En tentant de mettre de l'ordre dans mes archives fragmentées et lacunaires, je fais de curieuses (re)découvertes. C'est ainsi que le 9 août 1989, je notai dans un agenda: "Début de l'histoire de la FM". Visiblement, il s'agissait d'un projet d'ouvrage encore très vague, auquel semblaient se rattacher des bouts de textes épars tapés sur ma machine à écrire d'alors, une Remington portable. Je les avais réunis dans une pochette portant la seule mention "FM".
J'y lis en particulier que j'étais présent à la fameuse manifestation du 3 septembre 1983 entre République et Barbès. J'y rencontrai Denis Clair, le responsable de Radio Paris-Île-de-France, que je devais d'ailleurs recroiser six ans plus tard dans des conditions que je conterai prochainement. J'y rencontrai également Floréal, l'"âme" de Radio Libertaire... Et beaucoup d'autres personnes. Trois jours plus tard, le 6 septembre 1983, je me trouvai au sous-sol de la galerie "Peinture fraîche", 29 rue de Bourgogne, où Radio Ici et Maintenant avait élu provisoirement domicile. J'y rencontrai Didier de Plaige, Fabien Ouaki et Raphaël Dubois, mais également Gérard Vinay, le responsable de feue Amplitude FFI.
Les hasards de la vie m'ont ensuite conduit à travailler, à partir de l'an 2000, sur les prémices de cette histoire, à savoir la période 1977-1981. Cela m'a permis de rencontrer bon nombre de pionniers que je n'avais jamais vus avant et de me passionner pour cette époque aventureuse.
Mais en définitive, je n'ai jamais raconté ce que j'ai réellement vu et vécu dans les années 1980, dans ma première vie (la plus insoucieuse), sinon de manière allusive, par exemple dans Carbone 14 (chapitre 25) ou à l'occasion de rares interviews. Et pourtant, Dieu sait si j'ai vu des choses et croisé des gens, les uns sympathiques, les autres très étranges. Je viens d'établir une première liste de soixante à soixante-dix noms spontanément évocateurs. C'est un très original corpus et je me demande ce qui m'empêche de travailler dessus, maintenant que j'en ai le temps. Nous autres, historiens ou prétendus tels, passons notre temps à évoquer des périodes lointaines et des gens que nous n'avons jamais croisés, la plupart du temps pour nous rendre intéressants. Sur ceux que nous avons réellement côtoyés, nous restons muets ou peu s'en faut. Pourtant, comme l'écrit quelque part Flaubert, ce que les hommes ont de plus grand, c'est leur souvenir. Tout le reste finira dans un grenier: "on en fera de la bourre, du papier, du fumier, de l'engrais", ajoute-t-il.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire