Le 16 février 1990, j'étais de garde à l'hôpital Antoine-Béclère. Mon camarade des urgences me montre l'image étonnante d'une décharge de pistolet à grenaille dans un cerveau humain. Il s'agit d'un homme de 38 ans. Son frère vient de lui tirer à bout portant dans le crâne. Au scanner, on voit l'impact, la trajectoire des grains de métal et les petites particules au nombre d'une trentaine. C'est très beau. L'homme, dans un coma agité, restera hémiplégique.
Le 9 juillet 1990, je reçois une lettre de Bertrand Jérome (1926-2006) à l'en-tête des Papous dans la tête : "Bravo! votre titre, pour cette version inédite de Phèdre, a été adopté et ce petit cadeau est pour vous. Croyez bien que nous sommes très heureux de vous savoir à l'écoute des Papous...". Je ne me souviens plus de la trouvaille en question, mais ce fut ma première contribution aux travaux de l'Oulipo. On doit pouvoir trouver ça dans les archives de France Culture. Je n'ai pas retrouvé non plus le "petit cadeau", mais il s'agissait du CD ci-dessous. Ironie: je n'avais pas de lecteur à l'époque!
Le 21 novembre 1988, à l'occasion d'une de nos nombreuses séances de travail, Claude-Jean Philippe me raconte l'histoire d'une vieille femme mise en prison à la fin des années 1940 pour "complicité d'avortement" (elle avait fourni un numéro de téléphone à une amie). Elle écope d'un an de prison. De la prison de Versailles où elle a été incarcérée, elle fait part de son plaisir à sa famille: "Cette prison a une admirable architecture du XIXe siècle." Puis Claude-Jean Philippe me cite un extrait de My Darling Clementine: "- Et vous, barman, avez-vous déjà été amoureux? - Non Monsieur, j'ai toujours été barman." Claude-Jean Philippe avait également une curieuse habitude: il collait des étiquettes d'orange sur les murs de son grand appartement de la rue Beaubourg.
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