samedi 27 février 2021

Guattari on air

Psychanalyste et philosophe, auteur de nombreux essais, les uns en collaboration avec Gilles Deleuze, les autres seul, Félix Guattari (1930-1992) s'impliqua dans le mouvement français des radios libres, à travers le prisme idéalisé de la station italienne Radio Alice, dont il préfaça la traduction française d'un manifeste en avril ou mai 1977.

Je viens de lui consacrer un article dans le numéro 54 (février 2021) de la revue espagnole Historia Actual Online. Son titre: "Guattari on air. Félix Guattari y el movimiento francés de radios libres" ("Guattari à l'antenne. Félix Guattari et le mouvement de la radio libre française").

On peut le retrouver en cliquant sur l'image qui suit.


jeudi 25 février 2021

"Perturbation, ma sœur"

J'ai trouvé l'autre jour, dans des encombrants du voisinage, un petit livre de Gilbert Lascault intitulé Sur la planète Max Ernst (Maeght éditeur, 1991). J'aime beaucoup Ernst... et la voix de Lascault évoque en moi bien des souvenirs liés au France Culture de jadis. Autant dire que je fus enchanté de ma trouvaille.

Le colophon de l'ouvrage retint mon attention: "Achevé d'imprimer sur les presses de l'imprimerie ARTE Adrien Maeght [...]". Ces quelques mots ont éveillé en moi d'excellents souvenirs.

Le 19 octobre 1994, je rencontrais, un peu intimidé, Adrien Maeght, dans les locaux de l'imprimerie ARTE, 13 rue Daguerre à Paris, accompagné de Dominique Païni et Marianne De Fleury, deux des piliers de la Cinémathèque française. Il s'agissait de fixer les modalités et principales caractéristiques de l'ouvrage qui m'avait été commandé à l'occasion du centenaire du cinéma: le Guide du musée du cinéma Henri Langlois. Une semaine plus tard, nous fixions, avec Adrien Maeght, les termes du contrat, cette fois-ci dans son bureau de la galerie mythique du 12 rue Saint-Merri.

Durant quelques mois, j'ai donc fréquenté assez régulièrement cette imprimerie magnifique. Jules Maeght, le fils d'Adrien, la dirigeait avec brio. Elizabeth Castien était chargée de la maquette (que j'avais par ailleurs suggérée). Je garde un souvenir ému de la cour pavée et de l'atelier qui sentait bon la lithographie.

J'écrivis l'ouvrage en un temps record et choisis la plupart de ses illustrations dans les fonds de la photothèque de la Cinémathèque française. Le 20 mars 1995, je corrigeais les derniers ozalids. Le 5 mai, Jules Maeght me montrait les premières feuilles qui séchaient encore dans l'imprimerie. Le 24 mai, les premiers exemplaires étaient mis en place à l'entrée du musée. J'ai noté dans mon agenda que cinq d'entre eux furent vendus cet après-midi-là.


J'ai évoqué précédemment l'incendie du palais de Chaillot du 22 juillet 1997, qui mit un terme prématuré, tout à la fois à l'exploitation de ce musée magique et à celle, prometteuse, de l'ouvrage.

samedi 20 février 2021

Y a-t-il du Holley dans Homais ?

Le 29 octobre 1858, Louis Bouilhet écrivait à son grand ami Gustave Flaubert: "L'hymen d'Holley est magnifique, j'y prends part." Le 11 février 1859, il réitérait: "Ce polisson d'Holley souille son nouveau nom."

Mais au fait, qui était Holley? Les exégètes du grand romancier ne nous avaient guère éclairés jusqu'à présent. Je me suis donc confronté à ce petit mystère à l'occasion du bicentenaire de la naissance de l'auteur de Madame Bovary.

À lire dans une nouvelle petite enquête littéraire... 

Thierry Lefebvre, "Y a-t-il du Holley dans Homais?", à paraître en mars 2021 dans le n°409 de la Revue d'histoire de la pharmacie (p.136-140). J'en corrige les épreuves.



Signature de Monsieur Holley.

lundi 15 février 2021

Ch'ti article

Le 13 février 2021, c'était, comme chaque année, la Journée mondiale de la radio. À cette occasion, La Voix du Nord a consacré une double page illustrée aux "40 ans de la libération de la bande FM". Composé par Sébastien Leroy, ce mini-dossier est agrémenté de trois encadrés: l'un sur "Radio Uylenspiegel, l'onde flamande", l'autre sur "Radio Campus, la pionnière", sans oublier mon propre "éclairage" (tamisé) intitulé "Un véritable outil de subversion politique".

C'est ICI, mais sur abonnement.

Lu La Lumière qui s'éteint de Rudyard Kipling et La Conquête du courage de Stephen Crane, écrits à peu près vers la même époque, à la fin du XIXe siècle. Ça pulsait fort en ce temps-là.

mardi 9 février 2021

Les Nuits de la pleine lune (III)

Alors voilà...

Cela se passait en novembre 1983 et ce fut une de mes deux "Nuits de la pleine lune". (Je ne raconterai pas ici les circonstances, un peu romanesques, qui me conduisirent dans ce petit troquet de la place Saint-Michel.)

Éric Rohmer n'était pas directif. Il nous demanda simplement de faire "comme si de rien n'était" et de rester à nos places respectives. Je m'étais donc installé -seul- à une table accolée à la cage d'escalier. Situation stratégique qui me permettait d'observer ce qui s'y tramait (et même de descendre au sous-sol à l'occasion des nombreuses répétitions), mais également d'avoir une vue imprenable sur l'ensemble de la grande salle grâce au jeu des miroirs.

On me voit ici à ma place, au premier plan. Je photographie dans le reflet du miroir Pascale Ogier, reconnaissable à son bandeau autour des cheveux, et Rohmer, bras croisés. Tous les deux sont en pleine discussion.



Photo : Thierry Lefebvre.

La séquence, cruciale pour l'intrigue, se termine de la sorte : Pascale Ogier remonte prudemment du sous-sol où elle a entrevu le fantôme (?) de Tchéky Karyo, elle longe prudemment les deux flippers en scrutant la place Saint-Michel, puis rejoint Fabrice Luchini qui achève de noter sur son carnet l'idée qui lui était venue quelques minutes plus tôt.





Trois photogrammes des Nuits de la pleine lune.
Pascal Ogier rejoint Fabrice Luchini.

Dans mon souvenir, il y eut au moins trois prises pour ce seul plan.

Pour bien comprendre le dispositif, voici une capture d'image. Au premier plan, quatre figurants (des étudiants d'Éric Rohmer à l'Université Paris I, ce qui n'était pas mon cas en 1983) discutent ensemble ("comme si de rien n'était"). Au fond, pratiquement sur un même plan, de gauche à droite: moi, Pascale Ogier et un figurant dont Rohmer dut apprécier le pull jaune (la couleur joue en effet un rôle crucial dans le film).



Il est clair que Rohmer commit une petite erreur en me laissant à cette place stratégique. L'apparition progressive de Pascale Ogier, qui remonte les marches très lentement, est en effet "parasitée" par mon profil hirsute, comme on le voit très bien sur ces captures d'écran.




Je n'avais rien à faire là, à l'évidence, mais j'ai tellement appris ce soir-là que je ne regrette rien. J'en saurai toujours gré à Éric Rohmer.

Parmi les nombreuses photos que j'ai prises à l'occasion de ce tournage, il en est une de Pascale Ogier que je trouve superbe. Je la réserve pour une autre occasion...

dimanche 7 février 2021

Qui c'est celui-là ?

Cela fait quelques années que je couve un ouvrage que j'envisage à nul autre pareil (on dit toujours ça!). J'y rêvassais encore ce matin, tandis que s'entrechoquaient, dans le flipper de mon lobe frontal, une kyrielle de "souvenirs-flashes" ("flashbulb memories"). 

J'adore jongler avec ces matériaux forcément personnels, qui semblent comme "encapsulés" dans ce qu'il y a de plus intime en nous: la pensée.

Bon, je n'en dis pas plus pour le moment, mais je verrais bien cette image en couverture.



Photogramme: Thierry Lefebvre.

Pour l'heure, je ne bute plus guère que sur ce visage d'un acteur autrefois célèbre. Mais "je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître". 

Qui était-il? 



Photogramme: Thierry Lefebvre.


Celle ou celui qui me donnera la réponse sera crédité(e) dans les remerciements! Promis!

mercredi 3 février 2021

Les Nuits de la pleine lune (II)

Commentant un de mes anciens "posts" (comme on dit en bon français) consacré aux Nuits de la pleine lune (le film d'Éric Rohmer), Jérôme Boré m'a laissé un magnifique témoignage que je ne peux m'empêcher de reproduire également ici :

"1984 est l'année de mes 15 ans et de l'étrange souvenir du trouble suscité par l'annonce de la disparition d'une jeune actrice qui m'était inconnue, et dont la seule information que j'avais glanée à l'époque était son rôle principal dans un film au titre banal en même temps étrange et beau : "Les nuits de la pleine lune".

2015, est l'année ou je me suis procuré un ancien flipper au thème "punk" qui se trouve toujours dans mon salon accompagné d'autres vieux objets contaminés par la nostalgie.

2019 est l'année ou en reparcourant passionnément la filmographie de E. Rohmer, j'ai visionné le film "Les nuits de la pleine lune" et ai reconnu ce même flipper que frôle l'actrice lors de la scène de la brasserie. Intrigué par les multiples portées de ce film et saisi du plaisir de l'investigation, je suis naturellement arrivé sur l'article de votre blog et ai été conquis par sa magnifique évocation.
Etait-ce un ultime raffinement de la part du réalisateur d'avoir inséré cette machine dont le thème rend hommage à Ellie & Jacno ?
Etait-ce réellement le flipper qui se trouve dans mon salon près duquel vous étiez assis non loin et devant lequel passe Pascale Ogier ?
Evidemment impossible et peu importe de le savoir.

2021 est l'année qui m'a donné l'envie et le courage de publier un commentaire sur votre blog internet et de témoigner également de l'incroyable fascination que peut exercer -comme vous le dites- le croisement de la mémoire et de toute forme de traces, électronique pour la mienne, argentique pour la vôtre."

Merci Jérôme. 
Je reviendrai sur le tournage de ce film propice à la rêverie, dès que j'en aurai terminé avec quelques commandes urgentes et les dernières corrections d'épreuves d'un ouvrage.

Mais d'ores et déjà, voilà une photo de Fabrice Luchini devant le flipper en question (qui était la jeune femme à ses côtés??). Je me souviens que cet acteur encore discret m'avait invité chez lui pour m'acheter quelques photos. L'argent ne faisant pas le bonheur, comme je le pensais et le pense toujours, je lui avais offert un ou deux tirages. Peut-être les retrouvera-t-on un jour dans ses archives?



Photo : Thierry Lefebvre.