J'intervenais hier dans la Salle des Actes de la Faculté de pharmacie de Paris pour y évoquer le souvenir de Jean-Henri Fabre, dont nous fêtons cette année le bicentenaire de la naissance. L'occasion d'exprimer toute ma gratitude à cet homme remarquable et à ses merveilleux Souvenirs entomologiques, qui figurent parmi les chefs-d'œuvre de la littérature française de mon point de vue.
Au retour, dans les transports en commun qui fonctionnaient mal (comme souvent), j'étais assis face à un vieil homme (enfin, plus vieux que moi!) qui lisait Sodome et Gomorrhe de Marcel Proust dans une vieille édition de la Pléiade. J'étais d'autant plus fasciné par ce lecteur hyper concentré, cerné par les smartphones qui éclairaient les visages fantomatiques de ses voisins, que je transportais moi-même, dans mon sac, la correspondance de Proust avec Anna de Noailles. À l'approche de sa destination, le vieil homme a refermé son livre et est resté quelques instants méditatif avant de lever péniblement sa vieille carcasse. La vraie vie est décidément ailleurs que dans le prosaïsme.
Aujourd'hui, il faut que j'écrive un texte sur le bathyscaphe qu'on m'a commandé, avant de me remettre à la radio.
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