samedi 2 janvier 2021

Gloubi-boulga

Je parcourais hier l'ouvrage collectif de Ruth Anderwald, Karoline Feyertag et Leonhard Grond (eds), Dizziness - A Ressource [Vertiges: une ressource] (Berlin, Sternberg Press, 2019), lorsque je tombai sur le passage suivant:

"From its very beginnings, the experience of dizziness was connected to the cinematic experience which affects first, but not solely, the body, either as an effect consciously sought after or as an unwellcome side effect, such as cinématophtalmie, a term coined by French ophthalmologist Thierry Lefebvre in 1909 to communicate the harmful, dizzying effect of cinema to the healthy human being." (p.36)

Je m'insurge! Je ne suis pas ophtalmologue et je n'étais pas encore né en 1909. En revanche, j'ai bien écrit en 1993 un petit article intitulé "Une “maladie” au tournant du siècle: la “cinématophtalmie”" (Revue d'histoire de la pharmacie, n°297, 2e trimestre 1993, p. 225-230). On peut le retrouver ICI. J'en connais par ailleurs deux traductions: une en espagnol ("Una “enfermedad” de finales de siglo: la “cinematophtalmia” dans le n°22 des Archivos de la filmoteca de Valencia en 1996); et l'autre en allemand ("Flimmerndes Licht. Zur Geschichte der Filmwahrnehmung in frühen Kino" dans le n°5 de Kintop à Frankfurt-am-Main, également en 1996).

On peut y lire que le Dr Étienne Ginestous (1870-1945), oculiste à l'hôpital suburbain des enfants de Bordeaux, imagina le néologisme de "cinématophtalmie" en 1909. Et on s'apercevra que cette "maladie" n'avait strictement rien à voir avec la notion de vertige.

Le recherche "gloubi-boulga" - avec cette pincée de "seconde main" qui en relève soi-disant le goût - a encore de beaux jours devant elle.

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