vendredi 16 novembre 2018

Ils étaient là, ils n'y sont plus

Quand j'étais jeune et que j'écoutais la chanson du groupe québécois Beau Dommage, Un incident à Bois-des-Filion (1975), je m'étonnais naïvement que l'on puisse encore se noyer aussi bêtement que dans le fait-divers qui servait de prétexte à ce petit chef-d'œuvre.


Pourtant, le temps a passé et au moins deux de mes anciens camarades ont disparu de la sorte.

Le premier était Alain Dupuis (alias Nil), avec lequel je fis les quatre cents coups dans une radio parisienne alors bien turbulente. J'ai raconté, il y a quelque temps, une de nos initiatives communes: l'occupation du bureau du président de TéléDiffusion de France en 1986.
Alain devait avoir une quinzaine d'années de plus que moi. Il est mort noyé dans les années 1990. Je ne sais pas ce qu'est devenue sa compagne, que nous surnommions Mitsou. Et je n'arrive plus à retrouver une photographie où on nous voyait tous les deux avec quelques autres.

Le second a joué un très grand rôle dans ma vie. Il s'agissait de Philippe Arnaud, un homme en tout point remarquable, d'une intelligence comme j'en ai rarement rencontrée.

Philippe Arnaud (1951-1996).

À la fin des années 1980, Philippe m'avait demandé de participer aux ouvrages qu'il coordonnait alors pour le compte de la Cinémathèque française.


Nous avions alors d'innombrables conversations dans son petit "bureau" qui jouxtait la bibliothèque commune de la Cinémathèque et de la Fémis, tout en haut du palais de Chaillot (quelle vue nous avions!). Érudition et humour faisaient toujours très bon ménage avec lui.

Par la suite, il joua un grand rôle, avec Dominique Païni, Laurent Mannoni et Adrien Maeght, dans la mise en chantier de mon premier ouvrage (de commande) : Le Guide du musée du cinéma. J'ai retrouvé récemment quelques lettres de lui, avec de judicieux conseils et commentaires.


Philippe est mort noyé, lui aussi. On n'a jamais retrouvé son corps.
En 1996, il y a donc maintenant près d'un quart de siècle, avec Laurent Mannoni, nous lui avions rendu un trop court hommage dans la revue 1895.

Aujourd'hui, il nous reste ses textes et ses ouvrages qu'il m'avait fait l'honneur de me dédicacer. Et de beaux souvenirs.


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