29 octobre 2025

Ommadawn

Se réveiller le matin, comme bercé dans son for intérieur par une musique qu'on écoutait et réécoutait passionnément quelque quarante-cinq ans auparavant, voilà qui n'est pas banal. C'est le signe qu'il s'y jouait quelque chose de rudement important, en tout cas pour soi-même.

Je dois donc dire ici tout ce que je dois à Ommadawn de Mike Oldfield.

Les circonstances de l'enregistrement de ce chef-d'œuvre sont bien connues. Il débute en janvier 1975, dans le studio qu'Oldfield, âgé de 21 ans et auréolé du triomphe, deux ans plus tôt, de Tubular Bells, a monté dans sa maison isolée et battue par le vent du Herefordshire. Il travaille avec un magnétophone 24 pistes fourni par Virgin Records; les bandes magnétiques se désagrègent à force d'overdubbing et d'expérimentations effrénées. 

À lui seul, le jeune prodige, qui suit alors une thérapie tout en s'efforçant de surmonter la mort concomitante de sa mère, joue de dix-neuf (!) instruments (basse, diverses guitares acoustiques et électriques, orgues électriques, glockenspiel, mandoline, piano, bouzouki, harpe celtique, banjo, etc.). Il greffe sur ses compositions quelques propositions musicales de ses amis, ainsi que les percussions africaines de l'ensemble Jabula. Le refrain principal (à partir de la douzième minute), chanté par Clodagh Simmonds et quelques autres, m'a toujours fasciné: "Ab yul ann idyad awt/ En yab na log a toc na awd/ Taw may on omma dawn ekyowl/ Omma dawn ekyowl" (il s'agit d'une transcription phonétique du gaélique).



Une ébauche de la fin d'Ommadawn.
Le morceau définitif (durée : 19'15) se trouve sur le site de Mike Oldfield :


Nous touchons là au pur génie. Et comme chacun le sait, celui-ci est rare, excessivement rare. Et il ne repasse jamais là où il a eu l'audace de s'aventurer.

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