mardi 5 janvier 2021

Trop sachant pour être honnête

En toute époque, nous nous trouvons sous l'emprise médiatique d'une poignée d'"ultra-sachants" qui, forts de leur expertise, sans doute avérée dans leur étroit domaine de spécialité, mais aussi d'un certain entregent, se croient obligés de nous vulgariser la totalité des connaissances scientifiques de ce bas-monde. Omniscients au moins en apparence, ils accaparent notre attention en saupoudrant de bavardages notre ignardise et en faisant miroiter devant nos yeux hagards le mirage de la totalité du Grand-Tout.

C'est agaçant à la fin !

Ça agaçait déjà Conan Doyle en 1912. Je cite le génial professeur George Edward Challenger, héros du Monde perdu. Rappelons qu'à l'époque, la radio et la télévision n'existaient pas:

"Les conférences populaires sont ce qu'il y a de plus facile à écouter, mais Monsieur Waldron [un ultra-sachant de ce temps-là] m'excusera si j'affirme que de toute nécessité, elles sont à la fois superficielles et fallacieuses, puisqu'elles doivent se placer à la portée d'un auditoire ignorant. Les conférenciers populaires sont par nature des parasites. Ils exploitent, pour se faire une renommée ou pour gagner de l'argent, le travail qui a été accompli par leurs frères pauvres ou inconnus. Le plus petit fait nouveau obtenu en laboratoire, une brique supplémentaire apportée pour l'édification du temple de la science a beaucoup plus d'importance que n'importe quel exposé de seconde main, qui fait certes passer une heure, mais qui ne laisse derrière lui aucun résultat utile. J'exprime cette réflexion [...] afin que vous ne perdiez pas le sens des proportions et que vous ne preniez pas l'enfant de chœur pour le grand prêtre."

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