vendredi 25 décembre 2020

Signe de gaieté

Et revoilà les fêtes et leur cortège de casseroles! C'est le moment de relire Gustave Flaubert... juste une définition prise (presque) au hasard dans son Dictionnaire des idées reçues

Je cite (c'est tellement beau): "Boudin. - Signe de gaieté dans les maisons. Indispensable la nuit de Noël." Vous pouvez évidemment remplacer "boudin" par toutes les idées débiles qui vous passent par la tête. Le tout, c'est généralement qu'un animal innocent en fasse les frais.

Concernant Flaubert (dont on fêtera bientôt le bicentenaire), j'ai profité de cette journée pénible pour rédiger un petit texte de 13.000 signes, ma foi assez curieux. Ce bonhomme m'inspire. J'aimerais bien me trouver, à l'heure où j'écris, dans le peu qui reste de sa propriété de Croisset.

PS : Revu hier Tigre et Dragon de Ang Lee. Déjà vint ans! Comme il me plairait, tel Li Mu Bai, de me balancer au sommet d'une forêt de bambous. Ce film est magnifique.

samedi 12 décembre 2020

Pordenone et les microbes

Tout est vain. On est d'accord. Mais par-delà la "vainitude" de toutes les choses que nous entreprenons dans ce bas-monde (Pascal ayant dit l'essentiel à ce sujet et bien mieux que moi, je peux me permettre ce barbarisme), il existe parfois des petits îlots d'illusions.

Tel fut le cas hier, le 11 décembre 2020, quand, intervenant à distance dans le cadre d'un séminaire organisé par mon vieux camarade Laurent Véray, je me mis à improviser sur un excellent souvenir, une de ces situations qui, la mémoire aidant, égayent nos vieux jours.

C'était en octobre 1987 à Pordenone, dans le Frioul italien. Je m'étais rendu, il me semble pour la deuxième fois, aux "Journées du cinéma muet" (Giornate del Cinema Muto) qu'organisait (et organise toujours), dans le magnifique Teatro Verdi, la Cineteca del Friuli.

Il faisait un temps superbe, comme souvent à cette époque de l'année dans cette belle région. Un après-midi, j'aperçus un petit groupe de spécialistes de ce cinéma si singulier, qui se dirigaient vers l'Aula Magna. Avec la bénédiction d'André Gaudreault, je m'incrustais...

La suite est narrée dans mon intervention que l'on peut d'ores et déjà consulter sur la chaîne YouTube du séminaire ANR Ciné 08-19 (universités Sorbonne Nouvelle et Gustave-Eiffel).

J'en oubliais presque le titre de ma causerie: "Du microbe à la santé publique: les nouveaux territoires du cinéma". Il y est question du Dr Jean Comandon, de cinéma scientifique, d'épidémies de fièvre typhoïde, de la Première Guerre mondiale, etc.

Malgré les incidents techniques (ou plus vraisemblablement à cause de ces derniers), j'en garderai un souvenir agréable.

Merci à Béatrice de Pastre et au CNC pour les illustrations qui s'avèrent, dans des conditions normales de diffusion, bien moins "hachées". Et salutations à Michel Marie et Frank Kessler qui s'étaient connectés parmi beaucoup d'autres. Un autre bon souvenir à garder au fond de ma besace.


lundi 30 novembre 2020

Encore "Les P'tits Bateaux"

Un vieux camarade m'avertit qu'il m'a entendu, une fois de plus, dans l'émission de Noëlle Bréham, "Les P'tits Bateaux". Cette fois-ci, les questions d'Albane et Onitsha étaient "Qui a inventé la télé?" et "Quand est-ce qu'on a inventé la télévision?".

C'est ICI.

À ce propos, Yann, un auditeur fidèle des "P'tits Bateaux", me fait remarquer que John Logie Baird était Écossais, et non Anglais comme je l'ai dit à tort. Il a tout à fait raison. J'aurais dû dire Britannique, mais par ces temps de Brexit et de possible indépendance de l'Écosse, la précision s'impose. Merci à Yann pour son écoute attentive!

Je dois néanmoins avouer que je ne me souvenais plus avoir répondu à cette question. La mémoire commence à défaillir, ce n'est pas forcément bon signe.

D'autres souvenirs sont heureusement plus tenaces. J'ai revu hier le dvd de la version restaurée des Sept Samouraïs d'Akira Kurusawa (1954). Ce chef-d'œuvre m'avait ébloui lorsque je l'avais vu à 16 ans pour la première fois. Le retrouver, bien des décennies plus tard, fut un enchantement. 


Finalement, comme le disait l'autre jour Marjane Satrapi sur France Culture, à quoi bon se coltiner le tout-venant de la production contemporaine, alors que tant de classiques suffisent à nourrir nos rêves et le reste d'humanisme qui paresse en nous. Comme jadis, nous ne sommes pour la plupart que des animalcules. Nous avons trop tendance à oublier qu'il nous faut toujours nous jucher sur les épaules de géants.


vendredi 20 novembre 2020

Radios libres : bientôt quarante ans

1981-2021 : il y a quarante ans, les radios libres... On aura l'occasion d'en reparler.

En attendant, je retrouve cette petite vidéo bricolée en 2011 par Pierrick Allain, dans le mini studio de "Télérama". 

Un bon souvenir...


vendredi 13 novembre 2020

Ce que je dois aux sœurs Brontë

Il n'est qu'à lire et relire Wuthering Heights et Jane Eyre (ce que je refais actuellement) pour se rendre compte à quel point nous avons involué depuis ce miraculeux XIXe siècle qui s'honora du passage terrestre, pourtant bien fugace, d'Emily et Charlotte Brontë. "Involution sénile", comme l'écrivent Marcel Garnier et Jacques Delamare dans leur célèbre dictionnaire médical. Involution tout à la fois spirituelle et "intellectuelle", à supposer que ce dernier mot ait encore un sens.

Il faut dire que notre époque nous met à rude épreuve, en nous soumettant chaque jour à une effroyable centrifugeuse informationnelle. Nous sommes continuellement "essorés" par des "nouvelles" qui ne nous regardent en rien ou si peu, - nous, pauvres pignoufs de ce siècle palabreur qui est le nôtre; également par tout un fatras d'opinions qui ne sont que postures, "trompe-l'ennui" et pompe à vide existentiel. 

Rien de cela dans les merveilleux ouvrages des sœurs Brontë. La modernité déterritorialisante semblait si loin du petit presbytère de Haworth et des landes d'alentour. Dans leurs livres, on ne trouve que l'affirmation d'une liberté farouche, qui est au centre de tout, qui était leur objectif vital et non pas un slogan creux. "Si vide d'espoir est le monde du dehors que deux fois plus précieux m'est le monde du dedans", écrivait Emily Brontë.

Je voulais dire ici ce que je dois à ces deux femmes, avant de retourner vaquer à mes contingentes occupations.

jeudi 5 novembre 2020

"La Chair et le Celluloïd" en numérique

Sorti en 2004 avec l'appui du très regretté Jean Doyen (petit-fils du Dr Eugène-Louis Doyen), mon ouvrage La Chair et le Celluloïd (sous-titre: Le cinéma chirurgical du docteur Doyen) n'existait jusqu'alors que dans une jolie version papier. De nombreux spécialistes et curieux l'avaient acquise au moment de sa parution, puis au fil des années qui suivirent. 



Pour celles et ceux qui ne la possèdent pas, ils peuvent la consulter dans de nombreuses bibliothèques françaises: celles de l'Institut Pasteur et de la Bibliothèque interuniversitaire de médecine, celle de l'université Paris 3, la bibliothèque Kandinsky, la Bibliothèque nationale de France, la médiathèque de la Cité des sciences et de l'industrie, la bibliothèque Diderot (Lyon), celles de l'université Lumière, de l'Académie nationale de Reims, de l'université de Strasbourg, la bibliothèque de la Cinémathèque française, celle du CNC, etc., etc. 

Mais également dans de nombreux centres de documentation à l'étranger: Wellcome Library (Londres), Unithèque (Lausanne), Danish National Library (Copenhague), McGill University Library (Montréal), National Library of Medicine (Bethesda), University of Chicago, Indiana University (Bloomington), Universiteits Bibliotheek (Gand), etc., etc. Sans oublier la plupart des lieux de conservation du patrimoine cinématographique mondial.

Difficile à dénicher de nos jours, le cœur de cet ouvrage existe désormais en version numérique pour Kindle. Cela devrait permettre de satisfaire les demandes qui continuent à me parvenir régulièrement de France et de l'étranger. 

Notez qu'il s'agit d'une seconde édition: elle a été corrigée et à de nombreuses reprises complétée. 

On peut donc la trouver en cliquant simplement sur ce lien: La Chair et le Celluloïd

dimanche 1 novembre 2020

Ce vin n'est pas un médicament

Pour enfin comprendre cette mention si courante à la fin du XIXe siècle...

Une communication de Cécile Raynal et Thierry Lefebvre durant la journée d'étude organisée par la Société d'histoire de la pharmacie le 28 octobre 2020, à l'occasion du bicentenaire de la découverte de la quinine.


jeudi 29 octobre 2020

Vichy avant reconfinement

Il s'en est fallu d'un cheveu, mais notre deuxième présentation de films patrimoniaux s'est parfaitement déroulée, le mardi 27 octobre 2020, à Vichy, dans le bel amphithéâtre du pôle universitaire Lardy. Affluence certes contingentée ("jauge" à 50%), mais nombreuse et visiblement ravie. L'expérience devrait être rééditée en 2021 ou 2022.



Une image tirée du film 
La Cure thermale de Vichy (1928).

Toujours depuis Vichy, intervention à distance, le lendemain, dans le cadre de la journée d'étude consacrée au bicentenaire de la découverte de la quinine, qui se déroulait dans les locaux de la faculté de pharmacie de l'Université de Paris. La communication sur les vins de quinquina, que Cécile Raynal et moi-même avions conçue sous la forme d'une vidéo YouTube, sera bientôt en ligne sur la chaîne Actinopolis.



Tombe de Valery Larbaud au cimetière de Vichy.

Ces déplacements en province (et quelle belle province que le bassin de Vichy!) sont l'occasion de constater, au fil des hôtels, les ravages toujours plus aigus de l'"horreur télévisuelle" (n'ayant personnellement pas de télévision ni de débit internet suffisant pour en profiter tous les jours). Mardi matin, le professeur P., coauteur d'un livre récent, intervenait en "visio" (comme on dit), à l'heure du petit-déjeuner, sur je ne sais quelle chaîne d'"info" en continu. L'occasion de donner son avis sur la crise sanitaire (comme si nous n'en avions déjà pas assez), tout en s'offrant un beau placement de produit: son bouquin, sur les épidémies cela va de soi, était bien en évidence derrière lui sur une étagère. 

Tous ces experts de tout et de rien, tous ces commentateurs compulsifs et narcissiques, généralement talonnés par la limite d'âge -professeur P., professeur R., professeur Tartempion- n'ont visiblement qu'une seule éthique: celle de leur nombril bien astiqué. Une chose est sûre, nous ne sommes pas prêts d'endiguer cette épidémie de conversations de comptoir.



L'automne sur les bords de l'Allier.

lundi 19 octobre 2020

Sous l'aqueduc (suite)

J'avais signalé ce tournage à la fin juin 2020. L'émission "État de santé" - intitulée: "Le thermalisme sous pression" - a été diffusée sur La Chaîne Parlementaire il y a quelques semaines. Je n'y ai strictement rien appris, sinon qu'Élizabeth Martichoux était bien mieux maquillée que moi.

Rien de neuf sous le soleil: la télévision broie menu, croit tout savoir et, en fait, n'apprend pas grand-chose. 

Mais je garde un excellent souvenir des circonstances estivales de ce tournage en compagnie d'un sympathique JRI: sur ma droite l'aqueduc, à gauche le stade, en face de moi les vignes puis le cimetière. Le paradis sur terre, quoi! 

Vivement le printemps...


jeudi 1 octobre 2020

Les antipubs crèvent l'écran

Parution, uniquement sur Kindle, d'un nouvel ouvrage : Thierry Lefebvre, Les Antipubs crèvent l'écran. Stopub (2003-2004).



Résumé : "Pourquoi des centaines d'individus se mobilisèrent-ils contre la publicité au début de ce siècle? Qui étaient-ils? Comment s'organisèrent-ils et quels furent leurs moyens d'action? Quelles conséquences eurent leurs actes?... Plutôt que de se focaliser sur les débats forcément stériles entre les pro et anti-publicité, cet ouvrage se veut un témoignage. Il décrit par le détail le déroulé d'une série d'actions directes non-violentes qui perturbèrent le train-train des usagers des transports en commun parisiens durant l'automne et l'hiver 2003. Baptisée 'Stopub' par ses initiateurs, cette mobilisation hors du commun fut probablement une des dernières résurgences de l'esprit de Mai 68."

Ce texte est expérimental à plus d'un titre:

1) Par son objet tout d'abord, "vu de mes yeux vu" comme on dit autour du zinc. Les sociologues parleraient volontiers d'"observation participante", mais j'ai cette expression (souvent hypocrite) en horreur. Et qui plus est, je ne suis pas sociologue, Dieu merci!

2) Expérimental ensuite par son mode d'écriture. Sa première version a été rédigée dans les transports en commun au milieu des années 2000, sur un personal digital assistant (PDA) Palm OS (non connecté) d'occasion, à l'aide de son stylet optique et d'un traitement de texte WordSmith qui y avait été implémenté. La compatibilité avec le logiciel Microsoft Word de mon Mac de l'époque s'étant révélée aléatoire, l'ensemble a été revu, corrigé et surtout élagué. Tout ce qui pouvait ressembler à une opinion trop tranchée fut passé à la trappe. Nulle envie d'enfoncer des portes ouvertes, comme l'ont fait tant d'autres avant moi sur ce thème.

3) Expérimental, enfin, par son mode de diffusion. Ce tapuscrit, comme d'autres d'ailleurs, a longtemps dormi dans mes classeurs, car je ne trouvais jamais le temps de le défendre auprès d'éditeurs susceptibles d'être intéressés. Il faut dire que j'encombre déjà suffisamment les rayonnages du dépôt légal de la BnF! J'ai donc profité du confinement du printemps dernier pour encore remanier le texte et y adjoindre des photographies de mon cru. L'objectif était désormais d'explorer, de l'intérieur, le programme Kindle Direct Publishing d'Amazon, sans autre objectif que de tester la "bête". Le désir m'en était venu à la suite d'un échange avec le directeur d'un réseau radiophonique national bien connu. Il se reconnaîtra.

Le plus drôle dans cette histoire, c'est que je n'ai pas de Kindle ni d'ailleurs de smartphone, et qu'il ne me viendrait pas à l'idée de commander un livre numérique. Les centaines de bouquins qui sommeillent dans ma bibliothèque me suffisent amplement...

L'ouvrage peut s'acquérir ou s'emprunter ICI. Notez qu'il ne mobilise aucun DRM (Digital Rights Management). Je reviendrai probablement sur cette expérience dans un futur proche.

Tout cela dans l'attente de ma nouvelle contribution sur l'histoire inépuisable des radios libres, qui devrait sortir, dans une version papier cette fois-ci, vers la fin de l'année ou le début de la suivante.

dimanche 20 septembre 2020

L'ancien collège expérimental audiovisuel de Marly-le-Roi aux Journées européennes du patrimoine

Le collège expérimental audiovisuel de Marly-le-Roi, quoique détruit au début des années 1990, a à nouveau repris vie à l'occasion des Journées européennes du patrimoine 2020.



Jolie affiche conçue par le service Communication de la mairie, 
qui reprend la disposition géométrique des fameux "trèfles" du collège expérimental.


Au programme: exposition photographique sur les grilles de l'actuel collège Louis-Lumière, inauguration d'un pupitre historique au 15 de l'avenue Jean-Béranger, réédition de notre exposition de 2017-2018 dans la magnifique salle des fêtes de la mairie, conférence très suivie le samedi 19 septembre.



Jean-Pierre Larivière et Jean-Pierre Garnier, 
deux des premiers techniciens du collège expérimental audiovisuel de Marly-le-Roi, 
à l'honneur sur les grilles du collège Louis-Lumière.

Cette démarche de patrimonialisation, démarrée à l'occasion de la sortie de notre ouvrage Un studio de télévision à l'école. Le collège expérimental audiovisuel de Marly-le-Roi (1966-1992), se poursuit bon an mal an. Cécile Raynal et moi-même en sommes ravis.


Le pupitre installé devant le Collège Louis-Lumière.

Quant à l'ouvrage, sa deuxième édition est en voie d'épuisement. Avis aux amateurs!

dimanche 13 septembre 2020

Dominique Kalifa

J'ai rencontré pour la première fois Dominique Kalifa au début du XXIe siècle. Je me souviens -comme si c'était hier!- de ce jeune enseignant-chercheur un brin zozoteur (particularité charmante), exerçant alors à l'université Paris Diderot: il était venu rendre visite, en curieux qu'il était, à notre minuscule "Unité Fonctionnelle" de Cinéma, Communication et Information (UF CCI), que dirigeait si aimablement Baudouin Jurdant et qui se trouvait à l'époque au premier étage de la barre 24-34 de Jussieu.

Homme éminemment sympathique, s'il en est! Lorsque je publiais en 2004 La Chair et le Celluloïd (sur l'œuvre cinématographique du Dr Eugène-Louis Doyen), le titre de mon ouvrage faisait évidemment écho à L'Encre et le Sang, son premier livre (et, secondairement, à cette autre référence majeure: Le Miasme et la Jonquille d'Alain Corbin). 

Par la suite, nous nous étions rencontrés à de nombreuses reprises, au Salon du Livre, aux Rendez-vous de l'Histoire, etc., et bien sûr dans le cadre de la revue Sociétés & Représentations, comme le rappelle cette notice de Wikipédia: https://fr.wikipedia.org/wiki/Sociétés_%26_Représentations

Sa disparition brutale, le jour même de son 63e anniversaire, me consterne et m'attriste.


jeudi 10 septembre 2020

Dix minutes de bonheur

Il y a une dizaine d'années, lorsque j'ouvrais ce blog pour je ne sais plus trop quelle raison, je mettais Pat Metheny et son admirable Are you going with me? en exergue.

Dix années se sont écoulées et je n'arrive pas à m'en lasser. 

Ces images miraculeuses ont été tournées à Montréal en 1989: il faisait chaud, pas un smartphone dans la foule (comme à l'époque de Jacques Cartier) et les spectateurs étaient tout simplement heureux. Pat Metheny était alors âgé de 35 ans. 

Il en a aujourd'hui 66, mais il peut être fier d'avoir procuré tant de bonheur sur cette Terre. 

Nous ne lui arriverons jamais à la cheville.


vendredi 4 septembre 2020

Montaigne et Pissarro

On cause, on cause, mais on finit par ne plus savoir de quoi, avec qui et pourquoi. Cette fois-là, c'était pour Critikat, une revue de cinéma en ligne bien connue. Le podcast date du 9 juin 2020 (mieux vaut tard que jamais!) et ça commence une trentaine de secondes après la treizième minute: ça ne casse pas des briques, mais à quoi bon en casser à l'ère du tout-béton? Ça s'écoute ICI ou là: https://www.listennotes.com/embedded/e/d0714221c1d14e86b1ddbbe758b5a9bb/

L'été fut plutôt studieux: un livre de près d'un demi-million de signes, plusieurs gros articles et d'autres à écrire dans les mois qui viennent. "Et quand personne ne me lira, ay-je perdu mon temps de m'être entretenu tant d'heures oisives à pensements si utiles et agréables." (Montaigne)

Cela dit, ce que je préfère, c'est quand même me promener dans la nature et adopter le point de vue de Camille Pissarro: exactement au même endroit, mais cent cinquante ans plus tard.



Coll. part.

lundi 20 juillet 2020

Au revoir Magalie

C'était il y a un peu plus de dix ans, dans le grand auditorium de la Cité des sciences et de l'industrie. Le cycle "Jean Comandon, cinéaste de l'invisible" venait de s'achever, et la joyeuse équipe qui avait animé ce week-end exceptionnel (pas moins de huit séances de projections et une conférence, les samedi 5 et dimanche 6 juin 2010) posait devant un objectif: de gauche à droite, Béatrice de Pastre, moi-même, Sabine Hug (programmatrice à la Cité des sciences), Magalie Balthazard, Jocelyne Cartier-Stérin et Patrice Delavie, tous trois chargés d'études documentaires aux Archives françaises du film du CNC.



Photo : Cécile Raynal.


La souriante Magalie vient de nous quitter. Je voulais simplement dire que j'ai rarement rencontré une personne aussi bienveillante, passionnée et -pour tout dire- sympathique.

jeudi 2 juillet 2020

Souvenir de Marc Nicolas

La première fois que je fus invité dans une radio, c'était sur France Culture il y a près d'une quarantaine d'années. J'étais tout jeune à l'époque et pas vraiment "fini" (mais l'est-on jamais?). Claude-Jean Philippe, avec qui j'avais échangé quelques mots à l'occasion de projections de films de Marcel L'Herbier à la salle Beaubourg de la Cinémathèque française, m'avait fait venir dans son émission "Le Cinéma des cinéastes".

Je ne sais pas qu'est-ce ce qui lui avait pris. Mais bon! il m'avait envoyé un télégramme (que j'ai conservé) et je me retrouvais dans un des studios mythiques de la Maison de la Radio pour l'enregistrement, un peu éberlué, avec ce sentiment qui ne m'a jamais quitté depuis, de ne pas être à ma place. À mes côtés, il y avait un autre jeune invité fort sympathique, de quelques années mon aîné: Marc Nicolas (1957-2016). Je crois me souvenir qu'il était à l'époque en maîtrise d'études cinématographiques après des études commerciales, et qu'il effectuait un stage aux Archives françaises du film de Bois-d'Arcy. Nous sympathisâmes d'emblée.
Nous étions tous deux plongés dans le grand bain radiophonique et ce genre d'expérience première ne s'oublie pas.




Par la suite, je le croisais de temps en temps au gré de ses responsabilités: conseiller de Jack Lang, puis de Catherine Trautmann, vice-directeur du CNC, directeur de la Fémis, etc.
Je me souviendrai toujours de la visite que nous fîmes ensemble de l'American Center de Frank Gehry, alors fermé et quasiment à l'abandon, et de la magnifique scène d'opéra qui s'y trouvait alors, qu'il me permit de fouler et de visiter jusque dans ses coulisses. Ce devait être vers 2000 et le projet de la future Cinémathèque française était en germe.
Marc est mort prématurément en 2016 et je pense souvent à lui et à notre rencontre inopinée, au printemps de nos vies.

vendredi 26 juin 2020

Sous l'aqueduc

Invité de La Chaîne parlementaire (LCP): notre ouvrage Du thermalisme à la médecine thermale. Ici filmé dans un cadre bucolique, au pied d'un aqueduc construit il y a près de 340 ans.




À voir sur LCP en septembre 2020 !
Rappel : l'ouvrage - désormais un "collector" - peut être commandé ICI.




J'en profite pour signaler qu'avec Cécile Raynal, nous venons de faire paraître, dans le numéro 513 (juillet 2020) de Pour la Science, un long article sur "Le mythe de la Grotte du chien", avec cette superbe illustration en double page.




Légende : La Grotte du chien, au bord du lac Agnano, près de Naples, 
sur une copie de 1645 de l'estampe qui la rendit célèbre, du peintre flamand Georg Hoefnagel (années 1580). 
© Bibliothèque nationale de France, département Cartes et plans, GE DD-1607 (175).

mercredi 10 juin 2020

Pour Sagot

Le galeriste Clovis Sagot, auquel j'ai consacré récemment (par le plus grand des hasards) un article assez fourni, va-t-il être enfin réhabilité? En tout cas, ce texte m'a été réclamé à plusieurs reprises ces dernières semaines.

Deux lettres du célèbre marchand d'art Léonce Rosenberg (1879-1947) vont en effet être mises en vente chez Conan/Hôtel d'Ainay (Lyon) le 24 juin 2020. L'une d'elles, datée du 21 août 1933, insiste sur l'importance de Sagot. 

Je cite Rosenberg: 
"Le marchand qui, le premier, exposa des tableaux cubistes - Picasso, Gris, Metzinger, Herbin, Gleizes, etc. - fut un marchand français: Clovis Sagot, malheureusement décédé depuis près de vingt ans. Comme il est mort et ne peut par conséquent revendiquer sa part d'initiative, ceux qui l'ont suivi peuvent impunément s'attribuer part entière. [...]"

On peut lire de larges extraits de cette lettre ICI.

Pour rappel, mon article sur Sagot est évoqué .

Curieusement, mon prochain ouvrage - que je suis en train de terminer dans cette sorte de frénésie qui donne toute sa saveur à la vie - traitera en sous-texte de cette question de la réécriture de l'Histoire par ceux qui ont "duré", et qui le font souvent aux dépens de ceux qui sont morts prématurément. Ça peut paraître une évidence, mais dans les faits on l'oublie trop. 

Cela me fait penser à un passage d'un roman d'aventure de Sir Henry Rider Haggard (génial, ce bonhomme!) que je suis en train de lire. 
Un homme de 63 ans, Allan Quatermain, parle:
"Qui suis-je d'ailleurs pour me plaindre? La grande roue du Destin roule comme un djaggernat et nous écrasera tous, tour à tour, tôt ou tard - le quand importe peu: elle finira par nous écraser, le reste est silence. Nous ne nous soumettons pas à elle, comme les Indiens, mais fuyons de-ci, de-là, implorant la pitié - en vain, car le sombre Destin ne cesse jamais de gronder comme un orage et, le jour qu'il aura fixé, il nous réduira en poussière."

Superbe!

jeudi 21 mai 2020

Souvenirs d'un musée

Dans les années 1980 et plus ponctuellement dans les années 1990, j'ai exercé (entre autres choses) comme guide au musée Henri-Langlois. Ce lieu étrange occupait, jusqu'à l'incendie qui le dévasta en juillet 1997, les sous-sols du Palais de Chaillot. 

Je l'ai fait visiter à d'innombrables reprises, devant des publics variés: adultes, enfants, Français, Étrangers... Parfois, je m'y enfermais pour y rêvasser ou m'y cultiver, tant ce lieu poétique m'inspirait. Marianne de Fleury m'en prêtait souvent la clef.

Le mardi 8 avril 1997, vers 19 heures (dixit un de mes agendas), l'ami Fred Savioz me demanda de me promener une nouvelle fois dans ce musée, une petite caméra vidéo à la main. J'ai oublié le modèle (sans doute une Sony), mais c'était la première fois que je manipulais un appareil de ce type. Je devais filmer les couloirs, objets, affiches et maquettes qui m'inspiraient le plus, en les commentant en direct. Fred me suivait avec sa caméra professionnelle Sony V5000. 
D'autres que moi se prêtèrent au jeu : Dominique Païni, Frédéric Bonnaud, Philippe Azoury et Nicole Brenez.

En 1999, après l'incendie fatal, Fred reprit les images qu'il avait stockées jusqu'alors. "Mes" séquences ne furent malheureusement pas retenues au montage, un problème technique ayant affecté la bande-son. Mais je fus dûment remercié dans le générique final.
C'est un regret de n'avoir pu me revoir, flânant dans cet espace qui ne cesse de me hanter depuis et dont j'avais rédigé, en 1995, le dernier guide officiel.



Le film de Fred Savioz (Traces fantômes, le musée d'un rêve, 1999) est désormais en ligne sur la plateforme Henri de la Cinémathèque Française. On peut le visionner ici : https://www.cinematheque.fr/henri/film/116341-traces-fantomes-le-musee-d-un-reve-fred-savioz-1999/

Merci Fred pour cette belle expérience !

jeudi 14 mai 2020

Bugs en série

Dans les années 1980, la Direction générale des télécommunications (DGT, futur France Telecom) nous gratifiait parfois de bugs étranges, sources de situations cocasses. Par un hasard incroyable, un de ces bugs (ou plutôt une série de bugs) se produisit à l'occasion d'une matinée que j'animais sur Radio Ici et Maintenant. Ce devait être le 11 janvier 1986, car l'auditeur (Éric) y évoque un article paru la veille dans Libération (sur Rika Zaraï). J'eus par bonheur la présence d'esprit d'enregistrer ces minutes d'incongruité, peut-être sans équivalent dans l'histoire de la radio.


Séquence 1.

Une deuxième séquence met cette fois en rapport trois auditeurs (Éric, Thierry et Lucien, ce dernier travaillant aux Renseignements téléphoniques!), ainsi que de curieux invités surprises dont un pseudo agent de la Mondaine téléphonant au standard d'un journal de petites annonces bien connu à l'époque. Comme le signale Thierry, Dino Buzzati avait imaginé une histoire quelque peu similaire dans sa nouvelle Scriopero dei telefoni (en français, La Grève des téléphones, 1958).


Séquence 2.

Je ne peux m'empêcher d'ajouter le final, qui s'apparente à une "mise en abyme": un auditeur (P'tit Louis) se plaint du brouillage de Radio Ici et Maintenant par RFM et la toute nouvelle Skyrock (ex-La Voix du Lézard), tout en étant lui-même "brouillé" par des conversations téléphoniques parasites de plus en plus chaotiques. Je lui fais d'ailleurs répéter sciemment trois fois la même protestation, qui devient à chaque reprise de plus en plus confuse. En écoutant et réécoutant ce passage, je m'étonne encore de la liberté dont nous jouissions à cette époque. Quelle station le permettrait de nos jours?


Séquence 3.

jeudi 7 mai 2020

Voyage intérieur

Cette longue période de confinement aura eu au moins l'avantage de me permettre de mener à bien un projet qui me tenait beaucoup à cœur. Ce n'est pas encore tout à fait fini, mais à l'approche des 300.000 signes, et à raison de 5 à 10.000 par jour, la ligne d'arrivée commence à se profiler. Je dirais même que le cheval s'emballe.

Cet ouvrage m'aura demandé beaucoup de recherches. Ce fut une entreprise à la fois complexe et émouvante, vraiment très émouvante. Il y sera encore question de radios libres, mais à travers une approche très différente de celles empruntées jusqu'alors.

Quand on n'exerce pas un métier dit "essentiel" (ce dont j'avais parfaitement conscience bien avant le confinement!), la moindre des choses est d'aller jusqu'au bout de ses projets. Les miens ne font guère de bruit, je pense par ailleurs qu'ils ne nuisent à personne, ne polluent guère et n'attaquent pas la santé mentale de mes contemporains. C'est peu et beaucoup par les temps qui courent.

Ils ne coûtent que l'effort et le temps que je leur consacre. Je les mène donc en conscience, et non pour quelque finalité occulte. Liront cet ouvrage ceux qui le voudront bien, en surplomb, de guingois ou à tâtons, en cinq minutes ou deux mois! Moi, cela m'aura pris vingt ans... vingt ans d'un voyage intérieur, qui en vaut tant d'autres superficiels.
On en reparlera certainement vers la fin de cette année étrange...

J'en profite pour signaler une causerie récemment mise en vidéo par Cécile Raynal. Elle se réfère à un ouvrage qui me/nous a beaucoup tenu à cœur, lui aussi: Les Métamorphoses de Tho-Radia
Signalons d'ailleurs à son propos le compte rendu qu'en fait Lucy Jane Santos dans son Museum of Radium.


vendredi 24 avril 2020

Le collège expérimental audiovisuel de Marly

Le 30 novembre 2017, avec Cécile Raynal, nous avions donné une conférence sur l'histoire du collège expérimental audiovisuel de Marly-le-Roi. Cela se passait dans cette ville, dans la salle de l'Horloge qui était ce soir-là pleine à craquer, malgré la neige qui tombait à gros flocons.




Cécile a eu l'idée de mettre en image l'enregistrement audio de cette conférence. Il en résulte les quatre épisodes qui suivent, que l'on peut également retrouver sur la modeste chaîne Youtube que nous avons créée pour cette occasion. Son nom: Actinopolis. D'autres vidéos viendront l'enrichir au fil du temps.



"Le Collège expérimental audiovisuel de Marly-le-Roi" (partie 1)


"Le Collège expérimental audiovisuel de Marly-le-Roi" (partie 2)


"Le Collège expérimental audiovisuel de Marly-le-Roi" (partie 3)


"Le Collège expérimental audiovisuel de Marly-le-Roi" (partie 4)

vendredi 17 avril 2020

Lui-même

C'est un excellent souvenir... 
Ma première "vraie" émission de radio sur Fréquence Libre (103.1 MHz)! 
J'en avais fait plein d'autres auparavant, mais cette fois-ci, j'avais enfin décidé d'y mettre un titre ("Offensive Média") et de l'ouvrir par un générique régulier (le merveilleux E2-E4 de Manuel Göttsching, acheté quelque temps plus tôt à Amsterdam). J'avais fait ça sans doute pour faire comme les autres. Seul bémol, ce générique faisait... 59 minutes!
La radio, pour moi, en tout cas à l'époque, c'était faire des expériences et, si possible, avec le moins de baratin possible.

Ce devait donc être en septembre 1984, peut-être même en août. À moins qu'il s'agisse du mois de juillet.
Je lance le générique et, au bout de dix minutes, j'accueille sur l'antenne ma première auditrice sans la prévenir. L'interactivité jusqu'à l'absurde, il n'y a que ça de vrai...

Bonheur ineffable! 
Je n'oublierai jamais ce moment-là, comme quoi les plus beaux souvenirs tiennent souvent à très peu de choses...



Manuel Göttsching, c'est encore mon "Dieu" aujourd'hui. Pour preuve, quelque trente-cinq ans plus tard, j'écoute toujours ce magnifique E2-E4, tout en accumulant les feuillets de mon prochain ouvrage. 
Pour Manuel: hip, hip, hip, hourra!


vendredi 27 mars 2020

Prion médiatique

Actuellement, en France, tout le monde parle du Pr Raoult et de son hypothétique traitement contre le CoVid-19. Des études sont en cours (essai "Discovery" en particulier). Nous en saurons sans doute (un peu) plus dans quelques semaines. Souhaitons simplement pour la santé des malades que ces essais se révèlent positifs!

Je n'ai pas d'avis sur la question, ne disposant pas de données précises (la récente étude de Raoult n'est guère éclairante) ni de connaissances suffisantes dans le domaine des virus de type SARS, n'exerçant plus depuis 23 ans dans ce domaine si particulier de l'expérimentation clinique. Ce n'est visiblement pas le cas d'un paquet de personnes incompétentes (à l'instar d'un vieux politicien roublard et logorrhéique, que je ne nommerai pas), qui s'expriment à tort et à travers dans les médias pour "défendre" ce traitement et son promoteur.

Cette histoire me fait furieusement penser à "l'affaire de la ciclosporine", qui avait fait la une des journaux en octobre 1985, alors que s'étendait la pandémie de sida, et qui avait durablement discrédité la recherche française. Seule différence: en trente-cinq ans, les fronts se sont à l'évidence renversés. 
Le résumé succinct de Wikipedia éclairera ceux qui ont oublié ce moment d'anthologie. C'est ICI.

À l'évidence, nous sommes actuellement aux prises avec deux pandémies qui se nourrissent et se pourrissent mutuellement (tout particulièrement en France, pays des "Lumières", où le terrain devient chaque jour plus propice): l'une est causée par le SARS-CoV-2; l'autre par une sorte de prion médiatique qui vrille nos cerveaux et en laisse s'échapper des cascades de neurones.

Je comprends un peu mieux cette saillie de Coluche, qui m'avait pourtant profondément scandalisé à l'époque (il est vrai que je côtoyais quotidiennement des sidéens, paix à leurs âmes!): "Le sida, ça s'attrape surtout dans les journaux."

mardi 24 mars 2020

Dibango, roi des années 80

J'apprends avec tristesse la mort de Manu Dibango, des suites du Covid-19: une personnalité au charisme et au rire extraordinaires, que j'ai eu à de nombreuses reprises le plaisir de croiser dans les couloirs de Fréquence Libre, avenue Secrétan. C'était en 1984-1985 et il était alors un des habitués de l'émission "Africa Fête" de Nago Seck. 

On trouvera dans mon article "Fréquence Libre à travers les archives de la Commission consultative des radios locales privées" (Cahiers d'histoire de la radiodiffusion, n°125, 2015) une illustration reproduisant un conducteur de cette émission phare de la diaspora africaine (voir p.36). Assurais-je la technique ce jour-là? C'est tout à fait possible (ce qui expliquerait que j'ai gardé ce document), mais je ne m'en souviens plus. On notera en particulier la programmation d'Abele Dance.

On peut trouver le pdf de cet article en accès libre ICI.

vendredi 20 mars 2020

Dans la grotte

On me signale que l'ouvrage Voyage en CO2. De la Grotta del Cane de Naples à la Grotte du chien de Royat-Chamalières est actuellement "indisponible" chez Amazon.


Actuellement indisponible. 

Nous ne savons pas quand cet article sera de nouveau approvisionné ni s'il le sera.


C'est tout à fait normal au vu des problèmes d'approvisionnement et de la situation sociale tendue au sein de cette entreprise. Il s'en est vendu, donc il n'y en a plus en stock.

Même problème sur le site de la Fnac, qui indique :


Stock épuisé




Je ne suis pas sûr que ce livre soit un produit indispensable par les temps qui courent, mais le plus sûr est de le commander directement sur le site de l'éditeur (Éditions Glyphe), à cette adresse:  Commande "Voyage en CO2".

J'en profite pour signaler que trois ouvrages précédemment publiés au Square Éditeur sont désormais en vente sur le site des Éditions Glyphe:
- Du thermalisme à la médecine thermale (ICI)
- L'Épopée des Pilules Orientales (ICI)
- François Mitterrand pirate des ondes. L'affaire Radio Riposte (ICI).
C'est donc là qu'il faut désormais s'adresser en priorité.

Enfin, toujours à propos de l'ouvrage sur la Grotte du chien, signalons un article et un diaporama récemment publiés dans La Montagne. On peut le trouver ICI. On y découvrira les auteurs devant la Grande Cascade du Mont-Dore.

lundi 16 mars 2020

Grégarisme "m'a tuer"

5 mars 2020 : des milliers de chercheurs (en majorité des SHS) et leurs amis manifestent dans les rues de Paris, au pas de l'oie (ou plutôt de la bernache), bien serrés les uns contre les autres, postillonnant à tout-va des slogans mille fois entendus, en l'occurrence pour dénoncer un avant-avant-projet de loi que personne n'a lu (et pour cause, il n'y en a pas encore). Sans doute des spécialistes de l'entropie et du mouvement brownien.




Pratiquement au même moment, d'autres scientifiques, plus rationnels, recommandent la "distanciation sociale" pour tenter d'endiguer une épidémie meurtrière. Voir par exemple ce post de l'OMS, daté de ce même 5 mars 2020: "L'OMS/Europe organise une séance d'information sur le coronavirus..."




Comme quoi, on peut être spécialiste d'un machin et totalement incompétent pour tout le reste.
"Tous responsables", disait feue Anna Karina...

samedi 7 mars 2020

La radio libre, toute une histoire

Je suis de retour du théâtre Dunois, où je me suis efforcé de contextualiser l'histoire de Lorraine Cœur d'Acier devant une dizaine d'enseignants du secondaire. Cela en lien avec les représentations de la pièce de Bérangère Vantusso, Longueur d'ondes. Histoire d'une radio libre.




Marie-France Roland et Hugues De La Salle dans Longeur d'ondes.
Théâtre Dunois, 28 février 2020.
Photo : Thierry Lefebvre.



Sauf erreur de ma part, c'était ma 78e intervention sur le thème des radios libres (communications, conférences, débats, interviews, émissions diverses). 
Ce n'est pourtant pas faute de multiplier les sujets d'étude (dont il faut bien parler de temps en temps par ailleurs)!



Longueur d'ondes.
Au premier plan, le "studio" de Lorraine Cœur d'Acier.
À droite, le kamishibaï longdovicien.
Photo : Thierry Lefebvre.



Et le plus drôle, c'est que je n'ai toujours pas publié sur ce qui me motivait véritablement au début de cette recherche de vingt ans. Il va vraiment falloir que ça sorte un jour!

samedi 8 février 2020

Le monde d'avant

On s'en rappellera peut-être dans une vingtaine d'années: il y avait une vie avant Wikipedia et les smartphones! Et cette vie était bouillonnante. C'est ainsi qu'on éditait des encyclopédies papier à tour de bras, pour un tout ou pour un rien.

Pigiste à mes heures perdues, j'ai collaboré à plusieurs d'entre elles, j'ai même été "prête-plume" (comme il faut dire dorénavant, quoique les plumes ne soient plus guère d'usage) pour Claude-Jean Philippe. C'est dire.


Lancement de Chronique du cinéma, en 1992.

Mais une des expériences les plus "curieuses" fut celle de Chronique du cinéma. Embarqué dans cette aventure à la demande de Laurent Mannoni et Pierre Lherminier, je me vis livrer, au début de l'année 1992, par la maison d'édition (Jacques Legrand S.A.), un ordinateur pachydermique doté d'un logiciel dédié (Chronicle Software), chargé de veiller au calibrage des articles. Pendant plus d'un semestre, j'ai "pondu" une quantité phénoménale de textes, que j'imprimais sur papier listing et faxais (le web n'existait pas!) au secrétaire de rédaction Pierre-Yves Grasset, qui travaillait pour sa part dans les locaux de Jacques Legrand S.A. à Boulogne.




Quelques éléments d'archives.
Les nombres correspondent au calibrage en lignes.


Ayant pas mal de besogne par ailleurs, je me fis remplacer, au bout de six ou sept mois, par mon camarade Frédéric Delmeulle.

Je garde malgré tout un assez bon souvenir de cette expérience et il m'amuse parfois de retrouver mon nom dans les différentes rééditions de cet ouvrage d'environ 1000 pages. Ce fut un best-seller, mais je n'ai jamais touché un sou au-delà de 1992: c'est là un des "charmes" de ce milieu et j'y reviendrai certainement.

vendredi 31 janvier 2020

"La Mort a des rigueurs à nulle autre pareilles"

"Le cinéma, art des fantômes s'il en est", a écrit François Lecercle...
En me remémorant récemment les films (La DrôlesseLes Nuits de la pleine luneLa Femme qui pleureFélicité) et les actrices françaises qui m'avaient profondément marqué au tournant des années 80, j'ai eu l'impression de me promener dans un cimetière d'éphémères. Dire qu'à elles quatre, elles ne vécurent qu'à peine plus de cent ans! 
Sur cet Olympe, il ne reste plus aujourd'hui qu'Isabelle Huppert.

"Et rose elle vécut ce que vivent les roses,
L'espace d'un matin"

(comme le transcrivit un typographe génial, lorsqu'il composa maladroitement les stances de la Consolation à M. Du Périer que lui avait confiées François de Malherbe.)

Madeleine Desdevises (1967-1982)

Pascale Ogier (1958-1984)

Dominique Laffin (1952-1985)

Christine Pascal (1953-1996)

samedi 18 janvier 2020

Déambulations thermales

Depuis bientôt cinq ans, nous rééditons, avec Cécile Raynal, des petites plaquettes d'établissement thermal ou de source minérale, en les accompagnant à chaque fois d'un texte de présentation inédit. Cela se passe chez Lacour Éditeur, maison bien connue des Nîmois.


Le treizième livret vient de sortir. Il évoque Salies-de-Béarn, une petite ville hydrominérale des Basses-Pyrénées toujours très active.


Ces modestes opuscules couvrent désormais des communes thermales aussi différentes que Besançon, Biarritz, Bidard, Bornel, Bussang, Châtel-Guyon, Évian, Plombières, Saint-Pé-d'Ardet, Saint-Yorre, Villacabras. Et donc désormais Salies-de-Béarn.
L'exploration se poursuit...

samedi 11 janvier 2020

Nouveau livre : l'histoire de la Grotte du chien

Jusqu'en 2004, les villes contiguës de Chamalières et Royat (Puy-de-Dôme) proposaient à leurs visiteurs, venus parfois de très loin, une des attractions scientifiques les plus curieuses qui ait jamais été: la "Grotte du chien". Ouverte au public dans les années 1870 à l'initiative de l'entreprenant docteur Alexandre Petit, elle permettait d'expérimenter le dioxyde de carbone (CO2) naturel et d'en constater les propriétés de visu.


Ancienne enseigne métallique.

La Grotte du chien de Royat-Chamalières était la réplique "augmentée" et "théâtralisée" d'une des curiosités géologiques les plus célèbres du monde occidental: la Grotta del Cane, mystérieuse cavité située à la périphérie de Naples, dans les champs Phlégréens (campi Flegrei). Connue depuis l'Antiquité, supposément évoquée par Pline l'Ancien dans son Histoire naturelle, exploitée à des fins spectaculaires depuis la Renaissance (alors même que l'"air fixe" -ou dioxyde de carbone- n'avait pas encore été identifié!), elle fut visitée ou évoquée par des personnalités aussi diverses qu'Athanasius Kircher, Leonardo Di Capua, Johann Wolfgang von Goethe, le marquis de Sade, l'abbé Nollet, Anton Tchekhov, Alexandre Dumas, Gustave Flaubert, Mark Twain... et tant d'autres.



La Grotte du chien,
espace de vulgarisation scientifique avant l'heure.

C'est ce mythe pluriséculaire, ce "spot" touristique avant l'heure, que nous nous sommes proposés de revisiter avec Cécile Raynal, en contant son histoire intriquée entre l'Italie et la France... Un voyage pittoresque "en" CO2, à la croisée de l'histoire de la vulgarisation scientifique et de celle des représentations. Un hommage également à cette surréalité qui ne demande qu'à transcender le monde sensible.



Au seuil de la Grotte du chien de Royat-Chamalières, 2013.
Photo : T. Lefebvre.


Sont évoqués dans l'ouvrage: l'histoire du thermalisme en Campanie, le lac disparu du volcan d'Agnano, les travaux de l'Accademia degli Investiganti de Naples et de l'Académie royale des sciences, les récits des innombrables voyageurs, la circulation des images, les expériences de l'abbé Nollet, de Joseph Black, d'Henry Cavendish, de Pilâtre de Rozier, etc., la découverte du volcanisme en Auvergne, la "grotte-mofette" de Neyrac (Ardèche), la source carbo-gazeuse de la butte de Montpensier (Puy-de-Dôme), la naissance de Royat, les premiers usages médicaux des gaz thermaux, la vulgarisation scientifique et les excès de l'expérimentation animale, les histoires parallèles de la Grotte du chien  (Chamalières) et des Grottes rouges (Royat), la littérature, les grottes touristiques, les tentatives de patrimonialisation, Vulcania, etc., et même l'hypothétique conquête de Mars!

L'ouvrage est disponible sur les principales plateformes numériques. Il peut également être commandé en librairie ou sur le site de l'éditeur en suivant ce lien: Grotte du chien - le livre.

Référence: Thierry Lefebvre, Cécile Raynal, Voyage en CO2. De la Grotta del Cane de Naples à la Grotte du chien de Royat-Chamalières, Paris, Glyphe Éditions, 2020, 202 pages, nombreuses illustrations. Le livre est dédié à la mémoire du général Jacques Delmas de Grammont (1796-1862), bienfaiteur (involontaire) des canidés de la Grotte du chien. Les lecteurs en découvriront la raison dans l'ouvrage.

Et toujours aux Éditons Glyphe, notre petit cabinet de curiosités (cliquez sur les images pour en savoir plus):



   
  

vendredi 10 janvier 2020

Martine Laronche, où que vous soyez...

Le Monde rendait hier un vibrant hommage à l'une de ses plus brillantes journalistes, Martine Laronche, décédée prématurément d'une "épouvantable maladie neurodégénérative". Cette nouvelle m'a profondément ému. Je n'oublierai en effet jamais le très long déjeuner-entretien que nous eûmes, elle et moi, en présence de la jeune Gwénaëlle Barzic (aujourd'hui chez Reuters), le mercredi 30 mars 2005, dans une brasserie située non loin du siège du quotidien.

Je suivais à l'époque, dans l'optique d'approfondir ma culture générale, un petit groupe de lycéens mobilisés contre la "loi d'orientation et de programme pour l'avenir de l'école" (dite "loi Fillon").
J'ai horreur des apparatchiks, les vieux militants me scient les dents (tout comme les supporters ultras de foot), mais j'ai une infinie tendresse pour les jeunes exaltés, pleins de fougue et de romantisme, mêlant humour et autodidaxie politique. Il faut dire qu'avec ce petit groupe affinitaire, j'étais servi: quelle bande de génies en herbe (mais, malheureusement -ou heureusement?- ils ne le savaient pas)! Samuel, Matteo, Pauline, Boris, Annie, Cannelle, etc, vos échanges et vos plaisanteries résonnent toujours dans ma mémoire comme un merveilleux hymne à la vie...



Deux images d'une collecte 
et son transfert dans un sac poubelle tenu par une des lycéennes 
(9 mars 2005).


Je ne raconterai pas ici les circonstances rocambolesques qui me mirent en contact avec ces jeunes gens, ni celles -non moins curieuses- qui me firent rencontrer Martine Laronche; mais nos échanges et ses articles consécutifs dans Le Monde (par exemple celui-là) déclenchèrent une bouffée médiatique délirante qui me fit toucher du doigt le noyau dur de la Société du Spectacle et la roublardise des pseudo-sciences sociales.
À ce point d'incongruité, ça en devenait presque poétique et je ne remercierai jamais assez Martine Laronche de m'avoir ouvert de tels horizons. Mon côté Zelig en fut contenté; et évidemment il me faudra raconter ça, si l'homme à la faux m'en laisse le temps.


Le très regretté Charb illustre mes propos 
dans Charlie Hebdo en 2005.