vendredi 26 mars 2021

Chaudière va péter !

Dans Peste et Choléra, Patrick Deville décrit Alexandre Yersin comme un hybride d'Arthur Rimbaud et de L'Homme qui plantait des arbres: un individu en perpétuelle "fission", prodigue en idées qu'il eut l'impatience de mettre en œuvre les unes après les autres.

"Jamais le cœur du réacteur ne franchira l'enceinte de confinement, sinon à la moindre fêlure ce serait la catastrophe, l'explosion, l'anéantissement, la dépression, la mélancolie ou, pis encore, les foutaises de la littérature ou de la peinture, alors les lubies scientifiques, la pression telle sur la soupape que la pensée à jet sporadique dans son mouvement rotatif projette à tout va, invente dans tous les domaines." (P. Deville)

C'est un peu ça: la consumation plutôt que les velléités et l'hypocondrie (deux maux qui caractérisent bien nos décennies actuelles).

Ça me fait penser à une phrase qu'Henri Guillemin attribuait à Jules Verne (l'auteur du Voyage en centre de la Terre l'aurait écrite à son père, mais je n'ai jamais retrouvé la source exacte). À plat ventre dans l'herbe, tout en rédigeant fébrilement les pages d'un de ses romans, il commentait succinctement son état de "transe" de la sorte: "Chaudière va péter!".

Vies exemplaires, assurément!

Je viens de corriger les épreuves d'un nouvel article intitulé "L'autre secret de Fatima". Il paraîtra dans quelques semaines, dans un cadre nouveau pour moi. J'y reviendrai, car ce secret est des plus croustillants.

mercredi 17 mars 2021

L'aventurier des radios libres

Je crois que j'aurais aimé participer au mouvement des radios libres - période 1977-1978 il s'entend. Je pense que je m'y serais amusé. Mais bon: trop jeune, trop peu politisé, manque de contacts, pas vraiment fini... Ça ne s'est pas fait.

Ça m'aurait pourtant bien plu de crapahuter avec une antenne ground-plane sous le manteau... Image d'Épinal certes, mais une antenne c'est tellement plus sympathique qu'un cocktail Molotov. C'est Jean Ducarroir qui s'exclamait, à l'occasion d'une émission en 1980: "On n'est pas des terroristes [...]. Nous, on frappe aux hertz, donc on fait mal avec des ondes."

Oui, ça devait être sympathique. Et Ducarroir a dû bien s'amuser.

Depuis vingt ans, j'en ai rencontré des "anciens", témoins de cette époque désormais antédiluvienne. Je me suis entretenu avec bon nombre d'entre eux. Quelques-uns, heureusement minoritaires, ne racontent que ce qu'ils veulent bien raconter, ils embellissent, inventent parfois, cherchent à se donner le beau rôle. C'est la vie. Certains en deviennent même un peu écœurants, leur ego finissant par s'étaler comme un trop-plein de guimauve. 

Ducarroir est mort trop tôt. Il n'a pas eu le temps de se portraiturer en ancien combattant. Mais l'aurait-il fait? J'en doute... C'est sans doute ce qui me l'a rendu si attachant, car foncièrement insaisissable. Il y a cette phrase de René Char qui lui va comme un gant, me semble-t-il: "Le réel quelquefois désaltère l'espérance. C'est pourquoi, contre toute attente, l'espérance demeure."

Une chose est sûre: lui était dans le mouvement, totalement, et on retrouve partout les traces de son passage: son numéro de téléphone, son écriture même dont on découvrira des spécimens dans le livre... "Seules les traces font rêver", écrivait encore Char.

Car oui, le livre est enfin arrivé, tout juste sorti de son imprimerie auvergnate. Pour se le procurer, c'est ici: http://www.editions-glyphe.com/livre/6270/.

On en reparlera forcément, sauf si d'autres travaux en cours me détournent de mon chemin...



Extrait de L'Aventurier des radios libres. Jean Ducarroir (1950-2003).

mardi 2 mars 2021

Hommage à Jean Ducarroir, vrai pionnier des radios libres

Sortie d'un nouvel ouvrage : L'Aventurier des radios libres: Jean Ducarroir (1950-2003), Paris, Glyphe, 2021.



En février 2007, je posais la question suivante dans un de mes anciens blogs: "Quelqu'un se souvient-il de la mythique Coccinelle [de Jean Ducarroir] et de Katheleen?". Cette interrogation fut le départ d'une enquête complexe, puisque quatorze années se sont écoulées depuis. Mais elle fut passionnante!

Jean Ducarroir, décédé prématurément en août 2003 des conséquences d'une exposition à l'amiante (usine CMMP d'Aulnay-sous-Bois), fut un des grands acteurs du mouvement des radios libres entre 1977 et 1983. Ce jeune Aulnaysien sans le sou fut de toutes les aventures: à Malville, au Larzac, en Angleterre, à Bologne, devant la prison de la Santé, au domicile de Simone de Beauvoir, dans une librairie militante de la Seine-Saint-Denis ou encore à l'hôpital Sainte-Anne, dans les allées du parc d'Yerres, au cœur d'une manifestation de sidérurgistes, dans des usines occupées, sous les combles du Parti socialiste, que sais-je encore...

Il créa la Coordination des radios libres (Corali) puis la Fédération nationale des radios libres (FNRL). Il en fut le secrétaire général et l'animateur infatigable... Son deux-pièces, situé dans la cité des Mille-mille d'Aunay, fut pendant quelques années une des plaques tournantes de la libération des ondes.

Il fut poursuivi par la justice à trois reprises (pour les émissions illégales de Radio 93, Radio Riposte et Radio Paris 80), fut condamné deux fois puis amnistié... Il se retrouva deux fois en Une de Libération, comme en témoigne la couverture de l'ouvrage que je viens de lui consacrer...

Après 1981 et la chute du monopole d'État de la radiodiffusion, il devint membre de la "Commission consultative des radios locales privées" et défendit âprement le statut des radios associatives.

Qui était-il? Pourquoi ne devint-il pas enseignant-chercheur en sciences économiques, comme l'y conviait son  brillant parcours universitaire à la faculté de Villetaneuse? D'où lui venait son incroyable énergie? Quelles étaient ses autres aspirations? Que devint-il par la suite? 

J'ai tenté de répondre à ces questions qui me tracassaient depuis une quinzaine d'années et ai découvert une destinée hors du commun. 

Il en résulte ce nouvel ouvrage, le quatrième après La Bataille des radios libres, Carbone 14 et François Mitterrand pirate des ondes. Une quadrilogie en quelque sorte... 

Voici les références de livre :

Thierry Lefebvre, L'Aventurier des radios libres: Jean Ducarroir (1950-2003)

À paraître ces jours-ci aux Éditions Glyphe. On peut se le procurer à cette adresse : http://www.editions-glyphe.com/livre/6270/

lundi 1 mars 2021

Bouquin-free

Après la librairie Boulinier du 20 boulevard Saint-Michel, c'est au tour de trois des librairies Gibert Jeune de la place Saint-Michel de fermer à Paris.

Lu ce commentaire ironique d'un lecteur sur un site d'actualité: "Une librairie qui ferme, c'est un bar à soupe gluten-free qui ouvre."