Historien du cinéma, de la radio, du thermalisme, de la pharmacie... et de plein d'autres choses encore.
Car la curiosité est un gouffre sans fond.
Contact : thoradia (at) gmail (.) com
"Le nucléaire en mots et en images": c'était le titre du colloque de l'Université Sorbonne Nouvelle auquel je participais hier, à la demande insistante de son organisateur Frédéric Monvoisin. L'occasion pour moi de revenir sur des images sur lesquelles j'avais longuement disserté il y a plus d'une quinzaine d'années.
Aujourd'hui, grâce à Youtube (qui n'est heureusement pas qu'un dépotoir), certaines de ces images sont aisément consultables. C'est le cas, par exemple, des trois séquences ci-après, filmées en fin de nuit le 16 juillet 1945, dans le désert du Nouveau-Mexique, à une cinquantaine de kilomètres à l'est du Rio Grande.
Mais attention: pour bien comprendre ces images, il ne suffit pas de les regarder! ce serait trop facile...
Les captations des communications de ce colloque seront mises en ligne dans quelques mois.
Actuellement en pleine écriture...
Il n'y a pas à dire: écrire, c'est ce qu'il y a de mieux ici-bas, avec les promenades en forêt et la rêverie. Ça ne coûte rien et c'est économe en empreinte carbone. Ça oblige également à se concentrer, alors que tout est fait pour nous disperser. En plus, ça ne fait pas de bruit et, par les temps qui courent, c'est une véritable aubaine.
C'est après que ça se gâte: quand les choses sont écrites, quand elles ont été publiées, on espère qu'elles seront lues, parce qu'il y a toujours en nous une prétention à quelque chose (de vain, cela va de soi). Il faut donc le faire savoir, "communiquer"...
Et c'est ainsi qu'on se retrouve, au bout de quelques mois ou quelques années, sur Wikipedia, pour faciliter la vie des gens pressés, soucieux de leur vernis.
J'ai fait un bilan des articles de l'encyclopédie en ligne auxquels j'ai apporté une pierre à mon insu. En voici le recensement et ça ressemble fort à un inventaire à la Prévert:
C'est beaucoup et c'est pourtant peu. Tant de choses sont absentes, parce qu'on ne les trouve pas sur le web mais plutôt dans quelque ouvrage jugé poussiéreux. Mais bon, mon plaisir, ce n'est pas de corriger Wikipedia ni surtout d'y postillonner mon ego. Nous serions de toute façon trop nombreux à concourir...
Claire Noble (texte), Thierry Lefebvre (photographies), Dirty Corner d'Anish Kapoor: chronique d'une œuvre. Entre violence artistique et violence politique, Bruxelles, La Lettre volée [coll. Palimpsestes], 2019, 144 pages.
En 2015, j'avais suivi avec le plus vif intérêt le montage, les déboires puis le démontage d'une œuvre monumentale baptisée Dirty Corner, qu'Anish Kapoor avait exposée sur le Tapis Vert des jardins du Château de Versailles. Installation superbe et dérangeante, qui échauffa quelques esprits chagrins et provoqua des réactions hostiles absolument désolantes. Rarement œuvre d'art eut à subir autant de déboires, révélant par-là même quelques crispations pathologiques dans notre beau "pays des Lumières".
Dans la foulée de cet affrontement hautement symbolique, Bertrand Tillier me commanda un petit article qui parut dans la revue Sociétés & Représentations. On peut le télécharger ICI.
Docteure en esthétique de l'Université Paris 8, la philosophe Claire Noble s'est replongée dans la chronologie des événements. Avec son éditeur Daniel Vander Gucht (directeur du Groupe de recherche en sociologie de l'art et de la culture de l'Université libre de Bruxelles), elle a souhaité appuyer sa réflexion sur quelques-uns des clichés que j'avais alors réalisés: il en résulte une sélection de 52 illustrations en couleur qui documentent tous les stades de cette invraisemblable bataille.
L'ouvrage s'apprête de sortir en juin et le texte de Claire Noble s'avère des plus intéressants. On peut se le procurer d'ores et déjà sur le site des éditions La Lettre volée.
Présentation de l'éditeur :
"Reprenant l'histoire inédite de la sculpture hors norme d'Anish Kapoor, installée de juin à novembre 2015 dans le Parc du Château de Versailles, ce livre retrace minutieusement la chronique des événements peu communs qui ont alors scandé la vie de Dirty Corner. Rebaptisé “Vagin de la Reine” avant même d'être montré au public, ce que d'aucuns ont pu qualifier de “déchet sculptural” sera le terrain de quatre actes de vandalisme, incluant notamment le tristement célèbre épisode des graffitis haineux et antisémites qui a fait la une des journaux en septembre 2015. C'est cette dynamique processuelle continuée entre la violence politique, que Dirty Corner contient désormais irrévocablement, et la violence artistique, qui s'efforce de la dépasser, qui fait ici l'objet d'une analyse documentée et d'une réflexion critique."
Clovis Sagot joua un rôle important dans les débuts de la carrière de Pablo Picasso. C'est dans sa "galerie" de la rue Laffitte que Leo et Gertrude Stein découvrirent son œuvre; que le collectionneur Sergueï Chtchoukine acheta en 1909 laDame à l'éventail; que Marie Laurencin rencontra pour la première fois Guillaume Apollinaire en 1907. Etc. Etc.
Picasso fit même de lui, en 1909, un portrait fameux, aujourd'hui exposé au Kunsthalle de Hambourg. On peut l'admirer ici.
Curieux de mieux connaître cet homme bien oublié, j'ai parcouru, ces derniers mois, de nombreux ouvrages d'histoire de l'art, et force m'a été de constater que leurs auteurs s'étaient souvent contentés de se recopier, sans vraiment vérifier leurs sources. Je me suis même rendu dans l'église ainsi qu'au cimetière de La Celle-Saint-Cloud, où la tombe du marchand d'art a malheureusement disparu, mais où j'ai pu repérer au sol les empreintes de Pablo Picasso, Juan Gris, André Salmon, etc. (Je plaisante.)
Qui était Clovis Sagot et d'où venaient les légendes qui continuent d'entourer son personnage? C'est l'objet d'un nouvel article à paraître en juin 2019 et dont je viens de corriger les épreuves. Modeste contribution à l'histoire de l'art assurément: libre aux spécialistes de le consulter!
Référence:
Thierry Lefebvre, "La légende du "pharmacien" Sagot", Revue d'histoire de la pharmacie, n°402, juin 2019, p. 271-280.