vendredi 31 janvier 2020

"La Mort a des rigueurs à nulle autre pareilles"

"Le cinéma, art des fantômes s'il en est", a écrit François Lecercle...
En me remémorant récemment les films (La DrôlesseLes Nuits de la pleine luneLa Femme qui pleureFélicité) et les actrices françaises qui m'avaient profondément marqué au tournant des années 80, j'ai eu l'impression de me promener dans un cimetière d'éphémères. Dire qu'à elles quatre, elles ne vécurent qu'à peine plus de cent ans! 
Sur cet Olympe, il ne reste plus aujourd'hui qu'Isabelle Huppert.

"Et rose elle vécut ce que vivent les roses,
L'espace d'un matin"

(comme le transcrivit un typographe génial, lorsqu'il composa maladroitement les stances de la Consolation à M. Du Périer que lui avait confiées François de Malherbe.)

Madeleine Desdevises (1967-1982)

Pascale Ogier (1958-1984)

Dominique Laffin (1952-1985)

Christine Pascal (1953-1996)

samedi 18 janvier 2020

Déambulations thermales

Depuis bientôt cinq ans, nous rééditons, avec Cécile Raynal, des petites plaquettes d'établissement thermal ou de source minérale, en les accompagnant à chaque fois d'un texte de présentation inédit. Cela se passe chez Lacour Éditeur, maison bien connue des Nîmois.


Le treizième livret vient de sortir. Il évoque Salies-de-Béarn, une petite ville hydrominérale des Basses-Pyrénées toujours très active.


Ces modestes opuscules couvrent désormais des communes thermales aussi différentes que Besançon, Biarritz, Bidard, Bornel, Bussang, Châtel-Guyon, Évian, Plombières, Saint-Pé-d'Ardet, Saint-Yorre, Villacabras. Et donc désormais Salies-de-Béarn.
L'exploration se poursuit...

samedi 11 janvier 2020

Nouveau livre : l'histoire de la Grotte du chien

Jusqu'en 2004, les villes contiguës de Chamalières et Royat (Puy-de-Dôme) proposaient à leurs visiteurs, venus parfois de très loin, une des attractions scientifiques les plus curieuses qui ait jamais été: la "Grotte du chien". Ouverte au public dans les années 1870 à l'initiative de l'entreprenant docteur Alexandre Petit, elle permettait d'expérimenter le dioxyde de carbone (CO2) naturel et d'en constater les propriétés de visu.


Ancienne enseigne métallique.

La Grotte du chien de Royat-Chamalières était la réplique "augmentée" et "théâtralisée" d'une des curiosités géologiques les plus célèbres du monde occidental: la Grotta del Cane, mystérieuse cavité située à la périphérie de Naples, dans les champs Phlégréens (campi Flegrei). Connue depuis l'Antiquité, supposément évoquée par Pline l'Ancien dans son Histoire naturelle, exploitée à des fins spectaculaires depuis la Renaissance (alors même que l'"air fixe" -ou dioxyde de carbone- n'avait pas encore été identifié!), elle fut visitée ou évoquée par des personnalités aussi diverses qu'Athanasius Kircher, Leonardo Di Capua, Johann Wolfgang von Goethe, le marquis de Sade, l'abbé Nollet, Anton Tchekhov, Alexandre Dumas, Gustave Flaubert, Mark Twain... et tant d'autres.



La Grotte du chien,
espace de vulgarisation scientifique avant l'heure.

C'est ce mythe pluriséculaire, ce "spot" touristique avant l'heure, que nous nous sommes proposés de revisiter avec Cécile Raynal, en contant son histoire intriquée entre l'Italie et la France... Un voyage pittoresque "en" CO2, à la croisée de l'histoire de la vulgarisation scientifique et de celle des représentations. Un hommage également à cette surréalité qui ne demande qu'à transcender le monde sensible.



Au seuil de la Grotte du chien de Royat-Chamalières, 2013.
Photo : T. Lefebvre.


Sont évoqués dans l'ouvrage: l'histoire du thermalisme en Campanie, le lac disparu du volcan d'Agnano, les travaux de l'Accademia degli Investiganti de Naples et de l'Académie royale des sciences, les récits des innombrables voyageurs, la circulation des images, les expériences de l'abbé Nollet, de Joseph Black, d'Henry Cavendish, de Pilâtre de Rozier, etc., la découverte du volcanisme en Auvergne, la "grotte-mofette" de Neyrac (Ardèche), la source carbo-gazeuse de la butte de Montpensier (Puy-de-Dôme), la naissance de Royat, les premiers usages médicaux des gaz thermaux, la vulgarisation scientifique et les excès de l'expérimentation animale, les histoires parallèles de la Grotte du chien  (Chamalières) et des Grottes rouges (Royat), la littérature, les grottes touristiques, les tentatives de patrimonialisation, Vulcania, etc., et même l'hypothétique conquête de Mars!

L'ouvrage est disponible sur les principales plateformes numériques. Il peut également être commandé en librairie ou sur le site de l'éditeur en suivant ce lien: Grotte du chien - le livre.

Référence: Thierry Lefebvre, Cécile Raynal, Voyage en CO2. De la Grotta del Cane de Naples à la Grotte du chien de Royat-Chamalières, Paris, Glyphe Éditions, 2020, 202 pages, nombreuses illustrations. Le livre est dédié à la mémoire du général Jacques Delmas de Grammont (1796-1862), bienfaiteur (involontaire) des canidés de la Grotte du chien. Les lecteurs en découvriront la raison dans l'ouvrage.

Et toujours aux Éditons Glyphe, notre petit cabinet de curiosités (cliquez sur les images pour en savoir plus):



   
  

vendredi 10 janvier 2020

Martine Laronche, où que vous soyez...

Le Monde rendait hier un vibrant hommage à l'une de ses plus brillantes journalistes, Martine Laronche, décédée prématurément d'une "épouvantable maladie neurodégénérative". Cette nouvelle m'a profondément ému. Je n'oublierai en effet jamais le très long déjeuner-entretien que nous eûmes, elle et moi, en présence de la jeune Gwénaëlle Barzic (aujourd'hui chez Reuters), le mercredi 30 mars 2005, dans une brasserie située non loin du siège du quotidien.

Je suivais à l'époque, dans l'optique d'approfondir ma culture générale, un petit groupe de lycéens mobilisés contre la "loi d'orientation et de programme pour l'avenir de l'école" (dite "loi Fillon").
J'ai horreur des apparatchiks, les vieux militants me scient les dents (tout comme les supporters ultras de foot), mais j'ai une infinie tendresse pour les jeunes exaltés, pleins de fougue et de romantisme, mêlant humour et autodidaxie politique. Il faut dire qu'avec ce petit groupe affinitaire, j'étais servi: quelle bande de génies en herbe (mais, malheureusement -ou heureusement?- ils ne le savaient pas)! Samuel, Matteo, Pauline, Boris, Annie, Cannelle, etc, vos échanges et vos plaisanteries résonnent toujours dans ma mémoire comme un merveilleux hymne à la vie...



Deux images d'une collecte 
et son transfert dans un sac poubelle tenu par une des lycéennes 
(9 mars 2005).


Je ne raconterai pas ici les circonstances rocambolesques qui me mirent en contact avec ces jeunes gens, ni celles -non moins curieuses- qui me firent rencontrer Martine Laronche; mais nos échanges et ses articles consécutifs dans Le Monde (par exemple celui-là) déclenchèrent une bouffée médiatique délirante qui me fit toucher du doigt le noyau dur de la Société du Spectacle et la roublardise des pseudo-sciences sociales.
À ce point d'incongruité, ça en devenait presque poétique et je ne remercierai jamais assez Martine Laronche de m'avoir ouvert de tels horizons. Mon côté Zelig en fut contenté; et évidemment il me faudra raconter ça, si l'homme à la faux m'en laisse le temps.


Le très regretté Charb illustre mes propos 
dans Charlie Hebdo en 2005.