mardi 9 février 2021

Les Nuits de la pleine lune (III)

Alors voilà...

Cela se passait en novembre 1983 et ce fut une de mes deux "Nuits de la pleine lune". (Je ne raconterai pas ici les circonstances, un peu romanesques, qui me conduisirent dans ce petit troquet de la place Saint-Michel.)

Éric Rohmer n'était pas directif. Il nous demanda simplement de faire "comme si de rien n'était" et de rester à nos places respectives. Je m'étais donc installé -seul- à une table accolée à la cage d'escalier. Situation stratégique qui me permettait d'observer ce qui s'y tramait (et même de descendre au sous-sol à l'occasion des nombreuses répétitions), mais également d'avoir une vue imprenable sur l'ensemble de la grande salle grâce au jeu des miroirs.

On me voit ici à ma place, au premier plan. Je photographie dans le reflet du miroir Pascale Ogier, reconnaissable à son bandeau autour des cheveux, et Rohmer, bras croisés. Tous les deux sont en pleine discussion.



Photo : Thierry Lefebvre.

La séquence, cruciale pour l'intrigue, se termine de la sorte : Pascale Ogier remonte prudemment du sous-sol où elle a entrevu le fantôme (?) de Tchéky Karyo, elle longe prudemment les deux flippers en scrutant la place Saint-Michel, puis rejoint Fabrice Luchini qui achève de noter sur son carnet l'idée qui lui était venue quelques minutes plus tôt.





Trois photogrammes des Nuits de la pleine lune.
Pascal Ogier rejoint Fabrice Luchini.

Dans mon souvenir, il y eut au moins trois prises pour ce seul plan.

Pour bien comprendre le dispositif, voici une capture d'image. Au premier plan, quatre figurants (des étudiants d'Éric Rohmer à l'Université Paris I, ce qui n'était pas mon cas en 1983) discutent ensemble ("comme si de rien n'était"). Au fond, pratiquement sur un même plan, de gauche à droite: moi, Pascale Ogier et un figurant dont Rohmer dut apprécier le pull jaune (la couleur joue en effet un rôle crucial dans le film).



Il est clair que Rohmer commit une petite erreur en me laissant à cette place stratégique. L'apparition progressive de Pascale Ogier, qui remonte les marches très lentement, est en effet "parasitée" par mon profil hirsute, comme on le voit très bien sur ces captures d'écran.




Je n'avais rien à faire là, à l'évidence, mais j'ai tellement appris ce soir-là que je ne regrette rien. J'en saurai toujours gré à Éric Rohmer.

Parmi les nombreuses photos que j'ai prises à l'occasion de ce tournage, il en est une de Pascale Ogier que je trouve superbe. Je la réserve pour une autre occasion...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire