Stéphane Mallarmé -dont je viens de visiter la demeure à Vulaines-sur-Seine- adorait canoter sur la Seine. Il écrivait le matin sur son petit secrétaire Louis XV et naviguait paisiblement l'après-midi.
Le 16 novembre 1885, il adressa une lettre à Verlaine:
"J'honore la rivière, qui laisse s'engouffrer dans son eau des journées entières sans qu'on ait l'impression de les avoir perdues, ni une ombre de remords."
Jean-Henri Fabre procédait un peu de la même manière. Il écrivait plutôt le matin sur sa petite table d'écolier, dans le calme de sa maison encore endormie, puis, l'après-midi, passait des heures à observer les insectes, couché à plat ventre dans l'herbe rare de son "harmas", tout en fumant sa pipe.
Rien de pire que de perdre notre temps si compté ici-bas, sauf à l'employer à labourer toujours plus profondément son sillon, son "atome dans la fourmilière humaine", comme l'écrivait si bien Fabre. Tout nous en dissuade à notre époque, et c'est bien là notre malheur.
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