jeudi 14 janvier 2021

Peigner la girafe

J'aime bien la radio, mais très franchement, ce média n'est pas gage de qualité, loin de là. Je répondais la semaine dernière à un journaliste d'un réseau national (que je ne citerai pas). Une bonne vingtaine de minutes passées au téléphone à tenter de lui expliquer le rôle (somme toute modeste) de François Mitterrand dans la libération des ondes. Autant peigner une girafe!

Je cite une des deux "capsules" (1 minute 30, quand même!), qu'il tira de cet entretien:

Le journaliste y évoquait "les quarante ans de plusieurs réformes, dont celle qui a vu l'explosion des radios libres sur la bande FM. François Mitterrand avait lui-même anticipé ce mouvement en créant, lorsqu'il dirigeait le Parti socialiste, Radio Riposte, une fréquence pirate [...]. C'était aussi, d'après [Thierry Lefebvre], une occasion pour François Mitterrand de nouer un lien avec la jeunesse de l'époque."

Suivait un petit extrait de mes propos:

"C'est tout le paradoxe de la situation. En 1981, vous avez d'un côté Valéry Giscard d'Estaing, qui avait été élu sept ans auparavant comme le plus jeune président de la République; et de l'autre côté, un candidat socialiste, qui se présente pour la troisième fois à la présidentielle et qui est donc “un vieux cheval sur le retour”. Il a besoin effectivement du soutien de la jeunesse. Et, entre autres, cette question  [...] est un enjeu pour lui."

Ce fut tout: trente-cinq secondes (mieux que "Ma thèse en 180 secondes"!), qui débouchèrent sur cette conclusion enjouée du journaliste:

"Et ouais, la bande FM à l'époque, c'était un peu le TikTok de l'époque ou le WhatsApp des années 70 et 80 pour créer ce lien avec la jeunesse."

Elle n'est pas belle, la vie? Et tant pis si François Mitterrand n'a pas "créé" Radio Riposte (ce fut le sénateur Bernard Parmantier qui conçut cette émission); tant pis s'il n'a pas "anticipé" le mouvement; tant pis si la loi provisoire de novembre 1981 n'a pas été "à l'origine" de "l'explosion des radios libres" (elle s'est contentée de l'encadrer tant bien que mal); et tant pis si TikTok, WhatsApp et toutes ces tristes pompes à vide n'ont strictement rien à voir avec ce qui se passa il y a quarante ans...

Très bientôt, j'en dirai plus sur les radios des années 1977-1983, telles que les virent ces yeux-là...


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