dimanche 22 janvier 2023

Regret, mode d'emploi

Parmi mes plus grands regrets, il y a le fait de n'avoir pu/su organiser, comme je l'avais envisagé avec Claude Guillon (1952-2023), un colloque ou une journée d'étude sur son livre Suicide, mode d'emploi (1982), coécrit avec Yves Le Bonniec.

Je m'étais procuré ce livre dans les années 1980, peu avant son interdiction définitive. Livre très utile pour le toxicologue que j'étais alors, en particulier le chapitre X -le plus problématique- intitulé "Éléments pour un guide du suicide" (p.209-240).




Je ne rencontrai Claude Guillon que bien plus tard, à l'occasion du mouvement lycéen contre la loi Fillon (décembre 2004-avril 2005). Militant communiste libertaire opiniâtre, il était un observateur infatigable des mouvements sociaux les plus radicaux.

Même si je ne partageais pas -loin de là!- toutes ses idées et croyances, nous nous entendîmes très bien. Nous nous échangeâmes nos ouvrages respectifs. J'ai sous les yeux la très riche mise au point -Le Droit à la mort. “Suicide, mode d'emploi”, ses lecteurs, ses juges (2004)- qu'il m'avait offerte et qui aurait dû servir de base à cette journée d'étude. Rappelons que Suicide, mode d'emploi fut à l'origine de la loi n°87-1133 du 31 décembre 1987, qui institua le délit de "provocation au suicide". Claude Guillon avait été également un des rédacteurs de Tankonalasanté, revue critique du milieu des années 1970 qu'il m'arrive encore de feuilleter, à travers la saisissante compilation éditée par Maspero en 1975.

Pourquoi ce projet de mise en perspective historique n'a-t-il pas abouti? Par ma faute, c'est certain. Trop de dispersion, les maladies des proches, une malencontreuse indécision... Il ne me reste plus aujourd'hui que le regret, puisque Claude Guillon, que je savais malade depuis plusieurs années, nous a quittés.

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