18 mars 2025

Une enfant du rock

Elle fut une des premières animatrices reconnue de la bande FM libérée. Frank Margerin lui adressa un petit clin d'œil dans son album Radio Lucien. Antoine de Caunes lui consacra une séquence dans Houba Houba (Les Enfants du Rock). Paul Personne l'épousa. Yéyette nous a quittés le 3 janvier 2025.





Je garde d'elle un sacré beau souvenir : le jeudi 11 mars 2010, alors que je préparais mon bouquin sur Carbone 14, nous nous étions longuement rencontrés au bar de l'Aéro, 3 place de Passy dans le 16e arrondissement. Nous avions joyeusement évoqué sa carrière radiophonique, de 1982 à 1985: Carbone 14, IDFM, Carol FM, Fréquence Montmartre, Gilda.

Car Yéyette, c'était vraiment l'esprit des radios libres!

Je lui ai rendu hommage sur Histomédias, sous le titre qu'elle m'avait elle-même suggéré: "Radio libre, Yéyette libre!". C'est à cette adresse https://histomedias.hypotheses.org/1143.

Merci, entre autres, à Frank Margerin et Patrick Fillioud.

10 mars 2025

Dans la tête de Lenny Martinez

Il y a quelques mois, j'avais été frappé par un joli documentaire sur le jeune cycliste professionnel Lenny Martinez. Il s'en dégageait une telle tranquillité et une telle impression de bonheur (osons le mot), que j'ai voulu en avoir le cœur net.




C'est donc avec une très grande curiosité que je suis allé à sa rencontre hier au Perray-en-Yvelines, pour le départ de la course Paris-Nice.

Eh bien oui, il émane de lui un je ne sais quoi de serein et déterminé. C'est peu dire qu'il m'a fait une très belle impression.

Sur la photo ci-dessous, on appréciera le contraste : moi en état d'obsolescence avancée, affublé d'un cheveu en forme de point d'interrogation ("à la Nimbus") grâce à un réverbère facétieux... et lui posé, détendu et pourtant si terriblement résolu. C'est beau et si précieux la jeunesse quand elle se concentre sur son destin.

Je lui souhaite un très bel avenir. Vas-y Lenny, trace ton chemin !



Lenny Martinez au Perray-en-Yvelines, 
le 9 mars 2025. 
Photo: Thierry Lefebvre.

PS : le 13 mars 2025, Lenny Martinez a gagné la 5e étape de Paris-Nice; et le 30 mars 2025, il a terminé cinquième du tour de Catalogne.

19 février 2025

Tangerine Dream

Cela fait un peu plus de dix ans qu'Edgar Froese nous a quittés et, aujourd'hui encore, je repense à notre rencontre inespérée il y a un peu moins d'une quarantaine d'années, à quelques pas du centre Pompidou. J'aime que mes fantômes m'accompagnent.




White Eagle de Tangerine Dream.
Version 2016.
Mise en image par Prophet V.


Autre fantôme, mais que je n'ai malheureusement jamais eu l'occasion de rencontrer: Jean Ducarroir. Il en est une fois de plus question dans un de mes articles qui vient de paraître dans le numéro 12 de la revue en ligne RadioMorphoses: "La régulation des radios de l'immigration en 1982-1983: le cas de Paris" (https://journals.openedition.org/radiomorphoses/5062). Une contribution de plus sur cette histoire sans fin... Merci à Étienne Damome pour sa commande.

Enfin, pour terminer, voilà une photo du chantier de l'exposition expérimentale que j'évoquerai ici dans quelques semaines et sur laquelle je continue de phosphorer. Les panneaux verticaux font 4 mètres sur 0,93.


13 février 2025

Journée de la radio (scolaire)

C'est aujourd'hui la Journée de la Radio, selon l'Unesco. Et comme l'an passé, à la demande des archives de Canopé, je me suis intéressé à une émission de la Radio Scolaire : cette fois-ci, Les Radio-amateurs, produite en 1975 par Antoinette Berveiller (1912-2012).

Sans doute conçue à l'occasion du cinquantenaire du Réseau des Émetteurs Français (REF), l'association regroupant les passionnés d'ondes courtes, cette émission réunit autour d'un micro la productrice, un radioamateur aguerri et un élève de 13 ans.

13 ans, c'est pratiquement l'âge de Gerd Engel, le héros de Gerd et son poste émetteur, un roman pour la jeunesse de Rolf Ulrici paru en RFA en 1950 et traduit en France en 1963. Je le cite dans mon article.



L'émission et mon texte se trouvent sur le site des archives audiovisuelles de Canopé. En cliquant sur l'image ci-dessous, on y accède directement.


07 février 2025

Studio 451

Ce qui m'intéresse dans la radio, c'est moins ce qui s'y dit (il se dit tellement de choses!) que le dispositif en lui-même. Y être invité, c'est toujours pour moi - et avant tout - l'occasion d'assister à une émission en train de se faire. De l'observation participante en quelque sorte...

Ce mercredi 5 février 2025, je me trouvais donc dans une sorte de bonbonnière à l'éclairage tamisé, le studio 451 de la Maison de la Radio. Nous étions disposés en triangle: Xavier Mauduit face à la régie, moi sur sa droite, et Cécile Guilbert, l'autre invitée, sur sa gauche et donc face à moi.




Photo : Raphaël Laloum.


Dans la régie qui surplombe légèrement cette pièce capitonnée, se trouvaient, de gauche à droite, Maël Vincent-Randonnier, étudiant en master 2 d'histoire et sciences sociales à l'EHESS et stagiaire depuis trois jours, Riyad Cairat, le réalisateur de l'émission, Jean-Ghislain Maige, le technicien preneur de son, et, à peine visible à l'extrême droite de la photo, Raphaël Laloum, l'assistant de Xavier Mauduit, et peut-être Maïwenn Guiziou, la productrice, première personne à m'avoir contacté en amont.



Photo : Thierry Lefebvre.


De ce qui se disait en régie derrière la vitre, nous n'entendions évidemment rien. Seul Xavier Mauduit, grâce à son casque retour, en était informé. Et ses gestes, sourires ou apartés pendant la diffusion des documents d'archives, en disaient souvent long.



Photo : Thierry Lefebvre.


Le sourire de Maël et le visage de Jean-Ghislain se tournant brusquement vers Riyad, me convainquirent que l'expression la plus spontanée jaillissait de derrière cette vitre. J'ai toujours considéré la console de mixage (et donc la régie) comme le "réacteur nucléaire" d'une radio... "The medium is the message" en quelque sorte.

Dans le même ordre d'idée, j'aurais adoré bricoler avec les deux gars de Daft Punk, par exemple sur l'indépassable Harder, Better, Faster, Stronger (2001). Je n'arrête pas d'écouter et de décortiquer ce petit chef-d'œuvre. Quelle ambiance ce devait être autour de la console! Pour l'écouter ou le réécouter, c'est en suivant ce lien.

05 février 2025

Théophile couleur dawamesk

Ce matin, j'étais invité à France Culture dans le cadre de l'émission Le Cours de l'Histoire, pour y évoquer Antonin Artaud et quelques autres écrivains "sous emprise", avec Cécile Guilbert et Xavier Mauduit.



Xavier Mauduit scrutant l'horloge.
Photo : Thierry Lefebvre.


Pour écouter ou réécouter l'émission, il suffit de cliquer sur l'image ci-dessous.




J'en ai profité pour saluer Jean-Ghislain Maige, le technicien son de l'émission. Il m'a précisé que sa table de mixage venait de chez DHD.audio, une société de Leipzig.



La table de mixage de l'un des studios "direct" de France Culture.
Photo : Thierry Lefebvre. 


En sortant de la Maison de la Radio, je suis passé par le square des Poètes, inauguré en 1954 (il y a donc plus de soixante-dix ans) à la porte d'Auteuil. J'y ai retrouvé mon vieil ami Robert Desnos, mais également cet espiègle de Théophile Gautier qui, soit dit en passant, mériterait un bon shampoing.



01 février 2025

De la marge

Mon texte intitulé "Doyen et Comandon se sont-ils rencontrés?" est paru dans l'ouvrage catalan coordonné par Angel Quintana et Jordi Pons, Visions del cos malalt (Girona, Museu del Cinema, 2024). Le demi-Catalan que je suis en est très fier ! Finalement, ce n'est que mon 1035e article publié : il reste encore un peu de marge.




Les articles, c'est amusant, mais rien ne vaut un petit ouvrage bien rissolé. J'y travaille doucement. 

À ce propos, je m'aperçois que j'ai oublié de rendre hommage ici à Jean-Michel Rodes (1951-2023), l'ancien directeur de l'Inathèque. Ce que sont devenus les tapuscrits de La Bataille des radios libres et de Carbone 14, lui doit beaucoup. J'y reviendrai, parce que c'est une histoire très sympathique, mais avant il faut que je fouille un peu dans mes archives.



Jean-Michel Rodes sur France 2 en 2003.

26 janvier 2025

Voyage voyage

Rien ne m'agace plus que la propension de mes concitoyens à faire des milliers de kilomètres en avion pour y exhiber, aux quatre coins de la mappemonde, leur mode de vie quelque peu dégénéré (c'est un euphémisme).

N'ayant donc plus pris d'aéronef depuis bientôt une quarantaine d'années, rien ne me prédisposait à croiser, au cours d'une visite du magnifique musée océanographique de Monaco, un essaim de hauts dignitaires turkmènes.

J'y ai ainsi découvert l'existence de Gurbanguly Mialikgoulyïevitch Berdimuhamedov (dit Arkadag), président du Conseil du peuple du Turkménistan. C'est un peu l'équivalent de Trump, sauf que le nom de Trump, avec ses cinq petites lettres (comme Biden d'ailleurs), est plus facile à mémoriser. Comme quoi la renommée tient parfois à peu de choses.



Visite du musée.
GMB est le septième en partant de la droite.
Photographie : Thierry Lefebvre.


J'ai aussi suivi le tournage du film très officiel de sa visite dans ce lieu de science et de connaissance.



Un JRI turkmène sur le toit terrasse du musée.
Photographie : Thierry Lefebvre.


J'ai même photographié quatre de ses gardes du corps devant la magnifique sculpture en bronze patiné de Giorgio de Chirico, Ettore e Andromaca



Moi photographiant quatre sympathiques gardes du corps turkmènes.
Photographie : Cécile Raynal.


J'ai toujours aimé l'incongru, c'est vraiment le sel de la vie.

17 janvier 2025

David contre Goliath

Décembre 1980, cinéma "Le Marais" je crois.

Je suis entré dans la salle qui n'était pas bien grande. Le projectionniste avait fait le noir et venait tout juste de lancer le film. Mon état d'esprit d'alors? Je suis resté planté là quelques minutes avant de m'asseoir, bouche bée, yeux et oreilles littéralement hypnotisés. Je ne savais plus où j'étais.

Quarante-cinq ans sont passés, mais il me semble que je ne suis toujours pas revenu de ce saisissement. Il y a des déclics comme ça dans la vie et ils ne sont pas si nombreux: on ne sait pas vraiment ce qui se passe en soi, mais on se sent différent. 

L'affiche d'Eraserhead a longtemps "égayé" les murs de ma dérisoire chambre de bonne.



Eraserhead (David Lynch, 1977).

07 janvier 2025

Merci Charb

Mon infinie tristesse du 7 janvier 2015 n'effacera cependant jamais cette grande joie que me fit Charb le 20 avril 2005. Il illustrait une de mes interviews parue dans Charlie Hebdo. Avec ma reconnaissance éternelle !





Je reviendrais plus tard sur l'incroyable empilement de situations qui me conduisit à le côtoyer sur le papier, puisque j'essaie d'en reconstituer l'historique...

31 décembre 2024

À la Saint-Glinglin

Mieux vaut tard que jamais. Bien qu'invité à l'occasion de son inauguration en avril dernier (en qualité d'auteur de trois des textes de son beau catalogue), il m'aura fallu huit mois pour enfin voir et parcourir l'exposition "Natures vivantes" au musée Albert-Kahn. 



L'affiche de l'exposition.

J'ai beaucoup apprécié cette visite de quasi clôture. C'était un plaisir de m'y promener en toute tranquillité, sans ce grégarisme qui m'agace tant dans les espaces d'exposition.

J'y ai retrouvé, bien entendu, mes grands amis Comandon et de Fonbrune, en particulier dans leur laboratoire de biologie que j'ai tenté de décrire aux pages 122-123 dudit catalogue.



Un aspect de l'exposition.
Photo : Thierry Lefebvre.

Après avoir parcouru les splendides jardins Albert-Kahn, pour l'heure ensommeillés, je me suis rendu non loin de là, dans ce qui reste des jadis tout aussi magnifiques jardins Edmond-de-Rothschild. 

Ce matin, j'ai écrit un chapitre (le vingt-neuvième) d'un ouvrage qui me tient à cœur.

26 décembre 2024

Dégustation rêveuse

En tentant de mettre de l'ordre dans mes archives fragmentées et lacunaires, je fais de curieuses (re)découvertes. C'est ainsi que le 9 août 1989, je notai dans un agenda: "Début de l'histoire de la FM". Visiblement, il s'agissait d'un projet d'ouvrage encore très vague, auquel semblaient se rattacher des bouts de textes épars tapés sur ma machine à écrire d'alors, une Remington portable. Je les avais réunis dans une pochette portant la seule mention "FM". 

J'y lis en particulier que j'étais présent à la fameuse manifestation du 3 septembre 1983 entre République et Barbès. J'y rencontrai Denis Clair, le responsable de Radio Paris-Île-de-France, que je devais d'ailleurs recroiser six ans plus tard dans des conditions que je conterai prochainement. J'y rencontrai également Floréal, l'"âme" de Radio Libertaire... Et beaucoup d'autres personnes. Trois jours plus tard, le 6 septembre 1983, je me trouvai au sous-sol de la galerie "Peinture fraîche", 29 rue de Bourgogne, où Radio Ici et Maintenant avait élu provisoirement domicile. J'y rencontrai Didier de Plaige, Fabien Ouaki et Raphaël Dubois, mais également Gérard Vinay, le responsable de feue Amplitude FFI.

Les hasards de la vie m'ont ensuite conduit à travailler, à partir de l'an 2000, sur les prémices de cette histoire, à savoir la période 1977-1981. Cela m'a permis de rencontrer bon nombre de pionniers que je n'avais jamais vus avant et de me passionner pour cette époque aventureuse.

Mais en définitive, je n'ai jamais raconté ce que j'ai réellement vu et vécu dans les années 1980, dans ma première vie (la plus insoucieuse), sinon de manière allusive, par exemple dans Carbone 14 (chapitre 25) ou à l'occasion de rares interviews. Et pourtant, Dieu sait si j'ai vu des choses et croisé des gens, les uns sympathiques, les autres très étranges. Je viens d'établir une première liste de soixante à soixante-dix noms spontanément évocateurs. C'est un très original corpus et je me demande ce qui m'empêche de travailler dessus, maintenant que j'en ai le temps. Nous autres, historiens ou prétendus tels, passons notre temps à évoquer des périodes lointaines et des gens que nous n'avons jamais croisés, la plupart du temps pour nous rendre intéressants. Sur ceux que nous avons réellement côtoyés, nous restons muets ou peu s'en faut. Pourtant, comme l'écrit quelque part Flaubert, ce que les hommes ont de plus grand, c'est leur souvenir. Tout le reste finira dans un grenier: "on en fera de la bourre, du papier, du fumier, de l'engrais", ajoute-t-il.

17 décembre 2024

Carbone en ligne

Cela faisait un bon bout de temps que mon ouvrage Carbone 14. Légende et histoire d'une radio pas comme les autres était indisponible dans sa version papier (que j'appellerai désormais "collector").




On peut le trouver depuis quelques jours en ligne sur Cairn.info https://shs.cairn.info/carbone-14--9782869382022?lang=fr&tab=sommaire

J'ai signé à cet effet, il y a quelques mois, un avenant avec mon éditeur, l'Institut national de l'audiovisuel. Des contrats, j'en ai tant et tant dans mes archives que je pourrais envisager de me chauffer un jour avec.

Lu dans Flaubert: "Il n'y a que les gens ayant pour métier de penser, qui se fourrent dans le cerveau les passions des époques disparues; les braves gens ont assez des leurs; ils font l'histoire - et nous, nous la lisons."

04 décembre 2024

Archéologie préventive

Le 16 février 1990, j'étais de garde à l'hôpital Antoine-Béclère. Mon camarade des urgences me montre l'image étonnante d'une décharge de pistolet à grenaille dans un cerveau humain. Il s'agit d'un homme de 38 ans. Son frère vient de lui tirer à bout portant dans le crâne. Au scanner, on voit l'impact, la trajectoire des grains de métal et les petites particules au nombre d'une trentaine. C'est très beau. L'homme, dans un coma agité, restera hémiplégique.

Le 9 juillet 1990, je reçois une lettre de Bertrand Jérome (1926-2006) à l'en-tête des Papous dans la tête : "Bravo! votre titre, pour cette version inédite de Phèdre, a été adopté et ce petit cadeau est pour vous. Croyez bien que nous sommes très heureux de vous savoir à l'écoute des Papous...". Je ne me souviens plus de la trouvaille en question, mais ce fut ma première contribution aux travaux de l'Oulipo. On doit pouvoir trouver ça dans les archives de France Culture. Je n'ai pas retrouvé non plus le "petit cadeau", mais il s'agissait du CD ci-dessous. Ironie: je n'avais pas de lecteur à l'époque!




Le 21 novembre 1988, à l'occasion d'une de nos nombreuses séances de travail, Claude-Jean Philippe me raconte l'histoire d'une vieille femme mise en prison à la fin des années 1940 pour "complicité d'avortement" (elle avait fourni un numéro de téléphone à une amie). Elle écope d'un an de prison. De la prison de Versailles où elle a été incarcérée, elle fait part de son plaisir à sa famille: "Cette prison a une admirable architecture du XIXe siècle." Puis Claude-Jean Philippe me cite un extrait de My Darling Clementine: "- Et vous, barman, avez-vous déjà été amoureux? - Non Monsieur, j'ai toujours été barman." Claude-Jean Philippe avait également une curieuse habitude: il collait des étiquettes d'orange sur les murs de son grand appartement de la rue Beaubourg.

25 novembre 2024

Rembobiner

J'ai actuellement trois projets qui m'occupent bien la tête. L'un d'eux m'oblige à "rembobiner" (dans tous les sens du terme) jusqu'autour de 1986.

Se souvenir ou plutôt tenter de se souvenir, c'est un peu comme remonter un cours d'eau au côté de Marlow, c'est "voyager en arrière vers les premiers commencements du monde, quand la végétation couvrait follement la terre et que les grands arbres étaient rois". Bref, mes souvenirs sont très broussailleux, comme devaient l'être mes cheveux à l'époque.

L'air était-il "chaud, épais, lourd, languide", comme sur le fleuve Congo? Je ne le crois pas. J'ai plutôt le souvenir d'un Paris tantôt glacial, tantôt torride.

Et moi, à défaut de tam-tams venus d'on ne sait où, je me rappelle de chansons. C'est drôle comme certaines (finalement très peu) permettent de fixer assez bien les choses.

Par exemple, Kate Bush que j'ai toujours tant appréciée...



Kate Bush, Cloudbusting (1985-1986).


Quand je trouve un peu de temps, je poursuis mon carnet de recherche: Jean Ducarroir, le CES de Marly-le-Roi et la cinémathèque Sandoz ont rejoint les précédents. Je fouille, je retrouve des interviews non retranscrites, des notes inabouties. Comme un sentiment de n'avoir pas écrit un dixième de ce que j'aurais dû.

02 novembre 2024

Bourdonne

J'ai mis en ligne sur Histomédias quelques extraits du long entretien que j'ai eu avec Gérard Fromanger (1939-2021) en février 2009. On y trouvera quelques informations inédites sur la fameuse affiche du festival de rock "radio libre expression" Antibrouille, qui se tint en juillet 1978 et fut le point d'orgue de la première partie du mouvement des radios libres.

Je repense souvent à cette rencontre. L'homme était délicieux, plein d'humour et très vif d'esprit. Et puis, quelle vie que la sienne !

Quelque part dans ses archives, ses héritiers ont dû trouver l'exemplaire de La Bataille des radios libres, qui reposait ce jour-là sur sa table de travail. Ça reste un très beau souvenir.



Gérard Fromanger, 
acteur de la bataille des radios libres. 
Photo : Thierry Lefebvre (2 février 2009).

31 octobre 2024

Concorde

On apprenait il y a peu la disparition du sénateur Claude Huriet (1930-2024). Je ne l'ai jamais rencontré et connaissais à peine son visage, n'ayant pas de télé. Mais la loi n°88-1138 du 20 décembre 1988 qui porte son nom, "relative à la protection des personnes qui se prêtent à des recherches biomédicales", a eu un fort retentissement sur une période antédiluvienne de mon existence. Le premier essai clinique dont j'eus à m'occuper avait été baptisé Concorde.



Photocopie d'un ordonnancier 
de janvier 1989.

J'ai conservé peu d'archives de cette époque et n'ai lu pas grand-chose de convaincant à son sujet. La trilogie d'Hervé Guibert, quoique romancée, reste en revanche un document inégalé. J'ai déjà évoqué dans ce blog cet écrivain trop tôt disparu.

Un autre homme admirable, et que j'admire depuis bientôt quarante-cinq ans, c'est Philip Glass. Dans quelques semaines, il aura 88 ans. À l'occasion de son précédent anniversaire, il avait fait cadeau à ses admirateurs de l'extraordinaire performance ci-après. C'est la preuve saisissante que le vieillesse n'est pas un naufrage pour tout le monde.

Longue vie à vous, cher Philip Glass. Et comme l'a écrit quelqu'un sur votre site, "I am lucky to be alive while you are, Sir".


26 octobre 2024

Roi du temps

Ces dix derniers jours, j'ai mis en ligne sur Histomédias plusieurs nouveaux éléments: un article sur Félix Guattari (qui n'existait jusqu'alors qu'en espagnol); et d'anciens entretiens avec Françoise d'Eaubonne (1920-2005), Georges Fillioud (1929-2011) et Marcel Trillat (1940-2020).

C'est très étonnant de réécouter ces vieilles cassettes, maintenant que mes interlocuteurs s'en sont allés. Pour chacun d'entre eux, je me souviens parfaitement du lieu, des circonstances et de petits détails impalpables.

Hier, je me suis concentré sur la retranscription d'un extraordinaire entretien téléphonique. Mon interlocuteur, dont j'ai perdu la trace mais qui ne semble pas décédé, me racontait à sa façon ses aventures dans le monde des radios libres. Celles-ci ne pouvaient cependant être comprises qu'à l'aune de la vie incroyable qui fut la sienne. J'ai beaucoup travaillé sur cette contextualisation et j'y reviendrai certainement plus tard.

J'ai quelques personnages comme cela, aux existences totalement hors du commun, je dirais même "surréalistes" si je n'avais pas peur de galvauder ce mot. Surtout en ce centenaire du Manifeste, dont la lecture, il y a maintenant fort longtemps, a probablement beaucoup influé sur ma vie. Par-dessus tout cette phrase encore relue récemment: "Parmi tant de disgrâces dont nous héritons, il faut bien reconnaître que la plus grande liberté d'esprit nous est laissée. À nous de ne pas en mésuser gravement. Réduire l'imagination à l'esclavage, quand bien même il y irait de ce qu'on appelle grossièrement le bonheur, c'est se dérober à tout ce qu'on trouve, au fond de soi, de justice suprême."




*

J'ai enfin visionné la vidéo de la "petite" fête donnée à Jussieu à l'occasion du quarantième anniversaire de mon ancienne formation. Quoiqu'absent ce jour-là, j'ai eu la stupeur de me voir projeter sur grand écran. Ça fait vraiment un drôle d'effet, presque l'impression d'être un peu mort!


19 octobre 2024

Reproduction sociale ?

Je ne peux pas relire cet extraordinaire livre qu'est L'Établi sans penser à mon père. Surtout les premiers chapitres où Robert Linhart, "happé par la fournée entrante" de l'usine d'assemblage des Citroën 2 CV de la porte de Choisy, regarde travailler ses nouveaux collègues: Mouloud le Kabyle, Georges le Yougoslave, Christian le Breton...

J'ai sous les yeux la "convention d'embauchage" que mon père avait signée -"en double et de bonne foi"- avec la "Société industrielle de mécanique et carrosserie automobile" (Simca), sise 163-185 avenue Georges-Clemenceau à Nanterre. Orphelin, fugueur, muni d'un simple certificat d'études primaires, un peu Doinel sans s'en douter, il n'avait alors que 18 ans et vivait dans une habitation à loyer modéré de la rue Bessières, avec ma mère qu'il avait épousée quelques mois plus tôt.





Je lis au verso de la convention: "Les candidats devront présenter, à l'appui de leur demande, leurs différentes pièces d'identité, leur carte d'Assurances sociales, leurs certificats de travail, y compris celui du dernier employeur, et, s'il y a lieu, leur livret militaire et leur livret de famille. [...] Les mineurs devront fournir une autorisation de leur tuteur les autorisant à percevoir leur paie."

Je n'ai pas retrouvé ce dernier document parmi le peu de papiers que j'ai pu sauver. C'est bien dommage, car j'aurais aimé savoir plus précisément d'où je viens.

02 octobre 2024

Histomédias

Mon carnet de recherche, intitulé "Histomédias. Pistes de recherche sur l'histoire des médias", est désormais entré au catalogue d'OpenEdition. 

La Bibliothèque nationale de France lui a également attribué un numéro d'ISSN (International Standard Serial Number): 3073-1933.

On peut consulter Histomédias à l'adresse suivante : https://www.openedition.org/48257.




On y trouvera des textes anciens (revus, complétés et corrigés), des entretiens, mais également de nombreux textes inédits... au gré de l'inspiration.

Il est possible de s'abonner à son fil RSS. La méthode est précisée ici: https://maisondescarnets.hypotheses.org/613

Pour l'heure, on peut trouver sur Histomédias neuf textes de longueurs inégales, soit par ordre chronologique d'édition : 

1) "Je réclame le droit à la paresse : en 2003, une intermittente du spectacle prend la place du présentateur du JT"; 2) "Archéologie du naming"; 3) "Carbone 14 avant l'heure"; 4) "Une histoire d'escargots : Patricia Highsmith et Jean-Henri Fabre"; 5) "Entretien avec Jean-Marie Borzeix en mai 2014"; 6) "Entretien avec Yves Daudu, 26 mars 2002"; 7) "Pharmacie et naming dans le cyclisme professionnel"; 8) "En souvenir de Génération 2000"; 9) "En direct de TDF".

D'autres suivront évidemment, en particulier sur l'histoire des radios libres et le cinéma scientifique. Mais pas que...