samedi 28 mai 2022

Affaire Rimbaud

Si nous nous laissions aller, nous passerions notre temps à commenter les soubresauts de l'actualité, dans toute son indigence. La paraphrase du (prétendu) réel et sa glose ordinaire sont l'occupation préférée des désœuvrés, des sociologues et des politiciens, tous corps perdus, ballotés par l'incommensurable vacuité du présent déjà à l'imparfait.

Que s'est-il passé en octobre 1873? Qui se souvient ne serait-ce que d'un seul "événement" de cette époque révolue, en-dehors de quelques historiens?

Rien, je ne saurais rien dire sans l'aide pernicieuse d'une encyclopédie ou du web. La seule chose dont je suis certain, c'est que, ce mois-là, sortaient des presses bruxelloises de l'Alliance Typographique les quelque cinq cents exemplaires de l'édition originale (à compte d'auteur) d'Une saison en enfer. Je possède au moins cinq rééditions différentes de cet ouvrage, que je relis ou feuillette régulièrement. 

Voilà donc à quoi se résume pour moi octobre 1873 (il y a bientôt 150 ans): une goutte incandescente de génie dans un océan infini d'oubli. Qu'y écrivait Rimbaud entre autres choses? "Qu'étais-je au siècle dernier: je ne me retrouve qu'aujourd'hui. Plus de vagabonds, plus de guerres vagues. La race inférieure a tout couvert - le peuple, comme on dit, la raison; la nation et la science."

Truman Capote, lui, écrivait en mai 1947: "[...] une fois dispersées, une à une, les ruines des anciennes civilisations, la preuve est faite qu'il ne demeure que les poèmes, les tableaux, les sculptures et les livres."


La formidable chanson d'Hubert-Félix Thiéfaine: Affaire Rimbaud (1986).

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