vendredi 13 novembre 2020

Ce que je dois aux sœurs Brontë

Il n'est qu'à lire et relire Wuthering Heights et Jane Eyre (ce que je refais actuellement) pour se rendre compte à quel point nous avons involué depuis ce miraculeux XIXe siècle qui s'honora du passage terrestre, pourtant bien fugace, d'Emily et Charlotte Brontë. "Involution sénile", comme l'écrivent Marcel Garnier et Jacques Delamare dans leur célèbre dictionnaire médical. Involution tout à la fois spirituelle et "intellectuelle", à supposer que ce dernier mot ait encore un sens.

Il faut dire que notre époque nous met à rude épreuve, en nous soumettant chaque jour à une effroyable centrifugeuse informationnelle. Nous sommes continuellement "essorés" par des "nouvelles" qui ne nous regardent en rien ou si peu, - nous, pauvres pignoufs de ce siècle palabreur qui est le nôtre; également par tout un fatras d'opinions qui ne sont que postures, "trompe-l'ennui" et pompe à vide existentiel. 

Rien de cela dans les merveilleux ouvrages des sœurs Brontë. La modernité déterritorialisante semblait si loin du petit presbytère de Haworth et des landes d'alentour. Dans leurs livres, on ne trouve que l'affirmation d'une liberté farouche, qui est au centre de tout, qui était leur objectif vital et non pas un slogan creux. "Si vide d'espoir est le monde du dehors que deux fois plus précieux m'est le monde du dedans", écrivait Emily Brontë.

Je voulais dire ici ce que je dois à ces deux femmes, avant de retourner vaquer à mes contingentes occupations.

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