samedi 4 août 2018

Christian Warolin, un homme remarquable

Henri Bonnemain (1911-2006), Pierre Julien (1921-2007) et Christian Warolin (1921-2018): ces trois grands érudits, rencontrés alors que je n'étais encore qu'un tout jeune homme, eurent sur moi une influence déterminante. En dépit des nombreuses décennies qui nous séparaient, ils me prirent en amitié et m'initièrent aux charmes des sociétés savantes, que la doxa des années quatre-vingts prétendait condamner à l'oubli ou à l'indifférence. Un monde que j'ai appris depuis à apprécier, au point de me pencher longuement sur son histoire et d'y consacrer, par exemple, un ouvrage dont je suis justement en train de corriger les épreuves et dont il sera bientôt question ici.
Aucun de ces trois hommes n'était universitaire et, à bien y réfléchir, tous trois étaient bien plus que cela: animés par la passion de la connaissance, soucieux du bénévolat qui s'avère de mise dans ces milieux, ils explorèrent des domaines négligés par la recherche stipendiée, sans recourir à ces prolégomènes qui masquent parfois l'inanité du propos.

La mort récente de Christian Warolin, le dernier de mes "trois mousquetaires" de l'histoire de la pharmacie, vient refermer un chapitre de mon existence. Que dire de cet homme tout à la fois modeste et exceptionnel, qui soutint en Sorbonne le 3 mai 1994 (il était alors âgé de près de 73 ans!), une thèse d'Histoire intitulée Le Cadre de vie professionnel et familial des apothicaires de Paris au XVIIe siècle? Ce travail était le fruit d'une exploration minutieuse du Minutier central des notaires aux Archives nationales. En 2013, Christian me fit cadeau des trois tomes revus et corrigés de ce travail monumental, réédité par les Éditions Scripta (54730 Gorcy) sous le titre Apothicaires de Paris au XVIIe siècle. Le cadre de vie professionnel et familial.
Cet éternel jeune homme poursuivit ses travaux jusqu'en 2016 (il avait près de 95 ans!), date à laquelle j'éditais ses tout derniers textes consacrés entre autres aux ascendants de Molière et à Simon Vouet, le peintre de Louis XIII. Je souhaite à toutes et à tous une telle longévité et, par-dessus tout, une telle foi sans cesse renouvelée dans la connaissance gratuite et partagée.


Un souvenir parmi tant d'autres... En 2000, je reproduisais dans la Revue d'histoire de la pharmacie (dont j'avais pris la direction en 1997 à la demande amicale d'Henri Bonnemain et Christian Warolin) deux portraits de Charles Lindbergh, dont un dédicacé. La publication de ces deux clichés, pris en mai 1927 après la traversée historique de l'Atlantique, procura une très grande joie à Christian: il faut dire que son père, Simon Warolin, à l'époque photographe professionnel, en était l'auteur!
Merci pour tout, cher Ami !

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