J'écris beaucoup ces derniers temps. Pas mal de lectures également: le Journal de Bolivie d'Ernesto Che Guevara; Les Confessions d'un mangeur d'opium anglais de Thomas de Quincey (j'ai curieusement trouvé des similitudes entre ces deux ouvrages); les enquêtes du juge Ti, de Robert Van Gulik; les poésies d'Hélène Morange ("Mort, il n'est pas trop d'une vie / pour apprivoiser votre visage"); Colette; Jarry; et j'en passe.
Il y a dix ans, Michel Serres écrivait: "Que transmettre? Le savoir? Le voilà, partout sur la Toile, disponible, objectivé. Le transmettre à tous? Désormais, tout le savoir est accessible à tous. Comment le transmettre? Voilà, c'est fait." (La Petite Poucette).
Malgré tout le respect que je dois à sa mémoire, il me semble que Serres s'est lourdement trompé. Non, tout le savoir n'est pas disponible sur le web: seule une infime fraction tente de surnager dans les remous du faux généralisé et des ersatz auto-produits. Car depuis l'avènement du web 2.0, chacun est désormais en mesure d'alimenter la machine à falsifier le réel, dans tous les domaines et quel que soit le sujet. L'incompétence -qui est malheureusement notre lot commun pour 99,9999% des connaissances hypothétiques de ce bas monde- y pourvoit.
Pour s'en convaincre, il suffit de parcourir ce qui se dit, s'écrit ou se résume sur la poignée de micro-savoirs que nous sommes parvenus à collecter par nous-mêmes, à force de vécu, d'enquêtes, d'explorations et de persévérance. C'est ce que Genette nommait -un peu prétentieusement- l'"hypertextualité" (à ne pas confondre avec l'"hypertexte" du web, qui en est le fondement et le principe addictif). Force est de constater que cette hypertextualité falsifiante règne en maîtresse absolue, qu'elle suralimente ce "spectaculaire" entoilé dont Debord -visionnaire- semblait déjà parler il y a une trentaine d'années: "[...] il s'est intégré dans la réalité même à mesure qu'il en parlait; et qu'il la reconstruisait comme il en parlait."
Bon, cela dit, tout ça n'a aucune importance. La seule chose qui m'importe ici et maintenant, c'est le retour prochain du printemps...
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