dimanche 15 décembre 2019

Tous responsables

En ce jour, j'ai une pensée pour Anna Karina qui vient de nous quitter. Ci-après dans Vivre sa vie, vu et revu aux "3 Luxembourg" il y a bien longtemps.
Tout y est dit ou presque...


Extrait de Vivre sa vie (Jean-Luc Godard, 1962)

lundi 11 novembre 2019

Vive le papier !

Visitant dernièrement, au Palais de Tokyo, l'exposition (assez inégale) "Futur, ancien, fugitif. Une scène française", je me suis longuement arrêté devant l'intéressante série Histoire du vandalisme en affiches illustrées, écrite et dessinée par Nayel Zeaiter. On en trouvera ici un aperçu.
Et quelle ne fut pas ma surprise de voir un de mes textes -"Pour Kapoor"- cité dans la dernière de ces affiches (intitulée "Bibliographie")...


Au Palais de Tokyo : premières affiches de Nayel Zeaiter.
Photo : T. Lefebvre.


Quant un texte est mis en ligne, il est automatiquement plus cité qu'un texte confiné dans sa version papier. Élémentaire, mon cher Watson: vous googlisez un mot-clef et la connaissance vous tombe du ciel! Est-ce pour autant un gage de qualité? Bien évidemment non!
Pour ma part, je reste profondément attaché au papier et j'avoue que les intégristes de l'open access commencent à me fatiguer. Derrière leurs arguties démocratiques et écologiques, je vois avant tout de la paresse et de la radinerie. Et un profond mépris pour cet artisanat pluricentenaire qu'est l'édition...

Pour quelques nouvelles récentes, on peut suivre les liens ici et .

vendredi 25 octobre 2019

Le fantôme de Froese

Il faut régulièrement consulter ses souvenirs, sinon on en perd la saveur.
Celui-là par exemple... Ça se passe (je crois) en 1986: le photographe fait le point sur moi, mais visiblement je suis super content de me retrouver non loin de l'homme qui se trouve au fond. Il faut dire qu'il y a de quoi!




vendredi 26 juillet 2019

Pompéi n'est pas loin

Rien ne me fascine plus que les bâtiments abandonnés, surtout quand ils s'avèrent en ruine. J'y vois une splendide allégorie de l'entropie dans laquelle nous nous débattons. Dès que je croise un lieu de ce genre, d'étranges sirènes m'interpellent et je me vois comme contraint d'y jeter un coup d'œil. C'est une pathologie comme les autres.

Jeff Chapman (1973-2005), plus connu sous le pseudonyme de "Ninjalicious", popularisa cette pratique plus ou moins illégale à la fin du XXe siècle, sous l'acronyme d'"urbex" (urban exploration). Depuis mon adolescence, je faisais donc de l'"urbex" - et de la "rurex" (rural exploration) - sans le savoir!

J'ai à mon actif des dizaines, peut-être des centaines d'explorations de ce type: des mines, des usines, des établissements de soin, des maisons, des bunkers, etc., abandonnés pour quelque raison mystérieuse (que je m'efforce parfois d'élucider), pillés et dévastés par des êtres malfaisants. Je ne rentre évidemment jamais par effraction et me contente de prendre des photos et de rêvasser. Il faudra que je raconte ça un jour, mais sous quelle forme?


Photo : Thierry Lefebvre.

La plus récente de mes découvertes - certes des plus modestes - remonte à une semaine. La demeure en question a été érigée en 1895. Les récupérateurs de métaux - hyènes parmi les hyènes! - sont déjà passés et la décrépitude est malheureusement bien palpable.
Il reste néanmoins quelques beaux vestiges de ce qui fut une "Belle Époque"...


Photo : Thierry Lefebvre.

jeudi 18 juillet 2019

Et soudain: la "Bove de la Damoiselle" en contre-bas...

J'apprécie la précision des dessins d'Edgar P. Jacobs, surtout quand ils s'inspirent de décors existants. C'est ainsi grâce à SOS Météores que j'ai appris à découvrir la ville de Buc, dans les Yvelines.

L'autre jour, passant par La Roche-Guyon sur les bords de Seine, je m'étais replongé dans une des premières pages du Piège diabolique.


Photo : Thierry Lefebvre


Après avoir dépassé la fontaine érigée à la demande du duc Alexandre de la Rochefoucauld, surmontée depuis 1996 d'un écu (détruit pendant la Révolution, il n'apparaît donc pas dans la bande dessinée originale de Jacobs, datée de 1960!), je remontais la rue et, parvenu devant l'église, j'apercevais bientôt la "Bove de la Damoiselle" en contre-bas.


E.P. Jacobs, Le Piège diabolique (Éditions du Lombard).

La demeure est bien plus avenante qu'elle ne l'était à la fin des années 1950.
Et dans la façade, la petite statue de pierre ou sa réplique y figure toujours.

Photo : Thierry Lefebvre


Quelle chance d'habiter dans une case d'un album de Jacobs!

vendredi 28 juin 2019

La bande originale de Radio Riposte entre dans les collections de l'INA

Le 28 juin 1979, il y a quarante ans jour pour jour, Radio Riposte émettait son émission sur 98,2 MHz depuis un immeuble de la Cité Malesherbes. Événement capital sur la longue route de la libération des ondes.

La perspective de cet anniversaire a été à l'origine du livre improbable que j'ai fait paraître au Square Éditeur il y a quelques semaines (François Mitterrand pirate des ondes. L'affaire Radio Riposte). Cet ouvrage trouve tranquillement son public et j'en suis très heureux.




J'ai également profité de cette parution pour déposer à l'Institut national de l'audiovisuel les deux bandes magnétiques originales, retrouvées dans des conditions narrées dans le livre: l'émission préenregistrée de 69 minutes et l'interview de François Mitterrand (très certainement datée du 27 juin 1979). L'organisme public aura désormais pour tâche de conserver et numériser ces précieuses reliques.
C'est un acte patrimonial dont je suis plutôt fier et que salue d'ailleurs l'INA dans un communiqué de presse que je reproduis.


Voir également : https://institut.ina.fr/actualites/radio-riposte

samedi 22 juin 2019

Nicolas Saada et son "prequel"

Je feuilletais l'autre jour le dernier ouvrage de Nicolas Saada, Questions de cinéma (Carlotta, 2019), et je ne pouvais m'empêcher de me remémorer les débuts radiophoniques du metteur en scène d'Espions, de Taj Mahal et de Thanksgiving.




C'est en 1986, à l'âge de 21 ans, que Nicolas Saada débarqua dans le studio d'Ici et Maintenant, sur les recommandations de son ami Stéphane Leroy. Très vite, je remarquai son humour caustique et sa passion pour le cinéma. Il possédait déjà une collection assez exceptionnelle de musiques de film qui allait faire plus tard son succès à Radio Nova (avec sa célèbre émission "Nova fait son cinéma").
Je n'ai malheureusement pas retranscrit tous les échanges loufoques que nous eûmes à cette époque, mais nous étions assurément deux farceurs dans cette station, et lui parfois avec un réel génie.

Je mettais parfois en onde ses émissions ou ses chroniques, parfois nous devisions ensemble à l'antenne. Plus tard, nous nous retrouvâmes sur Futur Génération. Notre émission commune s'intitulait "Autour du cinéma" et elle dura quelques semaines, jusqu'à la faillite de cette station parisienne (qui devint ultérieurement FG).
Je me souviens que le générique était tiré d'un album d'Henry Mancini (BO de La Soif du mal d'Orson Welles).





Nicolas croyait très fort au cinéma et la suite allait le démontrer amplement. Il faut relire son interview récente et si juste à Télérama.
J'étais pour ma part beaucoup plus sceptique et par ailleurs suffisamment fauché pour me priver de ce qui me paraissait superflu. Autant dire que je ne voyais pas forcément les films dont il m'arrivait de parler, car j'avais pas mal de choses à faire par ailleurs.

Je retrouve l'enregistrement d'un "Autour du cinéma" en date du 4 novembre 1987 (Nicolas n'était donc pas encore aux Cahiers du cinéma).
Voici un extrait de cette improvisation :

Thierry : Allons faire un petit tour du côté des salles, avec peu de sorties cette semaine, mais des films très importants. On commence par le premier: un film de Philippe Clair (qui n'a rien à voir avec René), un film de 1987 intitulé Si tu vas à Rio, tu meurs... Nicolas, je crois que tu aimes beaucoup.

Nicolas : Oui. Si tu vas à Rio, tu meurs... Oui, c'est sûrement... Enfin, j'en attends beaucoup de choses comme tout le monde, et c'est un film qui fera d'ailleurs l'objet d'une émission spéciale la semaine prochaine. Philippe Clair -c'est bien clair!- est un des plus grands cinéastes français... Philippe Clair, dont l'œuvre lumineuse ébranle sans aucun doute la galaxie de notre cinéma. Philippe Clair, l'auteur incontesté, incontestable, de Plus beau que moi, tu meurs..., Aldo la classe... Philippe Clair est un des cinéastes les plus importants de ce siècle et l'œuvre qu'il va laisser derrière lui est peut-être à l'égal de ce que vous allez écouter ce soir. C'est pour vous dire!
Oui, Si tu vas à Rio, tu meurs... Si tu vas à Rio, tu meurs... Toute la rhétorique baudelairienne de l'œuvre de Philippe Clair éclate dans ces quelques mots.

Thierry : Si tu vas à Rio...

Nicolas : Si tu vas à Rio, tu meurs...

Thierry : Mais Baudelaire n'est jamais allé à Rio.

Nicolas (faisant semblant de ne pas entendre) : Donc, quelque chose de menaçant dans le ton de Philippe Clair. C'est un cinéma en fait très grave.

Thierry : Il y a toujours trois points de suspension dans ses titres.

Nicolas : Oui, oui. Mais c'est ça qui est fort, c'est un cinéma grave...

Thierry : Oui.

Nicolas : ... qui parle de sujets sérieux. Bon: Si tu vas à Rio, tu meurs..., voilà qui connote.

Thierry : Oui.

Nicolas : Pourquoi meurs-tu?

Thierry : En plus, c'est un film sur la gémellité!

Nicolas : Oui. Je vous lis le scénario, c'est quand même magnifique: "Deux frères jumeaux se retrouvent par hasard à Rio au cours d'une grande fête. L'un est contre son gré au service d'un bande de trafiquants, l'autre est un prêtre en mission. Une succession de quiproquos et une course-poursuite à travers la ville.

Thierry : C'est bien ça, c'est assez intéressant.

Nicolas : Ça rappelle un peu naturellement...

Thierry : Psychose ?

Nicolas : Non, je pense au Journal d'un curé de campagne de Bresson, qui reprend un peu cette thématique comme ça du prêtre. Oui, c'est ça.

Thierry : Oui, en fait tu n'as jamais vu de films de Philippe Clair, comme moi d'ailleurs...

Nicolas : Mais si! Si, si, si! Si, je crois que j'ai vu... attends!... Je suis timide, mais je me soigne. Je crois... Je ne suis pas sûr que ce soit Philippe Clair, mais enfin c'est dans le même ton.


En réécoutant cet enregistrement vieux de 32 ans, j'en pleure encore de rire. Se prendre au sérieux est décidément la pire des choses qui puisse advenir.
Quels petits bonheurs nous vivions là... Et nous ne nous en rendions pas assez compte!

dimanche 2 juin 2019

Le télégraphe Chappe : premier réseau de télécommunication !

C'était aujourd'hui la douzième journée nationale de la télégraphie Chappe un peu partout en France. L'occasion d'aller voir de plus près, à Saverne, Marcy-sur-Anse, Jonquières, Gradignan, etc., quelques-unes des stations préservées. Il y en avait 534 en 1855, au moment de la disparition de ce réseau de communication jugé obsolète. Il en reste 23, parfois à l'état de vestiges, parfois dotées d'un mécanisme encore en fonctionnement.





La société historique, archéologique et artistique "Le Vieux Marly" organisait pour sa part la (re)découverte de la station de Bailly (située dans le domaine du Trou d'Enfer)... Visite sous la direction éclairée de Bruno Bentz, qui fut à l'origine de sa restauration, et de Xavier Loiseleur de Longchamps, président du "Vieux Marly".

Bailly était le quatrième station de la ligne Paris-Brest (1799), après la rue de Grenelle, Passy et le mont Valérien, et avant Les Clayes-sous-Bois et Neauphle-le-Château.


Le télégraphe de Bailly
vu depuis l'École de la campagne et de la forêt de l'ONF.

Devant le télégraphe.
Au premier plan,
la maquette de la tour  Chappe de Garancières, réalisée par Henri Langlet en 1992.

mercredi 29 mai 2019

Images de science ou images de vulgarisation ?

"Le nucléaire en mots et en images": c'était le titre du colloque de l'Université Sorbonne Nouvelle auquel je participais hier, à la demande insistante de son organisateur Frédéric Monvoisin. L'occasion pour moi de revenir sur des images sur lesquelles j'avais longuement disserté il y a plus d'une quinzaine d'années.





Aujourd'hui, grâce à Youtube (qui n'est heureusement pas qu'un dépotoir), certaines de ces images sont aisément consultables. C'est le cas, par exemple, des trois séquences ci-après, filmées en fin de nuit le 16 juillet 1945, dans le désert du Nouveau-Mexique, à une cinquantaine de kilomètres à l'est du Rio Grande.




Mais attention: pour bien comprendre ces images, il ne suffit pas de les regarder! ce serait trop facile...
Les captations des communications de ce colloque seront mises en ligne dans quelques mois.

samedi 25 mai 2019

Écrire dans l'hygiaphone

Actuellement en pleine écriture...
Il n'y a pas à dire: écrire, c'est ce qu'il y a de mieux ici-bas, avec les promenades en forêt et la rêverie. Ça ne coûte rien et c'est économe en empreinte carbone. Ça oblige également à se concentrer, alors que tout est fait pour nous disperser. En plus, ça ne fait pas de bruit et, par les temps qui courent, c'est une véritable aubaine.

C'est après que ça se gâte: quand les choses sont écrites, quand elles ont été publiées, on espère qu'elles seront lues, parce qu'il y a toujours en nous une prétention à quelque chose (de vain, cela va de soi). Il faut donc le faire savoir, "communiquer"...
Et c'est ainsi qu'on se retrouve, au bout de quelques mois ou quelques années, sur Wikipedia, pour faciliter la vie des gens pressés, soucieux de leur vernis.
J'ai fait un bilan des articles de l'encyclopédie en ligne auxquels j'ai apporté une pierre à mon insu. En voici le recensement et ça ressemble fort à un inventaire à la Prévert:

"Tho-Radia", "Radium", "Luminothérapie", "Jean Saidman", "Jean Comandon", "Étienne-Jules Marey"; "Revue d'histoire de la pharmacie", "Société d'histoire de la pharmacie", "Action (journal)", "Sociétés & Représentations"; "1905 en santé et médecine" (pourquoi 1905???), "Thermalisme", "Marie Rose (marque)", "Papier d'Arménie", "Le Sirop Typhon", "Saint-Yorre"; "Eugène Doyen", "Arthur Van Gehuchten", "Cinématographe", "Auguste et Louis Lumière", "Léon Bouly"; "Radio Verte", "Radio Carbone 14", "La Voix du lézard (ancienne radio)", "Ici et Maintenant !", "Radio libre en France", "Radio Clapas", "Radio libre en Belgique", "Radio Riposte"; "Constant Marie", "Alain Mamou-Mani", "Marius Barroux", "Léon Chabrol", "Henri Bonnemain", "Eugène-Humbert Guitard", "Michel Laval", "Didier Lefèvre", "Joseph Farines", "Auguste Béhal", "Lucien Graux", "Frédéric Delmeulle", "Marcel Fabre", "Émile Giffard", "Myriam Tsikounas", "Gérard Lemaire", "Antoine Lefébure", "Jean-Paul Baudecroux", "Didier de Plaige"; "Concerto mécanique pour la folie ou la folle mécamorphose", "Monsieur de Pourceaugnac", "Onésime (personnage)"; "Caune de l'Arago", "Rivière souterraine de Labouiche", "Marly-le-Roi"; "Antipub", "Mouvement lycéen contre la loi Fillon", "Comité d'action des prisonniers", "Mao-spontex".

C'est beaucoup et c'est pourtant peu. Tant de choses sont absentes, parce qu'on ne les trouve pas sur le web mais plutôt dans quelque ouvrage jugé poussiéreux. Mais bon, mon plaisir, ce n'est pas de corriger Wikipedia ni surtout d'y postillonner mon ego. Nous serions de toute façon trop nombreux à concourir...

vendredi 17 mai 2019

"Dirty Corner" d'Anish Kapoor : chronique d'une œuvre

Parution début juin 2019 d'un nouvel ouvrage :

Claire Noble (texte), Thierry Lefebvre (photographies), Dirty Corner d'Anish Kapoor: chronique d'une œuvre. Entre violence artistique et violence politique, Bruxelles, La Lettre volée [coll. Palimpsestes], 2019, 144 pages.

Anish Kapoor ; Claire Noble ; Thierry Lefebvre

En 2015, j'avais suivi avec le plus vif intérêt le montage, les déboires puis le démontage d'une œuvre monumentale baptisée Dirty Corner, qu'Anish Kapoor avait exposée sur le Tapis Vert des jardins du Château de Versailles. Installation superbe et dérangeante, qui échauffa quelques esprits chagrins et provoqua des réactions hostiles absolument désolantes. Rarement œuvre d'art eut à subir autant de déboires, révélant par-là même quelques crispations pathologiques dans notre beau "pays des Lumières".
Dans la foulée de cet affrontement hautement symbolique, Bertrand Tillier me commanda un petit article qui parut dans la revue Sociétés & Représentations. On peut le télécharger ICI.

Docteure en esthétique de l'Université Paris 8, la philosophe Claire Noble s'est replongée dans la chronologie des événements. Avec son éditeur Daniel Vander Gucht (directeur du Groupe de recherche en sociologie de l'art et de la culture de l'Université libre de Bruxelles), elle a souhaité appuyer sa réflexion sur quelques-uns des clichés que j'avais alors réalisés: il en résulte une sélection de 52 illustrations en couleur qui documentent tous les stades de cette invraisemblable bataille.

L'ouvrage s'apprête de sortir en juin et le texte de Claire Noble s'avère des plus intéressants. On peut se le procurer d'ores et déjà sur le site des éditions La Lettre volée.

Présentation de l'éditeur :
"Reprenant l'histoire inédite de la sculpture hors norme d'Anish Kapoor, installée de juin à novembre 2015 dans le Parc du Château de Versailles, ce livre retrace minutieusement la chronique des événements peu communs qui ont alors scandé la vie de Dirty Corner. Rebaptisé “Vagin de la Reine” avant même d'être montré au public, ce que d'aucuns ont pu qualifier de “déchet sculptural” sera le terrain de quatre actes de vandalisme, incluant notamment le tristement célèbre épisode des graffitis haineux et antisémites qui a fait la une des journaux en septembre 2015. C'est cette dynamique processuelle continuée entre la violence politique, que Dirty Corner contient désormais irrévocablement, et la violence artistique, qui s'efforce de la dépasser, qui fait ici l'objet d'une analyse documentée et d'une réflexion critique."

samedi 11 mai 2019

À la recherche de Clovis-Jules Sagot

Clovis Sagot joua un rôle important dans les débuts de la carrière de Pablo Picasso. C'est dans sa "galerie" de la rue Laffitte que Leo et Gertrude Stein découvrirent son œuvre; que le collectionneur Sergueï Chtchoukine acheta en 1909 la Dame à l'éventail; que Marie Laurencin rencontra pour la première fois Guillaume Apollinaire en 1907. Etc. Etc.
Picasso fit même de lui, en 1909, un portrait fameux, aujourd'hui exposé au Kunsthalle de Hambourg. On peut l'admirer ici.

Curieux de mieux connaître cet homme bien oublié, j'ai parcouru, ces derniers mois, de nombreux ouvrages d'histoire de l'art, et force m'a été de constater que leurs auteurs s'étaient souvent contentés de se recopier, sans vraiment vérifier leurs sources. Je me suis même rendu dans l'église ainsi qu'au cimetière de La Celle-Saint-Cloud, où la tombe du marchand d'art a malheureusement disparu, mais où j'ai pu repérer au sol les empreintes de Pablo Picasso, Juan Gris, André Salmon, etc. (Je plaisante.)


Qui était Clovis Sagot et d'où venaient les légendes qui continuent d'entourer son personnage? C'est l'objet d'un nouvel article à paraître en juin 2019 et dont je viens de corriger les épreuves. Modeste contribution à l'histoire de l'art assurément: libre aux spécialistes de le consulter!

Référence:
Thierry Lefebvre, "La légende du "pharmacien" Sagot", Revue d'histoire de la pharmacie, n°402, juin 2019, p. 271-280.

mercredi 8 mai 2019

Pèlerinage en Seine-Maritime

Devant la tombe de Marcel Duchamp, on se sent bien petit...

 

Devant celle de Gustave Flaubert, le souffle nous manque...



Devant celle de Georges Braque, il nous faudrait malheureusement ses ailes...



"D'ailleurs, c'est toujours les autres qui meurent" (Duchamp).

mardi 30 avril 2019

Radio Riposte en duplex avec Lorraine Cœur d'Acier

Il était question de Lorraine Cœur d'Acier dans "Affaires sensibles" de ce jour, avec le sympathique et toujours jeune Marcel Trillat comme invité et témoin.
La fiche présentation de l'émission, sur le site de France Inter, signale d'ailleurs La Bataille des radios libres (hélas épuisée!) dans sa bibliographie, et j'en remercie l'équipe de production.

En revanche, ce que Fabrice Drouelle ne pouvait pas savoir, c'est que Radio Riposte avait réalisé un duplex avec Lorraine Cœur d'Acier à l'occasion de son émission historique du 28 juin 1979.
On découvrira les circonstances, les enjeux et la retranscription inédite intégrale de cet échange, entre d'une part le sénateur socialiste Bernard Parmantier et d'autre part le journaliste communiste Marcel Trillat, dans Francois Mitterrand pirate des ondes. L'affaire Radio Riposte (Paris, Le Square Éditeur, 2019).

J'en profite pour signaler que cet ouvrage vient de sortir de chez l'imprimeur. Voici la photographie d'un premier exemplaire.
Sortie officielle le 14 mai, mais on peut d'ores et déjà se le procurer auprès de: https://lesquare-editeur.fr/page-contact.html.

mardi 23 avril 2019

Les nouveaux voyages extraordinaires

Un grand dépotoir jonché de meubles au rebut, de chaises tordues, d'armoires déglinguées, des articles de vaisselle ébréchés, cartons, vêtements, sacs, anciens cahiers d'écolier, livres, etc. Spectacle habituel et quelque peu tristounet des "encombrants" de nos cités. Il paraît que chaque Français en produit quelque 200 kilogrammes par an selon les spécialistes! Je vais finir par le croire.

Dans ce grand capharnaüm déballé à même le trottoir, une grande malle disloquée -probablement balancée sans ménagement depuis un véhicule- et, tout autour, des monceaux de papier dispersés au vent et piétinés sans vergogne.
Curieux par nature, j'y jette un coup d'œil, puis deux, puis trois... Je décide finalement de tout prendre: des centaines de lettres -les unes écrites à la main, les autres tapées à la machine- qu'il me faudra désormais classer, analyser, interpréter. Me voilà en effet légataire, par le plus grand des hasards, d'une correspondance extraordinaire qui semblait vouée à une impitoyable destruction: une vingtaine d'années d'échanges entre deux Françaises, l'une habitant en région parisienne, l'autre fortement impliquée dans l'humanitaire en Inde.


Que dire? C'est passionnant! Ça m'apprend plein de choses sur une activité humaine -et non des moindres!- en train de se faire, année après année, mois après mois, semaine après semaine... Des mois de lecture et de recontextualisation en perspective. J'adore!

Je me pose néanmoins une question: comment est-il possible de jeter de tels joyaux, ultimes témoins d'une vie assurément hors du commun ? Et cela, alors même que cet art si délicat et si précieux de l'échange épistolaire s'est totalement délité sous nos yeux, au moins depuis le début du XXIe siècle et le triomphe des messageries électroniques...

vendredi 19 avril 2019

L'architecture, c'est ce qui fait les belles ruines

Ci-gît Europe 1, rue François-Ier.

Photo de Thierry Lefebvre
L'ancien siège d'Europe 1.
Photo : Thierry Lefebvre (14 avril 2019).

On y entrait par la grande porte à droite: elle était vitrée et s'ouvrait sur un grand hall au plafond tapissé de miroirs.

Intermittents - 2003 - Thierry Lefebvre
Les intermittents en lutte rendent visite à Europe 1.
Photo : Thierry Lefebvre (6 juin 2003).

mardi 16 avril 2019

Bibi s'en va

Les Fraises sauvages (1957) est, de mon point de vue, une œuvre capitale de l'art cinématographique, une rencontre inoubliable entre deux artistes de génie: Ingmar Bergman (1918-2007), alors au faîte de sa créativité, et l'immense Victor Sjöström (1879-1960), réalisateur des Proscrits (1918) et du Vent (1928). Et entre ces deux géants, l'indicible grâce d'une toute jeune actrice: Bibi Andersson (1935-2019).

Les Fraises sauvages
Bibi Andersson et Victor Sjöström
dans Les Fraises sauvages.

Bibi est partie à son tour.
À l'instar de Gérard de Nerval, Sjöström aurait pu dire d'elle : "je craignais de troubler le miroir magique qui me renvoyait son image".

vendredi 12 avril 2019

François Mitterrand pirate des ondes : le livre !

Parution courant mai 2019 d'un nouvel ouvrage :

Thierry Lefebvre, François Mitterrand pirate des ondes. L'affaire Radio Riposte (Paris, Le Square Éditeur, 2019).

L'affaire Radio Riposte - Thierry Lefebvre - Le Square Éditeur
Thierry Lefebvre, François Mitterrand pirate des ondes.
L'affaire Radio Riposte.

Le 28 juin 1979, il y a donc bientôt quarante ans (!), la Fédération de Paris du Parti socialiste diffusait sur les ondes un programme radiophonique dont un des intervenants n'était autre que François Mitterrand.
Radio Riposte - c'était son nom - émettait sur la bande FM, commettant ainsi une infraction au monopole d'État de la radiodiffusion en vigueur depuis le lendemain de la Seconde Guerre mondiale. L'émission fut brouillée, la police intervint en flagrant-délit, mais le matériel ne put être saisi.
Les retombées furent considérables: deux mois plus tard, François Mitterrand, Laurent Fabius et quelques autres étaient inculpés.

Cet ouvrage évoque les protagonistes, les tenants et aboutissants, mais également les conséquences de ce programme qui préluda à la libération des ondes dans les années 80. Il en restitue pour la première fois l'intégralité des propos, grâce à la bande originale retrouvée dans des conditions évoquées dans le livre.

Quatre décennies se sont écoulées, mais l'univers de nos médias contemporains porte encore la race de cette émission historique...
Bon anniversaire, Radio Riposte !

Publié par Le Square éditeur, avec le soutien de l'Institut national de l'audiovisuel et l'Institut François-Mitterrand.
On peut se le procurer préférentiellement ICI : sur le site des éditions Glyphe.

jeudi 4 avril 2019

De Port-Royal à Saint-Vincent-de-Paul

Conférence illustrée ce matin sur le thème "Science et cinéma", dans le cadre des ateliers préparatoires du Mois du film documentaire (ce sera, en novembre prochain, la vingtième édition de ces rencontres un peu partout en France).

Ces ateliers se déroulaient aux Grands Voisins, qui occupent pour le moment une partie des anciens locaux de l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul. Dire que j'ai fréquenté ponctuellement ce lieu de soins dans ma précédente vie! Comme le temps passe!

Mois du doc
La Lingerie de l'ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul,
transformée en salle de projection.
Photo : Thierry Lefebvre.

En arrivant à la station Port-Royal, je me suis recueilli quelques instants devant la plaque en hommage aux victimes de l'attentat du 3 décembre 1996. Je ne peux passer en cet endroit sans ressentir une certaine émotion. Ce mardi-là, j'avais emprunté, comme beaucoup d'autres, le RER B, pour me rendre à Clamart où j'exerçais alors.
Une pensée pour les victimes et honte éternelle aux assassins anonymes!

De retour, je viens tout juste de signer le bon à tirer d'un nouvel ouvrage. La photographie de couverture est très évocatrice. On en reparle dans deux semaines.

mercredi 27 mars 2019

La Revue du praticien

Vient de paraître dans La Revue du praticien (vol. 69, n° 3, mars 2019, p. 344-346) un nouvel article ainsi référencé:
Thierry Lefebvre, "Si loin, si proches: la Société d'histoire de la pharmacie et la Société française d'histoire de la médecine", en partie inspiré de mon récent ouvrage Une société savante et son bulletin à la veille de la Première Guerre mondiale. Il m'avait été commandé par le Pr Jean Deleuze, pilier de cette revue médicale de référence.

Par une curieuse coïncidence, ce nouveau texte est le neuf-centième (en ne tenant pas compte des ouvrages) de ma destinée d'absurde scribouillard.
Il s'agit par ailleurs de mon vingt-et-unième article publié dans cette revue depuis 1996, date à laquelle débuta ma collaboration.

Je retrouve les titres des vingt premiers:
"Les début du cinéma médical" (1996), "Images de la trépanation" (1997), "Louis-Ferdinand Céline et la mission Rockefeller" (1997), "Cinématophtalmie et salles obscures" (1997), "Radio-cinématographie et péristaltisme digestif" (1998), "Une patiente célèbre: Marie Duplessis, la Dame aux camélias" (1998), "L'anatomie topographique du docteur Doyen" (1998), "Le médecin des ondes" (2000), "La longue marche d'Étienne-Jules Marey" (2002), "Aspects négligés de l'iconographie antialcoolique: plaques de verre et films fixes" (2002), "Jean Comandon et les débuts de la microcinématographie" (2003), "Le cinéma contre la syphilis" (2004), "La séparation de Doodica et Radica" (2005), "Le village sanatorial du plateau d'Assy" (2006), "L'âge d'or de la radiesthésie médicale" (2006), "Le solarium tournant d'Aix-les-Bains" (2006, avec Cécile Raynal), "Le mystère Tho-Radia" (2007, avec Cécile Raynal), "L'aventure du Médicophone" (2007), "Les débuts cinématographiques du docteur Doyen" (2013), "Au temps des voyages d'études médicales" (2014).

Si je me souviens bien, ce fut l'excellent Dr Christian Régnier, médecin-directeur du Service universitaire de médecine préventive et de promotion de la santé des étudiants de Sorbonne Université, qui me mit en contact avec cette revue il y a donc près de vingt-cinq ans.

lundi 25 mars 2019

Du relief et de l'expérimentation !

Long voyage d'étude la semaine dernière... et des découvertes à foison.
C'est fou ce que ce monde devient passionnant lorsqu'on se détourne un peu du quotidien et que l'on sollicite les "fibres encore vierges de nos sens" (j'adore cette formule de Stevenson!).
Le remâchage, l'emploi (au sens théâtral du terme) et la posture engendrent la monotonie.

Parmi les nombreuses rencontres inopinées de cette seconde quinzaine de mars, quelques-unes eurent trait au relief, une question qui m'intéresse depuis fort longtemps comme en témoigne cette publication... ancestrale.

Thierry Lefebvre, Philippe-Alain Michaud

Il y eut tout d'abord un clip en réalité virtuelle de Lefdup & Lefdup - extrait de Home of the P@ge reboot (projet en cours, me confirme Jérôme Lefdup) - que j'ai pu voir et revoir avec un très très grand plaisir sous Oculus, dans le cadre du festival international d'arts numériques "Videoformes" de Clermont-Ferrand.


Revolution (2018) - c'est le titre du clip - est une nouvelle version d'une chanson scandée par l'écrivain Norman Spinrad. Enregistrée en 1998, l'image est désormais multiprojetée dans une sorte d'engin spatial virtuel transformé en espace d'exposition steampunk. Le résultat est tout à fait stupéfiant.
"The Web is the Revolution, download the Revolution, store the Revolution, backup the Revolution" (dixit Norman Spinrad).

On peut citer aussi l'immersif Planet ∞ (2017) de Momoko Seto (pour rappel, j'avais interviewé cette artiste en 2012 dans le cadre d'une journée à la BnF). Ainsi que l'installation Serial Portraits Croisés de la sympathique Sigrid Coggins, qui nous donne à voir et à dessiner son propre avatar.

Dispositif pour "Serial Portraits Croisés"
Le dispositif de Sigrid Coggins.
Dessiner un avatar sans voir la feuille: pas facile!
Photo : Thierry Lefebvre.

Une semaine plus tard, c'était l'inauguration du festival "Super Flux" au musée des Beaux-Arts de Tours.


Flavien Théry y présentait Inverted Relief, un tapis fabriqué à Aubusson et représentant une image 3D (en anaglyphes!) de la surface de Mars. Le musicien Thomas Poli accompagnait ce voyage en surchaussures à l'aide de séquences de son album Candor Chasma (Un je-ne-sais-quoi, 2018), improvisées sur synthétiseurs analogiques Verbos.

Thomas Poli (au premier plan) accompagne Inverted Relief.
Flavien Théry (au fond en chemise noire) filme la performance.
Photo : Thierry Lefebvre.

Un extrait de l'excellent Candor Chasma de Thomas Poli (à voir avec des lunettes anaglyphiques!).


So long earth (Th. Poli, à retrouver sur le label tourangeau Un je-ne-sais-quoi).

Merci à toutes et tous pour ces expériences et ces échanges...

samedi 16 mars 2019

Balayer devant sa porte pour le climat

Marcher pour le climat. En voilà une idée qu'elle est bonne, comme disait le regretté Coluche. Ça ne mange pas de pain et ça ne remet guère en cause la Société du Spectacle, bien au contraire. Et ça autorise les pseudo écolos, muets comme des carpes quand il s'agit de défendre le principe d'une taxe carbone forcément injuste, de se dresser sur leurs ergots et de prendre les postures "yakafokon" qu'ils affectionnent par-dessus tout.
La posture, ce premier symptôme de l'imposture.

Me rendant à Paris en transports en commun, je me trouvais hier à proximité de trois jeunes lycéens qui allaient de conserve à cette fameuse marche dont Le Monde et les médias bien pensants nous rabattent les oreilles.
Ils étaient d'ailleurs d'apparence très sympathique, ces deux filles et ce garçon qu'on aurait qualifiés, à une époque ancienne, de "bcbg"! L'une des deux filles avait tatoué sur ses joues nos trois couleurs nationales, témoignant de la sorte de sa dernière mobilisation d'envergure.
À l'instar de nombre de leurs aînés présents dans le wagon, tous trois étaient penchés sur leur smartphone, se montrant régulièrement des choses sans doute amusantes qu'ils téléchargeaient sur leurs écrans. Un haut-parleur distillait des chansons anglo-saxonnes. Ils étaient habillés de la tête aux pieds de "made in China" et évoquaient, entre autres choses, leurs prochaines vacances d'été (l'une irait en Australie, si j'ai bien compris).

Sans s'en rendre compte, ils incarnaient à merveille ce contre quoi ils se "mobilisaient" (pour reprendre la terminologie des médias): le transport aérien, le fret maritime, et le numérique qui intermédie tout, surtout le superfétatoire.
Une économie numérique qui représente d'ores et déjà plus de 7% de l'énergie mondiale dépensée - un peu plus que le trafic aérien - et qui double sa consommation tous les quatre ans à ce que disent les experts. C'est dire si on n'est pas sortis de l'auberge! En fait, nous sommes tous coupables (moi y compris) de l'effroyable bourbier dont nous ne sortirons de toute façon jamais, quand bien même une dictature nous priverait du superflu, puis du nécessaire.

Plutôt que de marcher en rond et d'exiger des décisions (sans d'ailleurs nommer les plus difficiles) que d'autres et peut-être nous-mêmes n'accepteront jamais, balayons devant notre porte car nos détritus s'y accumulent!

mercredi 13 mars 2019

Aux sympathiques forçats de la route

J'ai toujours admiré les champions cyclistes. Cela tient certainement au fait que mes parents m'avaient emmené à la Cipale quand j'étais petit. Depuis, je n'ai jamais raté une occasion de les croiser, comme ce fut encore le cas dimanche dernier.
J'apprécie beaucoup le courage et la modestie de ces jeunes gens. Et puis, la bicyclette est une si belle invention! Deux siècles déjà et toujours irremplaçable! Que le monde serait bien plus beau si on s'était contenté de la perfectionner...

Ici, le coureur danois Magnus Cort Nielsen, tout sourire. J'apprends avec joie qu'il vient de gagner aujourd'hui la quatrième étape de Paris-Nice, à Pélussin dans la Loire...
Bravo champion! On a besoin de gens comme toi en ces temps grincheux!

Photographié par Thierry Lefebvre
Magnus Cort Nielsen, le 10 mars 2019
à Saint-Germain-en-Laye.
Photo: Thierry Lefebvre.

lundi 4 mars 2019

Les Pilules Orientales dans "Le Figaro"

Merci à Cécile Thibert qui a publié aujourd'hui, dans Le Figaro (section "Le plaisir des livres"), une belle analyse de L'Épopée des Pilules Orientales.
La référence de l'article est la suivante: C. Thibert, "Elles croyaient aux Pilules Orientales pour une poitrine idéale", Le Figaro, lundi 4 mars 2019, p. 14.
Le livre est toujours disponible à l'adresse suivante: http://www.editions-glyphe.com/livre/lepopee-des-pilules-orientales/.

Je suis par ailleurs en train de corriger les épreuves d'un nouvel ouvrage à paraître. J'adore cet exercice de méticulosité, même si j'en ressors le plus souvent avec une certaine raideur de la nuque et une jolie migraine.

vendredi 1 mars 2019

In memoriam Allakariallak : souvenirs

Une collègue que je ne connaissais pas jusqu'alors m'a récemment contacté pour me questionner sur un de mes anciens textes, qu'elle qualifie de "magistral". Sur le moment, je me suis demandé s'il n'y avait pas erreur sur la personne, tant je ne me reconnais absolument pas dans ce qualificatif.
J'ai néanmoins relu le texte en question. Il date d'une vingtaine d'années, mais sa mise en ligne depuis peu m'a évité de remuer de la poussière. En voici la référence et le lien: Thierry Lefebvre, "In memoriam Allakariallak. À propos de Nanook", 1895, revue d'histoire du cinéma, n°30, 2000, p. 66-97.

Assurément, je ne l'écrirais plus de la même façon, je n'emploierais pas forcément les mêmes mots, j'y serais sans doute moins péremptoire (ah! jeunesse fougueuse!). Mais j'ai quand même relu ce texte avec plaisir et non sans un certain amusement. Comme on feuilletterait d'anciennes photos de famille en souriant de ses poses...
Au-delà du texte en lui-même, dont chacun peut penser ce qu'il veut, ce sont les circonstances de sa fabrication qui me sont progressivement revenues à la mémoire. Car chaque recherche est une petite aventure en soi. Et les multiplier, c'est remplir sa mémoire d'un océan d'anecdotes.

Comme souvent à l'époque, mon camarade Philippe-Alain Michaud, aujourd'hui conservateur chargé de la collection film du Musée national d'art moderne et à l'époque responsable de la programmation cinéma de l'Auditorium du Louvre, avait fait appel à mes "lumières" pour saupoudrer d'incongruité un cycle en préparation.
Le titre en était: "Trompe-l'œil. L'espace illusionniste au cinéma" (25 septembre-28 octobre 1999). J'ai d'ailleurs retrouvé dans un ancien agenda quelques dates de rendez-vous dans les bureaux de l'Auditorium: le 9 février et le 30 mars 1999, en particulier.

L'espace illusionniste au cinéma
Trompe-l'œil. L'espace illusionniste au cinéma
(Auditorium du Louvre, 1999).

Le sujet m'entraînait a priori vers des territoires cinématographiques qui m'étaient familiers (Méliès, de Chomón, etc., je note d'ailleurs certains de ces films dans la programmation); mais je proposais paradoxalement une séance sur le Nanook de Robert Flaherty. Intégrer ce film emblématique du cinéma documentaire dans un cycle consacré au "trompe-l'œil", c'était bien là une idée farfelue... mais Philippe-Alain, toujours curieux et bienveillant, céda à mon caprice.
De là, une recherche tous azimuts qui me mena jusque dans les archives de Revillon frères, où je fus d'ailleurs accueilli de manière très sympathique. J'y entrevis de précieux albums photographiques. Mais n'étant pas du genre "curator", je les laissais à d'autres qui les ont redécouverts depuis.

Présentation de la séance Nanook.
Mon rattachement principal pour la recherche était alors à l'Université Paris  I (Isor).

La présentation eut lieu le lundi 25 octobre 1999 dans un Auditorium du Louvre bien rempli (comme souvent). Et le texte parut quelques mois plus tard dans la revue d'histoire du cinéma dont j'étais alors "secrétaire de rédaction".

Pour l'illustrer, j'avais utilisé quelques images tirés d'un film fixe Pathéorama trouvé quelques années plus tôt dans une brocante de banlieue. Stéphane Dabrowski, toujours aussi serviable, en tira quelques photogrammes.
Je retrouve cette précieuse petite boîte vingt ans après...

Nanouk l'Esquimau (Pathéorama, n° 169).

Et c'est ainsi que le hasard décide souvent pour nous de nos prétendus "choix".

jeudi 28 février 2019

Les Pilules Orientales dans "Pour la Science"

Les Pilules Orientales sont au sommaire du numéro de mars 2019 du magazine Pour la Science (n°497).

Pour la Science, mars 2019.

Le titre de ce texte, co-écrit avec Cécile Raynal, est : "Pilules Orientales pour poitrine idéale" (p. 72-77).
C'est notre quatrième texte de commande pour cette belle revue, après "L'âge d'or des rayons de santé" (Pour la Science, n° 395, septembre 2010), "Les dessous de la gamme cosmétique Tho-Radia" (Pour la Science, n° 434, décembre 2013) et "Cannabis thérapeutique: le retour en grâce" (Pour la Science, n° 465, juillet 2016).

Dans le même temps, l'ouvrage princeps - L'Épopée des Pilules Orientalesparu il y a quelques semaines - poursuit son petit bonhomme de chemin...

L'Épopée des Pilules Orientales (Le Square Éditeur, 2018).

dimanche 17 février 2019

En passant par les grottes de Cornadore

Par bonheur, le magnifique printemps précoce qui est le nôtre cette année, a débuté alors que j'effectuais une manière de voyage d'étude dans le Massif Central (à Clermont-Ferrand, Royat, Saint-Nectaire et Vichy en particulier), pour y préparer une série d'événements dont je reparlerai au cours du second semestre 2019.
Dans l'ensemble, on méconnaît trop cette superbe région, si riche en locus historiques. Quelle joie, par exemple, de se replonger dans les petites grottes du Cornadore, connues depuis l'Antiquité romaine et exploitées comme attraction touristique depuis près de deux siècles.

Photo : T. Lefebvre.

On y entre par une porte jadis contiguë à l'hôtel du Mont-Cornadore. Ce bâtiment majestueux a malheureusement disparu, il n'en reste plus que des bains menaçant ruine.

Photo : T. Lefebvre.

Mais les petites grottes demeurent, chargées d'eau aux vertus ancestrales et douée de propriétés "pétrifiantes". Leur modestie même en constitue tout l'attrait.

Photo : T. Lefebvre.

On en reparlera...

samedi 16 février 2019

En écoutant la voix de Fromanger

Quel plaisir d'écouter Gérard Fromanger dans le cadre de l'émission "À voix nue" de France Culture! Ayant longuement rencontré ce peintre exemplaire dans son bel atelier du quartier de la Bastille, il y a une dizaine d'années, j'ai retrouvé l'homme avec lequel j'avais eu tant de plaisir à converser: à la fois modeste, passionné et toujours curieux des choses.

Au terme de notre entretien, il m'avait fait l'honneur d'une superbe dédicace très personnelle, une sorte de fresque dont je n'extrais ici qu'un infime détail coloré.

G. Fromanger. Dédicace à TL (2 février 2009). 
Détail.

Dans le cinquième et dernier épisode des entretiens menés de main de maître par Claire Mayot, Fromanger explique que cette pratique lui est venue de l'observation d'un de ses maîtres: Jacques Prévert.

Longue vie à cet amoureux du monde étrusque!

mercredi 6 février 2019

Gardez, belle nature

Me promenant, pour les besoins d'un ouvrage en préparation, dans un certain nombre de gravures de la fin du XVIe siècle, il m'arrive de regretter le cadre de vie mental de nos lointains ancêtres (en tout cas, de ceux que je me suis choisis!), jadis épris de "paysages" et d'Antiquité.

Joris Hoefnagel, 1581.

À l'instar de Julien Gracq (voir ses Carnets du grand chemin), "[...] j'aurais aimé faire la route d'un de ces peintres hollandais ou allemands qui descendaient enivrés vers l'Italie, coiffés d'un bonnet à glands, la soubreveste ouverte sur une de ces chemises à échelle de rubans qu'on voit aux autoportraits de Dürer!"
Et Gracq d'ajouter: "Il nous semble à distance que la laideur n'avait pas de place dans cette époque [...]".

Même s'il ne s'agissait probablement que de "vues de l'esprit" (comme nous le rappelle par ailleurs si magnifiquement Cervantes), quel contraste avec notre époque de défiguration permanente, où même les plus beaux "points de vue" ont un arrière-goût de levure publicitaire et d'anhydride carbonique!

Bon, cela dit, tout reste possible avec le cerveau qui nous a été consigné. Il suffit de le discipliner et de ne point trop se laisser distraire. On s'y applique.

jeudi 24 janvier 2019

De l'utilité du plumeau...

De temps en temps, il faut passer le plumeau dans les étagères. Sinon, elles s'empoussièrent.
Et voilà ce que ça donne: vingt-cinq ans de besogne quelque peu nonsensique, à l'image de l'existence et du monde dans lequel nous vivons...



À quoi ça sert tout ça?
Sans doute à pas grand-chose, sinon à échapper à la fatalité du temps qui passe ("puis des années s'écoulèrent, toutes pareilles et sans autres épisodes que le retour des grandes fêtes") et plus encore -sans doute- aux servitudes.
Car, comme l'écrivait avec une rudesse excessive Flaubert, "les honneurs déshonorent, le titre dégrade, la fonction abrutit". Il n'avait pas fondamentalement tort, quand on y réfléchit bien.

mercredi 16 janvier 2019

François Mitterrand : "Demain"

J'ai le souvenir qu'il faisait vraiment très froid le mercredi 16 janvier 1985. Le site rétrospectif Météo Passion me le confirme d'ailleurs: - 10°C au plus "chaud" de la journée à Paris. L'hiver 1984-1985 fut assurément un des plus sévères des années 80.

Ce soir-là, ma station de radio m'avait confié la responsabilité d'assurer un duplex depuis les locaux du Matin de Paris. Je me rendis donc, une valise à la main, au 21 rue Hérold où se trouvait le siège du quotidien.
Sitôt arrivé, je m'installais dans la salle de conférence de rédaction et déballais mon matériel. La valise contenait une petite table de mixage. Il suffisait de la raccorder à une prise téléphonique, de composer le numéro de la station, de brancher un ou deux micros et de procéder à quelques tests. Hop! le tour était joué, le studio volant était opérationnel.

À l'approche de 20h, le comité de rédaction fit son entrée dans un grand brouhaha. Je crois me souvenir qu'il y avait là en particulier Claude Perdriel, le fondateur et rédacteur en chef, et au moins quatre ou cinq de ses collègues. Un poste de télévision, branché sur Antenne 2, avait été installé dans un coin de la pièce et toutes les chaises étaient tournées dans sa direction.

À 20h15, le visage de François Mitterrand apparut sur le petit écran. Le président de la République se trouvait à l'Élysée, dans une belle bibliothèque agrémentée d'un drapeau tricolore. En face de lui, un quatuor de journalistes: Paul Amar, Albert Du Roy, Philippe Gallard et Christine Ockrent.
L'interview débuta.
Le premier thème abordé fut bien entendu la Nouvelle-Calédonie, alors à feu et à sang (morts d'Yves Tual le 11 janvier et d'Éloi Machoro le 12 janvier).
L'entretien prit soudain un tour surprenant.

Christine Okrent: "Est-ce que vous iriez jusqu'à aller en Nouvelle-Calédonie?"
Albert Du Roy: "Vous êtes allé au Liban..."
François Mitterrand: "Mais oui Madame, j'irai en Nouvelle-Calédonie."
Albert Du Roy: "Quand?"
Christine Ockrent: "Peut-on savoir quand?"
François Mitterrand : "Demain."
Albert Du Roy: "Vous partez demain?"
François Mitterrand: "Demain."
Christine Ockrent: "Demain jeudi?"
François Mitterrand: "Demain jeudi."

On retrouvera le passage en question dans ce document de l'Institut national de l'audiovisuel.


J'ai le souvenir d'une véritable explosion dans la salle de rédaction. Le coup de théâtre avait été tel que toutes les personnes présentes s'étaient levées comme un seul homme. Moi-même, qui ne possédais pas de télévision à l'époque (pas plus que maintenant d'ailleurs), j'avais été "scié".

Aussitôt, la machine éditoriale se mit en branle. D'emblée, le titre de la une du lendemain s'était imposé à tous: "DEMAIN", en grosses lettres capitales (j'espère qu'il ne s'agit pas d'un faux souvenir, car je ne retrouve plus l'exemplaire en question!).
En tout cas, ce soir-là, je suivais pour la première fois le processus de fabrication d'un quotidien. Ce fut une expérience passionnante.
Et lorsque je sortis du Matin de Paris, au plus profond de la nuit, il faisait toujours aussi froid...

lundi 14 janvier 2019

Pilules Orientales et P'tits bateaux

"Pourquoi les films sortent-ils le mercredi?": c'est en gros la question que m'avaient posée les jeunes Boris et Simon.
Question beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît...
J'ai tenté d'y répondre dans les "P'tits bateaux" ce dimanche 13 janvier 2019. On peut réécouter l'émission de France Inter .
Lire également cela sur le site de France Inter. (Même si je ne suis pas professeur des universités et encore moins en cinéma. Mais après tout, qu'importe l'étiquette en ces jours de soldes.)

J'en profite pour signaler que L'Épopée des Pilules Orientales sera disponible sur les différentes plateformes le 26 janvier 2019.
Je ne saurais trop recommander aux personnes possiblement intéressées de se le procurer chez l'éditeur, car il est toujours bon de soutenir les petits éditeurs en ces temps de têtes (à claques) de gondole.
C'est donc ici: http://www.editions-glyphe.com/livre/lepopee-des-pilules-orientales/.

Résumé de la 4e de couverture:

« Les amateurs de publicités anciennes ont forcément croisé les belles égéries au décolleté avantageux des Pilules Orientales. Les slogans tapageurs qui les accompagnaient, promettaient aux utilisatrices la "splendeur du buste" et la "luxuriance des seins". Mais qui imagina ce remède ? Qui le commercialisa ? Et qui en assura la promotion ? Si le pharmacien Jules Ratié n’en fut pas l’inventeur, il en fut assurément le propagateur avec la complicité de son ami publicitaire Jules Fortin. Tous deux élevèrent ces pilules de beauté au rang de "blockbuster". C’est l’histoire de ce commerce à la frontière de la spécialité pharmaceutique, que conte cet ouvrage. Il est également l’occasion de rappeler l’évolution de la législation du médicament, qui favorisa puis mit un terme à l’aventure des Pilules Orientales. »



dimanche 6 janvier 2019

Ouvrage sur l'histoire culturelle

Dans quelques jours doit sortir l'ouvrage de synthèse suivant:
Philippe Poirrier (dir.), Culture, médias, pouvoirs aux États-Unis et en Europe occidentale de 1945 à 1991. Textes et documents, Dijon, Presses Universitaires de Dijon [coll. "U21"], 2019.


J'y ai commis un chapitre au titre qui ne surprendra guère: "Des radios libres aux radios locales privées".
Je viens par ailleurs de terminer la relecture du manuscrit d'un nouvel ouvrage sur un thème proche. Tout roule.

samedi 5 janvier 2019

Souvenir : Nicole comment ?

C'était en 2002. Je me trouvais dans un bureau du deuxième étage du siège de la région île-de-France, qui se trouvait à l'époque au 57 rue de Babylone. Je m'y étais rendu pour rencontrer un conseiller régional et l'interroger sur des événements passés.
La conversation battait son plein, lorsque soudain une femme d'une cinquantaine d'années passa par l'entrebâillement de la porte.
Mon vis-à-vis, sans doute à court d'explications, l'interpela familièrement: "Et toi Nicole, tu t'en souviens?".

Oui, elle s'en souvenait un peu et me donna quelques éléments précieux. Je l'observais: son visage me disait vaguement quelque chose, mais je ne savais pas vraiment à qui j'avais affaire. Situation banale mais toujours handicapante, qui montre à quel point nous sommes dépendants des informations qui nous permettent de contextualiser nos rencontres.
À la fin de cet échange, je lui demandais son nom:
- Nicole comment?
- Bricq. B.R.I.C.Q.
Ce fut ma première rencontre avec celle qui devait devenir, bien plus tard, ministre du Commerce extérieur. Je devais la revoir d'une façon tout aussi éphémère sous les lambris du Sénat, quelques semaines avant sa mort. Une femme pugnace, assurément.

Une simple minicassette m'a récemment permis de faire cette redécouverte. Combien de rencontres de ce type nous échappent, faute d'en fixer la trace!