vendredi 10 janvier 2020

Martine Laronche, où que vous soyez...

Le Monde rendait hier un vibrant hommage à l'une de ses plus brillantes journalistes, Martine Laronche, décédée prématurément d'une "épouvantable maladie neurodégénérative". Cette nouvelle m'a profondément ému. Je n'oublierai en effet jamais le très long déjeuner-entretien que nous eûmes, elle et moi, en présence de la jeune Gwénaëlle Barzic (aujourd'hui chez Reuters), le mercredi 30 mars 2005, dans une brasserie située non loin du siège du quotidien.

Je suivais à l'époque, dans l'optique d'approfondir ma culture générale, un petit groupe de lycéens mobilisés contre la "loi d'orientation et de programme pour l'avenir de l'école" (dite "loi Fillon").
J'ai horreur des apparatchiks, les vieux militants me scient les dents (tout comme les supporters ultras de foot), mais j'ai une infinie tendresse pour les jeunes exaltés, pleins de fougue et de romantisme, mêlant humour et autodidaxie politique. Il faut dire qu'avec ce petit groupe affinitaire, j'étais servi: quelle bande de génies en herbe (mais, malheureusement -ou heureusement?- ils ne le savaient pas)! Samuel, Matteo, Pauline, Boris, Annie, Cannelle, etc, vos échanges et vos plaisanteries résonnent toujours dans ma mémoire comme un merveilleux hymne à la vie...



Deux images d'une collecte 
et son transfert dans un sac poubelle tenu par une des lycéennes 
(9 mars 2005).


Je ne raconterai pas ici les circonstances rocambolesques qui me mirent en contact avec ces jeunes gens, ni celles -non moins curieuses- qui me firent rencontrer Martine Laronche; mais nos échanges et ses articles consécutifs dans Le Monde (par exemple celui-là) déclenchèrent une bouffée médiatique délirante qui me fit toucher du doigt le noyau dur de la Société du Spectacle et la roublardise des pseudo-sciences sociales.
À ce point d'incongruité, ça en devenait presque poétique et je ne remercierai jamais assez Martine Laronche de m'avoir ouvert de tels horizons. Mon côté Zelig en fut contenté; et évidemment il me faudra raconter ça, si l'homme à la faux m'en laisse le temps.


Le très regretté Charb illustre mes propos 
dans Charlie Hebdo en 2005.

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