mercredi 29 septembre 2021

Fête de la science

À l'occasion de la prochaine Fête de la science, la section "Sciences, Histoire des sciences et des techniques et Archéologie industrielle" du Comité des travaux historiques et scientifiques (CTHS) propose un cycle de courtes conférences en visio ce samedi 2 octobre (10h-12h15, puis 14h-17h).

Le programme se trouve à cette adresse: https://www.fetedelascience.fr/venez-faire-de-l-histoire-des-sciences-et-des-techniques (les conditions d'accès sont indiquées au bas de la page).

J'y causerai en particulier de la "bande FM" et d'un ready-made de Marcel Duchamp.

Autres interventions: Évelyne Barbin sur Émilie du Châtelet; Robert Belot sur la Fête de l'Atome à la Libération; Marc Durand sur le cinématographe Lumière; et Pierre Mounier-Kuhn sur les "tribulations de l'informatique" et Alan Turing.

vendredi 24 septembre 2021

Paul Quilès radiopirate

Le 2 octobre 2002, il y a donc près de dix-neuf ans, je rencontrais Paul Quilès à l'Assemblée nationale pour évoquer l'"affaire" Radio Riposte, dont il avait été le principal instigateur avec le sénateur Bernard Parmantier.

En 2019, l'ancien ministre m'autorisait à reproduire le contenu de cette émission historique dans mon ouvrage François Mitterrand pirate des ondes.



Élections municipales de 1983.


La voix de Paul Quilès lançait l'émission de juin 1979 comme suit: "Bonsoir. Ici Radio Riposte, la radio des socialistes de Paris. Vous allez entendre une émission de radio libre présentée, préparée par les socialistes de Paris. Si en cours d'émission, comme nous le craignons, nous sommes brouillés, vous pourrez nous retrouver en tournant le bouton de votre poste légèrement à droite ou légèrement à gauche. J'ai à côté de moi, ce soir, François Mitterrand, qui a tenu à être présent pour cette première émission de radio libre des socialistes de Paris. François Mitterrand, une émission de radio libre à Paris: pourquoi?"

La suite en cliquant sur ce lien: http://www.editions-glyphe.com/livre/francois-mitterrand-pirate-des-ondes-laffaire-radio-riposte/

jeudi 23 septembre 2021

Vies écourtées

C'était quelques mois avant ma troisième vie. Le 9 mai 1995, il y a donc plus de 26 ans, je jetais ces quelques lignes sur une feuille de papier que je viens de retrouver par hasard:

"Deux de nos patients viennent de mourir, presque coup sur coup, au troisième étage de l'hôpital. Ils s'appelaient Hervé B. et Didier P.. Ils étaient parmi nos plus anciens patients, homosexuels tous les deux, victimes expiatoires d'une maladie sans pitié: le sida. Hervé B. était un peu plus jeune que moi. Cet ancien travesti, vendeur dans un grand magasin, hantait les couloirs de l'hôpital depuis plus d'un an. Sympathique, affable, balançant entre humour et résignation, il a été vaincu par un cytomégalovirus invasif qui l'avait rendu tétraplégique il y a quelques semaines. Didier P., plus âgé d'une vingtaine d'années, a succombé à un sarcome de Kaposi qui lui dévorait le visage depuis plusieurs mois. Il y a deux semaines environ, sa sœur, que je ne connaissais pas, une femme blonde très digne mais au bord des larmes, était venu prendre ses médicaments. Nous avions échangé sur l'hypothétique vaccin, sur le remède miracle qu'on évoque toujours en pareilles circonstances. Le 8 mai, les deux hommes nous ont quittés prématurément, la conscience embuée par une cocktail de morphiniques."

Puis j'égrenais la litanie des amis et connaissances disparus: Olivier M. (mort à 29 ans), Bertrand G. (mort à 42 ans), Bruno C. (mort à 37 ans), Michel M. (mort à 35 ans), Pierre J., qui aurait dû encadrer ma thèse (mort à 46 ans), Alain M. (mort à 50 ans). Et tant d'autres.

Et dire qu'il y en a qui se plaignent... 

Je préfère déchirer ce vieux papier, mais je ne vous oublie pas. Je sais qui se cache derrière vos initiales.

mercredi 15 septembre 2021

Digest indigeste

On m'a signalé l'émission "Affaires sensibles" de France Inter, consacrée ce jour à Carbone 14. Je viens d'écouter la chose en replay.

Finalement, ce n'est pas compliqué le métier de journaliste: il suffit de recopier des passages d'un livre vieux de près de dix ans, en se contentant d'en modifier un mot ou deux, puis de déstructurer l'ensemble à la seule fin (sans doute) que les auditeurs n'en retiennent (au mieux) que le superflu. 

Je ne peux pas m'empêcher de retranscrire le début de l'émission:

"Le 11 septembre 1981 paraît, dans la rubrique Chéri(e) du journal Libération une petite annonce ainsi formulée: Radio dite libre cherche animateurs ou animatrices pour s'en payer une tranche horaire, prix en fonction de la pub ou pas. D'ici-là, délire à gogo et à l'œil. Si tu as des idées originales et pas mal de temps libre, appelle Gérard. Message suivi d'un numéro de téléphone bien sûr.

[...] La date à laquelle Fenu publie l'annonce, le 11 septembre, n'est pas due au hasard. Deux jours plus tôt en effet, Georges Fillioud, nouveau ministre de la Communication, a présenté en Conseil des ministres son projet de loi mettant fin au monopole d'État de la radiodiffusion. Une réforme très attendue par les animateurs de radios libres et une partie de l'opinion publique [...]."

On comparera avec le début de la page 14 dudit livre...




Tout le reste est du même acabit. Droits d'auteur, connais pas à France Inter!

Je rappelle par ailleurs que le sous-titre du livre est Légende et histoire d'une radio pas comme les autres. C'est assez clair, non?



L'instrumental de L'Éléphant de The Tom Tom Club, générique de "Poubelle Night".


dimanche 12 septembre 2021

11 septembre 2001

Je suis loin d'être le seul dans ce cas, mais je me souviens parfaitement de l'instant où les images du 11 septembre 2001 ont fait irruption dans mon quotidien. J'en ai même gardé une trace audio.

Je m'étais rendu ce jour-là, vers 17h, au siège de la société de Thomas Sertillanges, avenue du Colonel-Bonnet dans le XVIe arrondissement. Cet homme charmant venait d'évoquer la première époque de Génération 2000, qui s'était achevée en 1978 par la saisie de cette radio pionnière et un injuste procès, lorsque, soudain, son secrétaire fit irruption dans son bureau, l'air préoccupé:

"Je suis désolé de vous interrompre, mais il y a une nouvelle absolument dingue qui vient de se produire. Apparemment, il y a deux avions qui se sont scratchés sur le World Center à New York."



Je coupai le magnétophone qui enregistrait jusqu'alors notre paisible entretien et nous passâmes dans la pièce contiguë où un poste de télévision diffusait en boucle les images des tours en feu, puis, en différé, l'encastrement d'un Boeing dans l'une d'elles. Je me souviens de notre sidération, mais surtout de notre incompréhension. Moi surtout, qui n'avait pas de télévision à cette époque (je n'en ai toujours pas) et qui était par bonheur désaccoutumé de cette "visagéité vide" du petit l'écran (pour reprendre la formulation de Guattari).

Je dois le reconnaître, je n'ai rien compris à ce qui se passait et, par la suite, les théories les plus fumeuses m'imbibèrent comme une éponge ratatinée, sans jamais m'imprégner définitivement fort heureusement. C'est dans ces moments-là qu'on se sent réellement stupide.

Quelques minutes plus tard, nous reprîmes notre conversation comme si de rien n'était, puis Thomas Sertillanges me dédicaça son bel ouvrage, La Vie quotidienne à Moulinsart. Je le garde précieusement, comme un talisman contre l'absurdité du Monde et l'ignominie diabolique de ses metteurs en scène. 

samedi 4 septembre 2021

Dérive urbaine

Ainsi donc, l'"immeuble Tati", situé à l'angle des boulevards Barbès et Rochechouart, va être réhabilité: bureaux, hôtel, logements, commerces, etc. Bref, le biotope habituel de l'homme moderne.



Photo Wikipedia : J. Menjoulet.


J'ai beaucoup fréquenté ce lieu durant l'automne-hiver 1985. Non pas le magasin proprement dit, où la clientèle trouvait des marchandises à vil prix, mais un studio provisoire de Radio Ici & Maintenant qui occupait une infime partie d'un immense appartement aux trois quarts vide, situé (je crois me souvenir) au quatrième étage. C'est Fabien Ouaki, un des fils du fondateur de Tati et formidable animateur de surcroît, qui avait fourni ce curieux emplacement.

On entrait par le 2 boulevard Rochechouart (il y avait un digicode), on montait, quelqu'un venait ouvrir (souvent l'animateur lui-même), on traversait des pièces désertes. La table de mixage et le "studio" étaient installés à l'angle des boulevards Barbès et Rochechouart.

Je me souviens de nuits passées à produire des émissions dans ce lieu étrange. Souvent, à l'occasion d'une plage musicale ou d'une intervention d'auditeur, je m'amusais à faire pivoter mon fauteuil et plongeais mon regard sur ce mythique carrefour Barbès: le métro aérien, qui finissait par cesser ses va-et-vient vers une heure du matin, les anciens magasins Lévitan et, à l'arrière-plan, le Louxor qui faisait office à l'époque de boîte de nuit... Atmosphère hautement poétique que je n'oublierai jamais.

J'y rencontrais pour la première fois Catherine Pelletier, alias Supernana (1954-2007), alors en bisbille avec la direction de la radio et qui cherchait à remonter Carbone 14.

C'est amusant, le souvenir... Ce "présent du passé" qu'évoquait déjà, il y a quelque dix-sept siècles, saint Augustin.

mercredi 1 septembre 2021

Les radios locales

C'est tout nouveau, tout chaud. Ça vient de sortir. Nous aurons l'occasion d'en reparler dans le courant de l'automne.

Thierry Lefebvre, Sebastien Poulain (dir.), Les Radios locales: histoires, territoires et réseaux, Paris, L'Harmattan/Ina (coll. "Les médias en actes"), 2021.




En illustration de couverture: Gérard Lemaire (1947-2017), grand pionnier des radios locales, photographié par mes soins en 1983. Salut Gérard, où que tu sois!

Renseignements: ICI et .