La fée Myrtil

"Attendre l'inattendu montre un esprit profondément moderne", écrit avec une ironie grinçante Oscar Wilde dans Un mari idéal (1895).

Il est vrai que l'inattendu est par définition exceptionnel. L'attendre revient à scruter sans fin le désert des Tartares. L'inattendu est un événement si exceptionnel qu'il échappe, le plus souvent, à notre attention et que bien peu y entrevoient des potentialités. Aussitôt advenu, aussitôt disparu...

Absolument inattendue fut notre rencontre avec Myrtil Saidman à Aix-les-Bains, au cours d'un après-midi torride d'août 2006. Nous (Cécile Raynal et moi) ne sommes pas prêts de l'oublier. C'était comme si le père de Myrtil, le génial Jean Saidman (1897-1949), avait provoqué cette apparition féerique à la seule fin de communiquer avec nous, non pas en ébranlant une bibliothèque poussiéreuse comme dans telle magnifique scène d'Interstellar, mais en faisant couiner les roues d'un caddie harassé sous la chaleur accablante du boulevard Guy-de-Maupassant.

Quatre ans plus tard, au terme d'un formidable voyage mémoriel, le livre Les Solariums tournants du Dr Jean Saidman sortait. Depuis, cet ouvrage ne cesse d'inspirer les "professionnels de la profession", comme le prouve encore l'exposition qui se tient ce mois-ci au centre de culture et d'architecture CIVA de Bruxelles. Son titre: "Sick Architecture".

Myrtil Saidman est décédée lundi dernier et nous pensons beaucoup à elle.

Ce que nous montra Myrtil Saidman cet après-midi-là (aujourd'hui à la page 92 de notre ouvrage).