19 août 2023

Perdre son temps sans le perdre vraiment

Stéphane Mallarmé -dont je viens de visiter la demeure à Vulaines-sur-Seine- adorait canoter sur la Seine. Il écrivait le matin sur son petit secrétaire Louis XV et naviguait paisiblement l'après-midi.  

Le 16 novembre 1885, il adressa une lettre à Verlaine:

"J'honore la rivière, qui laisse s'engouffrer dans son eau des journées entières sans qu'on ait l'impression de les avoir perdues, ni une ombre de remords."



Non loin de chez Mallarmé.
Photo : Thierry Lefebvre.


Jean-Henri Fabre procédait un peu de la même manière. Il écrivait plutôt le matin sur sa petite table d'écolier, dans le calme de sa maison encore endormie, puis, l'après-midi, passait des heures à observer les insectes, couché à plat ventre dans l'herbe rare de son "harmas", tout en fumant sa pipe.

Rien de pire que de perdre notre temps si compté ici-bas, sauf à l'employer à labourer toujours plus profondément son sillon, son "atome dans la fourmilière humaine", comme l'écrivait si bien Fabre. Tout nous en dissuade à notre époque, et c'est bien là notre malheur. 

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