13 août 2022

Simulacres et MacGuffin

Préparant une nouvelle et prochaine intervention sur les produits de beauté Tho-Radia, cette fois-ci à Milan, je relis le dernier paragraphe de notre ouvrage Les Métamorphoses de Tho-Radia (qui fêtera bientôt ses dix ans):

"Aujourd'hui, le génie machiavélique du mystérieux Dr Alfred Curie continue à se déployer sous le chapiteau du Grand Cirque de Bohème, la rousse Tho-Radia traverse les bandes dessinées de Jérôme Jouvray, et les produits inoffensifs commercialisés par la SECOR servent à illustrer les propos des contempteurs de l'énergie nucléaire. Un monde de simulacres s'est progressivement substitué à celui, jadis bien réel, de Tho-Radia. Il était temps de gratter la patine, afin de nous rendre compte, une fois de plus, que la réalité dépasse la fiction."

Pourtant, depuis dix ans les simulacres n'ont cessé de proliférer, comme le montre une simple recherche sur "Google Images":



Il y en a des pages et des pages comme ça.


En fait, le radium c'est le MacGuffin de Tho-Radia. J'adopte là le célèbre bon mot d'Alfred Hitchcock: le MacGuffin est un prétexte au développement d'un scénario, comme l'est, par exemple, l'uranium dans les bouteilles de vin de Notorious (1946). Nous sommes comme le menu fretin, nous avons besoin de MacGuffin pour mordre aux hameçons piégeux qui nous ont été tendus, partout et nulle part.



Ingrid Bergman et Cary Grant dans Notorious d'Alfred Hitchcock.


De là, la multiplication des simulacres. "Le simulacre, c'est la copie à l'identique d'un original n'ayant jamais existé", écrivait très justement Baudrillard.

On trouvera dans le prochain numéro de la Revue d'histoire de la pharmacie, dont je m'apprête à signer le bon à tirer (n° 415, septembre 2022, p.375-386), quelques nouvelles informations inédites sur Tho-Radia.


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