La radio dans l'urgence

J'ai reçu hier, par une de mes messageries électroniques, le courrier suivant (envoyé à 12h50):

"Bonjour M. Lefebvre, Je m'appelle [...] et je suis recherchiste pour l'émision de radio [...], de Radio-Canada à Montréal. Notre animateur s'appelle [...]. Je m'excuse du court délai, mais nous nous demandions si vous seriez disponible pour nous accorder une entrevue téléphonique aujourd'hui à 13h50 (heure de France) pour nous parler de cette initiative de la BBC annoncée aujourd'hui, soit de lancer une radio d'urgence dans la bande de Gaza? Est-ce la première fois qu'une radio d'urgence est lancée dans une zone de guerre? Sinon, comment ça fonctionne exactement? Si jamais c'est possible pour vous, je vous invite à me contacter directement sur mon cellulaire au [...]. Merci beaucoup."

Comme je l'ai écrit à plusieurs reprises dans ce blog, je n'ai pas de smartphone et je ne suis donc pas connecté en permanence, pas plus que sur mon ordinateur d'ailleurs, contrairement à nombre de mes contemporains "drogués de la connexion stroboscopique" (comme les qualifie Bruno Patino). J'aurais trop peur de devenir comme eux, c'est-à-dire une caricature d'"être au monde". Instantanéité et principe de Peter sont désormais les deux œillères de l'individu moderne autocentré.

J'ai donc découvert ce message bien après la diffusion de ce sujet - que j'imagine passionnant et très fouillé. De toute façon, je n'aurais pas répondu. Il me semble que le Canada est un (beau) pays plein de ressources intellectuelles (à supposer que répondre à une radio soit une activité "intellectuelle"). Par ailleurs, pourquoi devrais-je commenter la situation à Gaza, sous prétexte qu'il n'y a pas de tempête outre-Atlantique? Je ne suis ni compétent, ni militant.

Pour répondre à la question, des radios d'urgence il y en a eu à diverses époques. On en trouve quelques exemples dans l'ouvrage que nous avons dirigé, Sebastien Poulain et moi: Les Radios locales: histoires, territoires et réseaux, ou encore dans le récent numéro de RadioMorphoses que nous avons également coordonné ensemble.

Je pourrais citer des dizaines d'exemples, mais je n'ai pas le temps. "Comment ça fonctionne exactement?", me demande mon interlocuteur. Eh bien, ça fonctionne toujours dans l'urgence, comme à Montréal. À Gaza, je ne sais pas précisément, puisque je me trouve présentement en région parisienne.

J'en profite pour signaler une copieuse note de lecture sur l'ouvrage Les Radios locales: histoires, territoires et réseaux, que me signale Sebastien. Elle est signée par Idé Hamani et nous l'en remercions. À lire ici.