vendredi 28 juin 2019

La bande originale de Radio Riposte entre dans les collections de l'INA

Le 28 juin 1979, il y a quarante ans jour pour jour, Radio Riposte émettait son émission sur 98,2 MHz depuis un immeuble de la Cité Malesherbes. Événement capital sur la longue route de la libération des ondes.

La perspective de cet anniversaire a été à l'origine du livre improbable que j'ai fait paraître au Square Éditeur il y a quelques semaines (François Mitterrand pirate des ondes. L'affaire Radio Riposte). Cet ouvrage trouve tranquillement son public et j'en suis très heureux.




J'ai également profité de cette parution pour déposer à l'Institut national de l'audiovisuel les deux bandes magnétiques originales, retrouvées dans des conditions narrées dans le livre: l'émission préenregistrée de 69 minutes et l'interview de François Mitterrand (très certainement datée du 27 juin 1979). L'organisme public aura désormais pour tâche de conserver et numériser ces précieuses reliques.
C'est un acte patrimonial dont je suis plutôt fier et que salue d'ailleurs l'INA dans un communiqué de presse que je reproduis.


Voir également : https://institut.ina.fr/actualites/radio-riposte

samedi 22 juin 2019

Nicolas Saada et son "prequel"

Je feuilletais l'autre jour le dernier ouvrage de Nicolas Saada, Questions de cinéma (Carlotta, 2019), et je ne pouvais m'empêcher de me remémorer les débuts radiophoniques du metteur en scène d'Espions, de Taj Mahal et de Thanksgiving.




C'est en 1986, à l'âge de 21 ans, que Nicolas Saada débarqua dans le studio d'Ici et Maintenant, sur les recommandations de son ami Stéphane Leroy. Très vite, je remarquai son humour caustique et sa passion pour le cinéma. Il possédait déjà une collection assez exceptionnelle de musiques de film qui allait faire plus tard son succès à Radio Nova (avec sa célèbre émission "Nova fait son cinéma").
Je n'ai malheureusement pas retranscrit tous les échanges loufoques que nous eûmes à cette époque, mais nous étions assurément deux farceurs dans cette station, et lui parfois avec un réel génie.

Je mettais parfois en onde ses émissions ou ses chroniques, parfois nous devisions ensemble à l'antenne. Plus tard, nous nous retrouvâmes sur Futur Génération. Notre émission commune s'intitulait "Autour du cinéma" et elle dura quelques semaines, jusqu'à la faillite de cette station parisienne (qui devint ultérieurement FG).
Je me souviens que le générique était tiré d'un album d'Henry Mancini (BO de La Soif du mal d'Orson Welles).





Nicolas croyait très fort au cinéma et la suite allait le démontrer amplement. Il faut relire son interview récente et si juste à Télérama.
J'étais pour ma part beaucoup plus sceptique et par ailleurs suffisamment fauché pour me priver de ce qui me paraissait superflu. Autant dire que je ne voyais pas forcément les films dont il m'arrivait de parler, car j'avais pas mal de choses à faire par ailleurs.

Je retrouve l'enregistrement d'un "Autour du cinéma" en date du 4 novembre 1987 (Nicolas n'était donc pas encore aux Cahiers du cinéma).
Voici un extrait de cette improvisation :

Thierry : Allons faire un petit tour du côté des salles, avec peu de sorties cette semaine, mais des films très importants. On commence par le premier: un film de Philippe Clair (qui n'a rien à voir avec René), un film de 1987 intitulé Si tu vas à Rio, tu meurs... Nicolas, je crois que tu aimes beaucoup.

Nicolas : Oui. Si tu vas à Rio, tu meurs... Oui, c'est sûrement... Enfin, j'en attends beaucoup de choses comme tout le monde, et c'est un film qui fera d'ailleurs l'objet d'une émission spéciale la semaine prochaine. Philippe Clair -c'est bien clair!- est un des plus grands cinéastes français... Philippe Clair, dont l'œuvre lumineuse ébranle sans aucun doute la galaxie de notre cinéma. Philippe Clair, l'auteur incontesté, incontestable, de Plus beau que moi, tu meurs..., Aldo la classe... Philippe Clair est un des cinéastes les plus importants de ce siècle et l'œuvre qu'il va laisser derrière lui est peut-être à l'égal de ce que vous allez écouter ce soir. C'est pour vous dire!
Oui, Si tu vas à Rio, tu meurs... Si tu vas à Rio, tu meurs... Toute la rhétorique baudelairienne de l'œuvre de Philippe Clair éclate dans ces quelques mots.

Thierry : Si tu vas à Rio...

Nicolas : Si tu vas à Rio, tu meurs...

Thierry : Mais Baudelaire n'est jamais allé à Rio.

Nicolas (faisant semblant de ne pas entendre) : Donc, quelque chose de menaçant dans le ton de Philippe Clair. C'est un cinéma en fait très grave.

Thierry : Il y a toujours trois points de suspension dans ses titres.

Nicolas : Oui, oui. Mais c'est ça qui est fort, c'est un cinéma grave...

Thierry : Oui.

Nicolas : ... qui parle de sujets sérieux. Bon: Si tu vas à Rio, tu meurs..., voilà qui connote.

Thierry : Oui.

Nicolas : Pourquoi meurs-tu?

Thierry : En plus, c'est un film sur la gémellité!

Nicolas : Oui. Je vous lis le scénario, c'est quand même magnifique: "Deux frères jumeaux se retrouvent par hasard à Rio au cours d'une grande fête. L'un est contre son gré au service d'un bande de trafiquants, l'autre est un prêtre en mission. Une succession de quiproquos et une course-poursuite à travers la ville.

Thierry : C'est bien ça, c'est assez intéressant.

Nicolas : Ça rappelle un peu naturellement...

Thierry : Psychose ?

Nicolas : Non, je pense au Journal d'un curé de campagne de Bresson, qui reprend un peu cette thématique comme ça du prêtre. Oui, c'est ça.

Thierry : Oui, en fait tu n'as jamais vu de films de Philippe Clair, comme moi d'ailleurs...

Nicolas : Mais si! Si, si, si! Si, je crois que j'ai vu... attends!... Je suis timide, mais je me soigne. Je crois... Je ne suis pas sûr que ce soit Philippe Clair, mais enfin c'est dans le même ton.


En réécoutant cet enregistrement vieux de 32 ans, j'en pleure encore de rire. Se prendre au sérieux est décidément la pire des choses qui puisse advenir.
Quels petits bonheurs nous vivions là... Et nous ne nous en rendions pas assez compte!

dimanche 2 juin 2019

Le télégraphe Chappe : premier réseau de télécommunication !

C'était aujourd'hui la douzième journée nationale de la télégraphie Chappe un peu partout en France. L'occasion d'aller voir de plus près, à Saverne, Marcy-sur-Anse, Jonquières, Gradignan, etc., quelques-unes des stations préservées. Il y en avait 534 en 1855, au moment de la disparition de ce réseau de communication jugé obsolète. Il en reste 23, parfois à l'état de vestiges, parfois dotées d'un mécanisme encore en fonctionnement.





La société historique, archéologique et artistique "Le Vieux Marly" organisait pour sa part la (re)découverte de la station de Bailly (située dans le domaine du Trou d'Enfer)... Visite sous la direction éclairée de Bruno Bentz, qui fut à l'origine de sa restauration, et de Xavier Loiseleur de Longchamps, président du "Vieux Marly".

Bailly était le quatrième station de la ligne Paris-Brest (1799), après la rue de Grenelle, Passy et le mont Valérien, et avant Les Clayes-sous-Bois et Neauphle-le-Château.


Le télégraphe de Bailly
vu depuis l'École de la campagne et de la forêt de l'ONF.

Devant le télégraphe.
Au premier plan,
la maquette de la tour  Chappe de Garancières, réalisée par Henri Langlet en 1992.