dimanche 12 septembre 2021

11 septembre 2001

Je suis loin d'être le seul dans ce cas, mais je me souviens parfaitement de l'instant où les images du 11 septembre 2001 ont fait irruption dans mon quotidien. J'en ai même gardé une trace audio.

Je m'étais rendu ce jour-là, vers 17h, au siège de la société de Thomas Sertillanges, avenue du Colonel-Bonnet dans le XVIe arrondissement. Cet homme charmant venait d'évoquer la première époque de Génération 2000, qui s'était achevée en 1978 par la saisie de cette radio pionnière et un injuste procès, lorsque, soudain, son secrétaire fit irruption dans son bureau, l'air préoccupé:

"Je suis désolé de vous interrompre, mais il y a une nouvelle absolument dingue qui vient de se produire. Apparemment, il y a deux avions qui se sont scratchés sur le World Center à New York."



Je coupai le magnétophone qui enregistrait jusqu'alors notre paisible entretien et nous passâmes dans la pièce contiguë où un poste de télévision diffusait en boucle les images des tours en feu, puis, en différé, l'encastrement d'un Boeing dans l'une d'elles. Je me souviens de notre sidération, mais surtout de notre incompréhension. Moi surtout, qui n'avait pas de télévision à cette époque (je n'en ai toujours pas) et qui était par bonheur désaccoutumé de cette "visagéité vide" du petit l'écran (pour reprendre la formulation de Guattari).

Je dois le reconnaître, je n'ai rien compris à ce qui se passait et, par la suite, les théories les plus fumeuses m'imbibèrent comme une éponge ratatinée, sans jamais m'imprégner définitivement fort heureusement. C'est dans ces moments-là qu'on se sent réellement stupide.

Quelques minutes plus tard, nous reprîmes notre conversation comme si de rien n'était, puis Thomas Sertillanges me dédicaça son bel ouvrage, La Vie quotidienne à Moulinsart. Je le garde précieusement, comme un talisman contre l'absurdité du Monde et l'ignominie diabolique de ses metteurs en scène. 

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