formidable sujet de roman.

Petit indice en attendant la vidéo et l'article à paraître dans le prochain numéro de mars de la Revue d'histoire de la pharmacie (n°417): son nom apparaît dans la correspondance de Pierre et Marie Curie...


vendredi 10 février 2023

Pourvu qu'on ait l'ivresse

C'est un joli cadeau que l'on vient de me faire: un flacon de 15ml de laudanum "pour usage externe". Il semble dater des années 1950 et provient d'une pharmacie de Nanterre (numéro d'ordonnancier 263.664). Il n'a visiblement jamais servi. 

"50 gouttes par cataplasme", est-il précisé sur l'étiquette. J'ai raconté dans mon livre sur Artaud comment ce type de prescription pouvait être aisément détourné.

Comme on peut le voir, ça tient dans la main...




Rien à voir, quoique... Bernanos a écrit en 1947: "On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l'on n'admet pas d'abord qu'elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure." Je ne suis pas d'accord avec Bernanos, ce n'est pas une conspiration mais au contraire une profonde aspiration de l'être humain "moderne": se fuir lui-même, en s'abrutissant de bruits, de paroles et préoccupations vaines, de musique, d'images et de mots imprimés. Moi le premier d'ailleurs, et je trouve ça désolant.