Je ne peux pas relire cet extraordinaire livre qu'est L'Établi sans penser à mon père. Surtout les premiers chapitres où Robert Linhart, "happé par la fournée entrante" de l'usine d'assemblage des Citroën 2 CV de la porte de Choisy, regarde travailler ses nouveaux collègues: Mouloud le Kabyle, Georges le Yougoslave, Christian le Breton...
J'ai sous les yeux la "convention d'embauchage" que mon père avait signée -"en double et de bonne foi"- avec la "Société industrielle de mécanique et carrosserie automobile" (Simca), sise 163-185 avenue Georges-Clemenceau à Nanterre. Orphelin, fugueur, muni d'un simple certificat d'études primaires, un peu Doinel sans s'en douter, il n'avait alors que 18 ans et vivait dans une habitation à loyer modéré de la rue Bessières, avec ma mère qu'il avait épousée quelques mois plus tôt.
Je lis au verso de la convention: "Les candidats devront présenter, à l'appui de leur demande, leurs différentes pièces d'identité, leur carte d'Assurances sociales, leurs certificats de travail, y compris celui du dernier employeur, et, s'il y a lieu, leur livret militaire et leur livret de famille. [...] Les mineurs devront fournir une autorisation de leur tuteur les autorisant à percevoir leur paie."
Je n'ai pas retrouvé ce dernier document parmi le peu de papiers que j'ai pu sauver. C'est bien dommage, car j'aurais aimé savoir plus précisément d'où je viens.
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