samedi 14 janvier 2023

Peinture fraiche

Les grèves de la faim de Didier de Plaige, c'était encore un autre truc incroyable. J'ai assisté à celle de l'été 1986: 41 jours de jeûne alimentaire, avec hydratation et supplémentation vitaminique, simplement pour obtenir de TDF le confort d'écoute qui avait été promis. Ça me paraissait surréel.

Moi qui commençais à voir affluer des patients sidéens cachectiques dans mon hôpital de Clamart, je n'en revenais pas. Cela en valait-il vraiment la peine? Pour Didier, la réponse était oui. C'était un moyen d'action non-violent, inspiré de Lanza del Vasto qu'il admirait par-dessus tout. On en discutait parfois. Je le revois avec sa bouteille d'eau dans son bureau, non loin de Beaubourg et de l'Ircam. Comme si c'était hier.

D'ailleurs, en y repensant, c'est par l'intermédiaire d'Ici & Maintenant que j'ai rencontré "mes" premiers grévistes de la faim. La date reste gravée dans ma mémoire: le 6 août 1983. C'était au sous-sol de la galerie "Peinture fraiche", 29 rue de Bourgogne. La radio s'y était installée pour quelque temps et je m'y rendais parfois en curieux. 

Je me souviens que ça se passait à l'occasion du "Jeûne pour la vie", une action mondiale contre l'armement nucléaire. C'était l'anniversaire du bombardement d'Hiroshima. Le problème n'a pas été résolu depuis, il a même franchement empiré. 

Je ne me souviens plus si Solange Fernex était présente cette nuit-là, peut-être parlait-elle au micro, mais j'ai discuté avec quelques-uns de ces jeûneurs jusqu'au-delà de minuit.

Aujourd'hui, je connais plusieurs personnes qui disent pratiquer des "jeûnes" pour se maintenir en bonne santé. Le mot me semble bien galvaudé, car l'objectif est bêtement utilitariste. Aucune foi ne les anime, cela va de soi. Disons qu'ils se contentent de ne pas manger de temps en temps, mais le dire comme ça, c'est sans doute trop prosaïque.

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