Quelque part dans ses carnets, Marcel Proust griffonna cette phrase extraordinaire: "Approfondir des idées [...] est moins grand qu'approfondir des réminiscences, parce que, comme l'intelligence ne crée pas et ne fait que débrouiller, non seulement son but est moins grand, mais sa tâche est moins grande."
Il en résulta probablement les premières lignes de son projet de préface au Contre Sainte-Beuve (paru bien après sa mort, en 1965): "Chaque jour j'attache moins de prix à l'intelligence. Chaque jour je me rends mieux compte que ce n'est qu'en dehors d'elle que l'écrivain peut ressaisir quelque chose de nos impressions, c'est-à-dire atteindre quelque chose de lui-même et la seule matière de l'art."
Cette irréconciliabilité de l'intelligence et de l'art (c'est-à-dire de la poésie, dans l'esprit de Proust) est le grand drame de l'Université. On y croise certes de temps en temps des gens intelligents, et plein d'autres qui donnent l'impression de l'être, forts d'un jargon et d'un "savoir-faire" acquis à force de ne faire que ça ou plutôt de ne rien faire d'autre, mais la poésie en est désespérément absente. Au mieux, certains prétendent gloser à son sujet, mais le matérialisme affleure à chacun de leurs propos, et plus encore dans leur vanité et leurs comportements.
Il faut suivre les conseils de Proust...
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