mercredi 30 juin 2021

La pieuvre et la bataille

Connaissez-vous La Pieuvre de Jean Painlevé? Ce court-métrage de 1928 est désormais en ligne sur HENRI, la vidéothèque de la Cinémathèque française.

On peut le visionner gratuitement à cette adresse: https://www.cinematheque.fr/henri/film/77646-la-pieuvre-jean-painleve-1928/

Comme on le constatera, j'ai eu le plaisir de contextualiser ce film. On saura (presque) tout sur ce "mollusque star" et les réminiscences littéraires de Painlevé: Lautréamont, Hugo et... Oppien de Corycos.



Dans un tout autre registre, je signale un petit texte sur les radios libres que The Conversation a souhaité reproduire: "Les radios libres: une bataille oubliée". (Enfin, moi, je n'ai pas oublié... et c'est le principal!)



La photo qui illustre l'article a été prise par mes soins en novembre 1983, il y a donc près de trente-huit ans. Elle représente Gérard Lemaire (1947-2017), un grand pionnier des radios libres que j'ai bien connu. On la retrouvera en couverture d'un ouvrage à paraître à la rentrée.

dimanche 20 juin 2021

Les mains de Fromanger

Ci-dessous: les mains de Gérard Fromanger (1939-2021) en train de calligraphier mon prénom dans la pénombre de son atelier parisien. Cela se passait en février 2009.



Photo : Thierry Lefebvre.

Encore récemment, je lui avais demandé d'illustrer la couverture de mon dernier ouvrage, L'Aventurier des radios libres. Mais il était bien trop malade. Cela restera un très grand regret.

On trouvera néanmoins dans l'ouvrage la reproduction de la couverture d'un livre collectif du Cinel, qu'il illustra à la demande de son ami Félix Guattari.



L'Aventurier des radios libres: Jean Ducarroir (1950-2003), p. 120-121.

samedi 19 juin 2021

Pour Myriam

Lorsqu'en 1993, Myriam Tsikounas me contacta afin d'intégrer le "Centre de recherches et d'études en droit, histoire, économie et sociologie du social" (Credhess) de l'Université Paris I-Panthéon, je ne pensais pas que cette aventure se poursuivrait encore une trentaine d'années plus tard. Aujourd'hui, le Credhess a pris le nom d'Isor ("Images, Sociétés et Représentations") et je participe toujours régulièrement aux travaux et aux évaluations de sa belle revue Sociétés & Représentations, que j'ai portée sur les fonts baptismaux, avec une douzaine d'autres collègues, en novembre 1995.

Je me souviens que Myriam avait été intéressée par un de mes textes paru en 1992 dans Archives, la revue de l'Institut Jean-Vigo. Elle me contacta quelque temps après et je fus d'emblée séduit par sa gentillesse. À l'époque, j'étais attaché à l'hôpital Antoine Béclère et obscur chargé de cours à l'Université Paris III.



Depuis, nous avons eu souvent l'occasion de collaborer ensemble. Trop peu, je le regrette, du fait de mon affreux éparpillement. Nous étions tous les deux proactifs, durs à la besogne, mais par malheur dans des universités et des formations très différentes.

Cette femme remarquable -et ô combien bienveillante!- est partie à la retraite il y a peu; et mes camarades Sébastien Le Pajolec et Bertrand Tillier ont eu l'excellente idée de confectionner, dans le plus grand secret, des "Mélanges", afin de lui rendre un juste hommage. Ils m'ont fait le très grand honneur d'y participer, aux côtés de Frédéric Chauvaud, Jean-Jacques Yvorel, Philippe Artières, François Albera, Évelyne Cohen, Pascale Goetschel, Pascal Ory et d'une dizaine d'autres. Que des beaux esprits, et tout sauf une de ces sectes dont l'université regorge. Ne manque à cet aréopage que le très regretté Dominique Kalifa, auquel Sociétés & Représentations s'apprête à rendre hommage.



L'ouvrage a été offert à Myriam hier, à sa plus grande surprise. J'y ai commis un article assez curieux qui, je l'espère, lui plaira: "L'autre secret de Fatima".

Référence du livre: 

Sébastien Le Pajolec, Bertrand Tillier (dir.), Des histoires, des images. Mélanges offerts à Myriam Tsikounas (aux Éditions de La Sorbonne). On peut découvrir le sommaire ici: http://www.editionsdelasorbonne.fr/fr/livre/?GCOI=28405100669360

jeudi 17 juin 2021

Les médecins ont-ils inventé le cinéma d'enseignement ?

C'était hier le dernier des "Mercredis du Comité" de la saison, organisés par le Comité des travaux historiques et scientifiques (CTHS) pour cette année universitaire. J'y posais la question suivante: "Les médecins ont-ils inventé le cinéma d'enseignement?".

La réponse ci-après... Avec, par ordre d'apparition: Étienne-Jules Marey, Eugène Louis Doyen et Jean Comandon.


dimanche 6 juin 2021

Parler pour ne rien dire

La "Fête de la radio" est terminée. Ouf, quel gloubi-boulga! Comme prévu, il n'en est pas sorti grand-chose. Beaucoup d'autosatisfaction des uns et des autres, beaucoup d'"habillage", sans doute pour tenter de conjurer l'inexorable déclin des médias traditionnels. "Le message, c'est le médium", écrivait Marshall McLuhan. Nous en avons eu une fois de plus la preuve.

Au moins, cette agitation aura eu l'intérêt de "booster" un peu les ventes du livre sur Carbone 14, sorti il y a quand même près d'une dizaine d'années. Effet de longue traîne, qu'ils disent! Il faut décidément du temps pour que les informations infusent jusqu'aux cerveaux des éventuels lecteurs. J'espère que mon dernier ouvrage sur Jean Ducarroir trouvera son chemin plus rapidement, car ce pionnier le mérite. En tout cas, l'information commence à circuler en Seine-Saint-Denis, où il vécut et lutta il y a une quarantaine d'années.



Bulletin municipal d'Aulnay-sous-Bois (mai 2021). 
Une photographie de Jean Ducarroir aurait été plus judicieuse, mais bon...


Je suis en train de parcourir À l'orée de la forêt vierge d'Albert Schweitzer. Dans un entretien du début des années 1950, ce dernier affirmait: "[...] je ne crois pas que [l'humanité] soit appelée à suivre jusqu'au bout la voie de l'effondrement." Il s'en inquiétait pourtant. Comme on le voit, le mot "effondrement" était déjà en vogue, bien avant les travaux du Club de Rome. Mais évidemment pas pour les mêmes raisons: c'est que les rochers s'érodent... et les moules (ou les croque-mitaines) doivent en changer régulièrement.

vendredi 4 juin 2021

Fête de la radio (II)

Petit, tout petit sujet sur Carbone 14 dans le journal télévisé de France 3 hier. Je me suis toujours demandé comment il était possible de faire des sujets aussi faméliques, alors même que la télévision a pour fonction essentielle de "meubler" la vacance d'esprit des gens désœuvrés, 24 heures sur 24, 365 jours par an, et cela jusqu'à la fin des temps si le dérèglement climatique n'y met pas un terme brutal. Mais bon, comme me disait le sympathique Laurent Hakim qui m'interrogeait pour ce reportage, les contraintes sont ce qu'elles sont: trente minutes d'interview sont condamnées à rétrécir inéluctablement au lavage/formatage. Curieuse opération alchimique toutefois, qui aurait surpris Paracelse lui-même.

N'empêche que j'aurais bien aimé accompagner Jean-François Gallotte à l'occasion de son petit pèlerinage aux sources, devant l'ancien hangar de la rue Paul-Fort. Le bonhomme ne vieillit pas. Et quel plaisir également de revoir Jean-Yves Lafesse!


 

Gallotte et Lafesse dans le reportage.

On peut revoir en cliquant sur le lien ci-dessous le sujet du JT de France3 

https://www.francetvinfo.fr/economie/medias/medias-de-carbone-14-a-skyrock-40-ans-de-libre-antenne-sur-les-ondes_4649375.html.

Mais si on veut en savoir plus et s'immerger dans ce que fut réellement cette radio loufoque, rien ne pourra remplacer l'ouvrage que je lui ai consacré. D'ailleurs, j'y retravaille tranquillement en ce moment.




Par ailleurs, le mercredi 2 juin, vers 16 heures, un journaliste très poli d'une chaîne d'information que je ne nommerai pas (mais son indicatif commence par B) m'a adressé le message suivant: "Bonjour Thierry, dans le cadre d'un plateau consacré aux 100 ans de la radio, seriez-vous disponible pour venir sur notre antenne ce soir de 21h à 21h30?" 

Eh bien non, je ne suis pas disponible pour me rendre à ce genre de convocation! Et que cela se sache! D'ailleurs, dans la soirée, j'avais rendez-vous avec Charles Dickens dans les bas-fonds de Londres.

jeudi 3 juin 2021

Le droit à la bouillie

Les "100 ans de la radio en France" et les "40 ans de radio libre" que nous célébrons cette semaine, donnent lieu à pas mal d'épanchements sur les réseaux sociaux: ils sont nombreux, anciens de la FM, à raconter leurs magnifiques émissions, produites tantôt sur NRJ (!), tantôt sur Radio Trifouilly-les-Oies. Autant j'ai le plus profond respect pour les vertus émancipatrices de ce média modeste, autant je m'insurge contre cette mythification inappropriée des contenus. 

Ayant pratiqué ce hobby pendant pas mal d'années, j'estime que la radio n'a pas à produire de "belles choses", avec un beau son et des invités forcément éloquents qui disent des choses supposément intéressantes. Sa fonction devrait être avant tout expérimentale, comme le postulait en son temps Radio Ici & Maintenant (c'était il y a plus de quarante ans;-). Dans mon idéal (que je partage avec moi-même), elle devrait reposer sur l'improvisation totale. Or, désormais, tout est écrit, oralisé, chronométré, standardisé.

Justement, je viens de relire dans la thèse de Sebastien Poulain (Les Radios alternatives: l'exemple de Radio Ici & Maintenant, 2015) un témoignage de Stéphane Leroy, qui fut mon collègue dans cette station en 1985-1986. Il donne le ton de ce que je pensais alors (et pense toujours à l'heure de la standardisation de la plupart des antennes).

"Tout ce qu'on voulait, c'était de l'impro totale et les grands délires. Thierry était un maître absolu dans le délire, capable d'inventer des trucs complètement surréalistes. Il faisait de l'improvisation à l'antenne, des trucs géniaux quoi. Je ne sais pas si il vous a raconté. On l'a vu faire des choses aussi absurdes et stupides que passer une après-midi entière à passer le même disque qu'était Les Bêtises de Sabine Paturel, la célèbre chanson énervante: “J'ai tout mangé le chocolat.” Vous connaissez la chanson des années 80, une chanson débile, la chanson la plus débile du monde? Il a passé une après-midi entière à passer cette chanson, d'abord en la passant une première fois, une deuxième fois, trois fois... Pour une chanson énervante, elle est bien énervante. Et ensuite, en la passant à l'envers, au ralenti. Et donc on était dans une espèce d'espace-temps qui se déformait progressivement avec un truc qui n'avait plus de sens, qui était cette chanson bête qui passait. Il a créé comme ça des espaces. Et là-dessus bien sûr, entre deux tranches comme ça, il y avait des interventions d'auditeurs qui parlaient de je-ne-sais-quoi, de poésie, de leurs problèmes personnels, de tout ça. Et puis aussitôt, ça repartait avec cette chanson qui devenait une bouillie. Des trucs comme ça. À l'époque, c'étaient des vinyles, donc il manipulait ça dans tous les sens: à l'envers, au ralenti, il accélérait. Il mettait un autre morceau, mettait un autre bruitage à côté. Il superposait les sons. Il faisait des créations de son. C'était vraiment en improvisation totale, free-jazz. Et ça pouvait durer des heures."

Je ne pense pas avoir enregistré ce délire parmi tant d'autres (d'ailleurs, les cassettes étaient bien trop courtes!). Mais "faire de la bouillie" qui "n'a plus de sens" reste, toujours de mon point de vue, la chose la plus désirable dans ce monde parfaitement absurde et prétentieux qui est le nôtre.



À Sabine Paturel, sans rancune j'espère !

mardi 1 juin 2021

Fête de la radio (I)

Cela fait quelques semaines que je n'arrête pas d'écrire des textes, souvent de commande, sur divers sujets, ou que je réponds à des sollicitations des uns et des autres. Il y a des moments comme ça.

La Fête de la Radio, qui vient de débuter hier à l'occasion des "100 ans de la radiodiffusion", est un nouveau facteur d'agitation. Mais nous, les enseignants universitaires, sommes (c'est bien connu!) des cabotins. Nous adorons ça. Toujours prêts, comme les scouts, à prêter notre voix à ceux qui la sollicitent.

Hier, c'était sur RFI dans l'émission culte de Caroline Lachowsky, "Autour de la question". On peut l'écouter ici  https://www.rfi.fr/fr/podcasts/autour-de-la-question/20210531-comment-être-sur-la-bonne-longueur-d-ondes-fête-de-la-radio

Par un hasard providentiel, une de mes étudiantes, Sybille, était justement en stage à RFI ce jour-là.



Photo : Caroline Filliette (RFI).

Ce matin, c'était sur RCF, interviewé cette fois par Stéphanie Gallet dans "Je pense donc j'agis". Je me trouvais d'ailleurs en compagnie de Patrick Eveno. On peut écouter l'émission ici  https://rcf.fr/actualite/societe/double-anniversaire-les-100-ans-de-la-radio-et-les-40-ans-des-radios-libres

À suivre...